C’eut été trop beau pour les fans de Montréal et du Québec.

Patrick Roy, derrière le banc des Sénateurs d’Ottawa, avec sa bande de jeunes, à tenter de faire la barbe au Canadien quatre fois par saison. Peut-être même éventuellement en séries éliminatoires.

L’arrivée de Roy à Ottawa aurait sans doute permis de faire enfin naître une rivalité entre ces deux équipes à proximité au plan géographique.

Rien ne surpassera jamais la rivalité le Canadien et les Nordiques, mais les Sénateurs constitueraient en apparence des rivaux naturels. Pour une raison quelconque, l’étincelle n’est jamais apparue, ou à peine.

Le DG Pierre Dorion a confié sur plusieurs tribunes hier avoir été impressionné par la passion et les connaissances de Roy. Il a même qualifié leur rencontre d’exceptionnelle. Mais pas assez pour l’embaucher. Peut-être Roy a-t-il refusé l’offre des Sénateurs, la réponse n’est pas claire pour l’instant.

PHOTO PASCAL RATTHE, ARCHIVES LE SOLEIL

Patrick Roy

Plusieurs obstacles séparaient cependant Patrick Roy d’Ottawa. L’ancienne gloire du Canadien a toujours voulu bénéficier d’un certain pouvoir de décisions. Il ne s’en est jamais caché publiquement d’ailleurs. Peut-être avait-il adouci ses positions récemment, il n’en demeure pas moins qu’un homme d’une telle stature peut déranger.

Il y a aussi l’aspect salarial. Patrick Roy est indépendant de fortune et il aurait pu accepter un salaire moindre pour revenir dans la LNH, je n’en sais rien, mais D.J. Smith, en revanche, n’a certainement pas exigé 5 millions par saison. Et sans doute pas 2 non plus.

Si Travis Green touche 1 million annuellement à Vancouver, Jim Montgomery 1,6 million au Minnesota et Rick Tocchet 1,5 million en Arizona (selon capfriendly.com), Smith n’a sans doute pas fait sauter la banque à Ottawa.

Et malheureusement pour les partisans des Sénateurs, l’argent est souvent au cœur des décisions de l’équipe. Le club a commencé sa dégringolade quand on a refusé de payer Erik Karlsson dans les mois qui ont suivi la percée en séries éliminatoires au printemps 2017. Karlsson a fait un an avant de quitter.

Kyle Turris a été échangé pour les mêmes raisons. L’exode commençait à peine. Les meilleurs éléments de l’équipe n’allaient pas rester avec un propriétaire si peu enclin à investir dans son club.

D.J. Smith n’aura pas de pression cette saison. Les Sénateurs sont en reconstruction complète. La banque d’espoirs est pleine, mais la plupart ne sont pas encore en mesure d’avoir un impact. À l’heure actuelle, la formation est lamentable.

PHOTO MARK HUMPHREY, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

D.J. Smith (à gauche) était l’entraîneur adjoint de Mike Babcock à Toronto lors des quatre dernières saisons.

Le nouvel entraîneur des Sénateurs est méconnu du public. Il était l’entraîneur adjoint de Mike Babcock à Toronto, une belle carte de visite tout de même.

Smith a aussi remporté la Coupe Memorial avec les Generals d’Oshawa en 2015, avec un certain Michael McCarron dans sa formation. Il s'agit du meilleur homme pour développer les jeunes joueurs de cette équipe, estime Dorion.

L’avenir nous dira de quel bois il se chauffe. On ne donnait pas cher de la peau de Jared Bednar à son arrivée à Denver, à la suite du départ de Patrick Roy justement. Jim Montgomery à Dallas et Jeremy Colliton à Chicago n’avaient aucune expérience de la LNH lors de leur embauche l’an dernier. On pourrait en citer des dizaines d’autres.

Par contre, Bednar pouvait compter sur des Nathan MacKinnon, Gabriel Landeskog et Mikko Rantanen. Montgomery avait un gardien de premier plan, Ben Bishop, et des étoiles comme Jamie Benn et Tyler Seguin. Colliton a Jonathan Toews et Patrick Kane pour assumer le leadership dans le vestiaire des Hawks.

D.J. Smith n’aura pas ce luxe. Brady Tkachuk a connu une première année prometteuse. Thomas Chabot a montré une grande éclosion en défense. Sinon, pas grand-chose. On se demande aussi si le gardien numéro un, Craig Anderson, 38 ans, est encore capable d’arrêter des rondelles.

Bonne chance Monsieur Smith.

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