La dernière fois qu'on lui avait parlé, Danièle Sauvageau racontait qu'elle venait de prendre sa retraite du SPVM et qu'elle entendait bien profiter davantage de ses temps libres...

La voilà pourtant de retour derrière le banc d'une équipe de hockey! En Chine! Et elle a mené hier les Canadiennes de Montréal à une victoire de 4-1 sur les KRS Vanke Rays de Shenzhen.

«La retraite, c'est aussi pour faire ce qu'on aime dans la vie, a-t-elle expliqué en entrevue téléphonique. Le sourire n'a pas quitté mon visage depuis la fin du match. J'étais quand même un peu nerveuse - ça faisait plusieurs années que je n'avais pas été en charge derrière un banc -, mais nous étions bien préparées et les filles ont joué un bon match.»

Sauvageau, qui dirige le programme de hockey féminin des Carabins de l'Université de Montréal depuis sa création en 2008, a aussi collaboré pendant plusieurs années avec la Fédération française de hockey, contribuant à amener l'équipe féminine de la 28e place mondiale au top 10. Si elle s'est retrouvée occasionnellement derrière le banc de ces équipes dans un rôle d'adjointe, elle n'avait plus été entraîneuse-chef depuis les Jeux olympiques de 2002.

«Je connais bien Meg Hewings [directrice générale des Canadiennes], avec qui j'ai souvent collaboré au cours des années. Quand l'équipe s'est retrouvée sans entraîneur, j'ai évidemment accepté de donner un coup de main.

«Caroline Ouellette sera l'entraîneuse-chef attitrée, je pense d'ailleurs qu'elle sera un jour derrière le banc de l'équipe nationale féminine. Elle avait toutefois déjà des engagements ailleurs et j'ai accepté avec plaisir de la remplacer à l'occasion, tout en jouant un rôle de mentore à ses côtés.»

Le hasard a fait en sorte que Ouellette soit retenue au Québec pendant le séjour des Canadiennes en Chine et c'est Sauvageau qui a eu droit à un baptême bien particulier. Les joueuses des Canadiennes connaissaient évidemment sa réputation, ne serait-ce qu'en raison de la médaille d'or aux Jeux de Salt Lake City, elles ont découvert hier ses méthodes et aussi son sens de l'humour!

«Je connaissais la plupart des joueuses et j'en avais côtoyé quelques-unes avec les Carabins ou dans le réseau universitaire. Je devais toutefois apprendre les petits détails: lesquelles tirent de la gauche, de la droite; lesquelles sont plus à l'aise ensemble; lesquelles jouent en avantage ou en désavantage numérique...

«J'ai d'ailleurs eu droit à un premier match occupé, puisqu'on a joué à cinq contre trois, à trois contre cinq. On a marqué deux buts en désavantage numérique, un but en avantage numérique. Notre plan devait être correct!»

Ann-Sophie Bettez a marqué trois buts, confortant sa première place au classement des buteuses de la LCHF. Marie-Philip Poulin a complété le pointage pour les Canadiennes, alors que Hanna Bunton a privé Emerance Maschmeyer du blanchissage en troisième période.

«Les filles se sont un peu moquées quand j'ai mélangé quelques prénoms, mais je me suis aussi amusée à leurs dépens. On avait pratiqué les tirs sur réception (one timer) le matin et j'avais averti qu'il faudrait atteindre le filet pendant le match.

«À sa première occasion, Marie-Philip [Poulin] a lancé dans la baie vitrée et je lui ai dit que ce serait 10 push-ups! Elle était rendue à 60 push-ups, je crois, quand elle a finalement marqué un but. J'en ai profité pour effacer tout ça.»

Développer le hockey féminin

Bien au fait des enjeux du hockey féminin, Danièle Sauvageau est évidemment heureuse de cette occasion de contribuer au développement du sport à l'étranger. «Les prochains Jeux olympiques auront lieu ici, en Chine, et on voit qu'ils font des efforts. Il y a des bannières et des affiches des joueuses de l'équipe nationale à l'intérieur et à l'extérieur de l'aréna où on joue à Shenzhen. On ne voit même pas ça au Canada!

«J'ai déjà parlé des progrès en France, la Russie a une bonne équipe et on voit qu'il y a une nouvelle génération de bonnes joueuses en Suède, après une période plus difficile. Malheureusement, il y a encore des pays où le hockey féminin, où tout le sport féminin en fait, n'est pas reconnu.

«Et la situation est loin d'être parfaite au Canada, je l'ai souvent dit. C'est frustrant de toujours revenir là-dessus, mais j'ai bien l'intention de continuer à cogner sur le clou jusqu'à ce que les choses évoluent vraiment!»

Une belle retraite en perspective, donc, au grand bonheur de toutes les joueuses de hockey et de leurs partisans.

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Deux autres matchs en Chine

Les Canadiennes ont donc bien amorcé ce voyage de trois matchs à Shenzhen, en Chine. «Nous sommes arrivées deux jours plus tôt cette année, a expliqué la directrice générale Meg Hewings. Ça nous a laissé le temps de nous habituer au décalage horaire et de mieux nous préparer pour nos matchs. C'est impressionnant de voir Danièle [Sauvageau] derrière le banc. Elle a beaucoup d'expérience et apporte beaucoup à l'équipe et aux joueuses. Nous sommes allées chercher une belle victoire aujourd'hui [hier] et on espère en obtenir deux autres en fin de semaine.» Les Canadiennes affronteront encore les KRS Vanke Rays demain (19h30) et samedi (14h30).