Peu importe la manière d'analyser la transaction Max Domi pour Alex Galchenyuk, elle semble avoir produit un gagnant. Pour l'instant du moins.

Et ce n'est pas le directeur général des Coyotes John Chayka. Donc, la question toute simple à lui poser: est-il trop tôt pour tirer une conclusion sur cette transaction?

«Alex a joué 20 matchs, a dit Chayka jeudi matin, à quelques heures du match entre le Canadien et les Coyotes. Je ne m'attends pas à ce qu'Alex marque si peu de buts tout au long de son passage avec les Coyotes. C'est un petit échantillon, ça peut arriver. Est-il trop tôt? C'est le sport professionnel. Il n'est jamais trop tôt pour tirer les conclusions que l'on veut tirer. Mais on croit encore que c'est un bon échange pour nous et que ça va aider l'équipe à long terme.»

On croit encore que c'est un bon échange pour nous: c'est la phrase clé de toute cette conférence de presse, presque de tout ce périple des médias montréalais en Arizona. Chayka ne baisse pas les bras. Il n'a pas le choix de vivre avec sa décision, il doit seulement attendre que Galchenyuk devienne le joueur qu'il espérait obtenir.

Parce que pour l'instant, Domi domine à tous les chapitres. Il compte 14 buts, contre 3 pour Galchenyuk. Il a largement contribué à créer la nouvelle «attitude» chez le Canadien, mot fourre-tout qui a eu le dos large pour expliquer les déboires de la saison dernière. Sans oublier qu'il a fait sortir Jonathan Drouin de sa coquille, réglant du coup un autre des casse-tête de Claude Julien.

De son côté, Galchenyuk ne compte que trois buts dans l'uniforme des Coyotes. À sa défense, il a raté un mois complet en début de saison, son synchronisme a été lent à revenir. De l'avis du joueur, il a tout de même réussi à bien s'ajuster à un nouvel environnement où il ne neige pas durant la saison du hockey: «La conduite est différente, la météo est différente, mais en même temps, le hockey ne change pas.»

Galchenyuk se réjouit aussi de ce nouveau départ, mais reconnaît bien sûr qu'il n'est pas satisfait de sa contribution.

«Je dois travailler fort, faire des jeux avec la rondelle, attaquer le filet, a expliqué Galchenyuk, assez souriant devant les nombreux médias assemblés devant lui. Je n'ai pas marqué depuis un moment, comme joueur tu ne veux jamais vivre ça. Mais ça arrive et tu dois t'en sortir. Je sens que c'est une question de match, de présence. Les matchs vont de mieux en mieux. Je sens que je m'approche.»

La raison de la transaction

Chayka n'est pas un idiot. On ne devient pas directeur général dans la LNH à 26 ans pour ses beaux yeux. Et il n'a certainement pas donné Max Domi au Canadien par grandeur d'âme, ni par pure incompétence. Il y avait un objectif précis derrière cette décision, et le jeune DG l'a calmement expliqué: il voulait un franc-tireur, et Max Domi n'était pas ce qu'il recherchait. D'autant plus, a-t-il ajouté, que Domi revenait d'une saison pitoyable de 9 buts.

Puis est arrivé sur son chemin Alex Galchenyuk, un gros joueur au tir foudroyant qui a déjà atteint les 30 buts en une saison.

«C'est simple. Nous avons des fabricants de jeu en Derek Stepan, Clayton Keller, Nick Schmaltz, Vinnie Hinostroza. Nous avions besoin de marqueurs. C'est le talent d'Alex. C'est variable d'année en année, il peut y avoir des moments plus difficiles, mais si on regarde l'ensemble de sa carrière, il a toujours marqué. Max a été un fabricant de jeu toute sa vie. Je ne veux pas dire qu'il ne peut pas marquer, on voit qu'il peut le faire, mais on sentait qu'Alex serait plus efficace pour marquer des buts. Il avait un historique.»

Évidemment, il y a une marge entre le concept et la réalité. La réalité est que Domi a explosé offensivement, comme joueur de centre en plus, ce que Chayka a reconnu n'avoir pas prévu. Hors des glaces, Domi s'est aussi fondu à merveille dans la réalité montréalaise. Galchenyuk, lui, tarde à se mettre en marche, et il a été déplacé du centre à l'aile. Ça vous dit quelque chose?

On peut parler des blessures, de l'arrivée de l'excellent Nick Schmaltz au centre, ça demeure un des aspects intrigants de cette transaction. Chayka avait fait grand cas à l'été de la capacité de Galchenyuk à jouer au centre. Ce matin encore, il a insisté que Galchenyuk avait plusieurs des qualités d'un bon joueur de centre. L'entraîneur Rick Tocchet a même reconnu que l'expérience, qui a duré 15 matchs, n'était pas morte et enterrée. En revanche, Chayka a désormais assoupli sa position. Il est maintenant question d'équilibre dans le top 6, de polyvalence. Bref, comme il l'a dit, «les rôles sont relatifs».

Pour le principal intéressé toutefois, c'est la même vieille rengaine chez les Coyotes que chez le Canadien. Le débat ailier, joueur de centre avait pris l'avant-scène, à tel point que Galchenyuk semblait perdu aux deux endroits. En début de saison, il a pourtant demandé, et obtenu, de Rick Tocchet de le faire jouer au centre. Comment a-t-il réagi à cet autre désaveu?

«L'objectif est d'amener mon jeu là où je le veux. Les entraîneurs veulent la même chose que moi. J'ai parlé avec Rick Tocchet avant de changer de position, il m'a dit que ce serait mieux à l'aile. Que je pourrais travailler un peu plus mon côté offensif. C'est correct, je veux seulement aider mon équipe à gagner. Je sais que je dois être meilleur, peu importe ma position.»

Une réaction fort mature à une décision qui a dû être difficile à avaler. C'est d'ailleurs cette maturité que Galchenyuk estime avoir gagnée lors de son tumultueux passage de six saisons chez le Canadien.

«On pourrait être ici toute la journée (pour parler de tout ce que j'ai appris avec le Canadien). J'ai beaucoup appris, pas seulement comme joueur, mais comme humain aussi. Plusieurs événements vécus durant ces six ans vont m'aider, pas seulement ma carrière, mais dans ma vie en général.»