La démonstration était digne des meilleures méthodes de pédagogie. Pendant des semaines, quand l'infirmerie était occupée, Claude Julien répétait que les blessures faisaient mal à son équipe, que plusieurs joueurs occupaient des rôles au-dessus de leur niveau de compétence (pas dans ces mots, mais on saisissait l'idée).

Hier, d'un côté, il y avait le Canadien qui comptait sur Shea Weber pour un deuxième match de suite, avec deux entraînements de plus dans le système. Paul Byron, lui, revenait au jeu après une absence de 14 matchs. Et de l'autre côté, les Rangers de New York qui, à l'inverse, étaient privés de l'équivalent d'un trio offensif en l'absence de Mats Zuccarello, Pavel Buchnevich et Vladislav Namestnikov.

Ça s'est réglé par une victoire de 5-2 du Canadien, avec un résultat qui a pratiquement fait passer les paroles récentes de Julien pour des prophéties.

Allons au-delà des deux buts de Weber et de la mention d'aide de Byron (qui en aurait mérité une deuxième sur le second but de Lehkonen !). « Paul Byron, quand il est au sommet de sa forme, les défenseurs de l'autre équipe jouent sur les talons en raison de sa vitesse et son échec avant », a fait valoir l'entraîneur-chef.

« Et Shea, c'est Shea. C'était évident ce soir, en avantage numérique, qu'ils voulaient l'empêcher de tirer. Ils protégeaient ce côté de la patinoire pour forcer le jeu à aller de l'autre côté. C'est le respect que ça nous donne quand on a des joueurs comme eux en uniforme. »

Ça, c'est un premier aspect. Mais il y a plus. Le retour de Byron a eu l'effet escompté par Julien, soit de redonner du tonus au trio de Jesperi Kotkaniemi, qui a paru moins débordé.

Défensivement, c'est le jour et la nuit. Selon les données de NaturalStatTrick, le CH a seulement donné trois chances de marquer aux Rangers à cinq contre cinq. Le même nombre mardi contre les Hurricanes. Dans les 24 matchs précédents, les Montréalais accordaient en moyenne neuf chances du genre par match.

« Regarde simplement les chances de marquer et les tirs, on en accorde moins, a rappelé Brendan Gallagher. Shea joue 25 minutes par match, ce qui a un effet domino sur le reste de la formation, les autres ont des affrontements plus favorables. »

Effet domino, vous dites ? Jeff Petry n'affichait pas sa forme habituelle hier. On l'a vu cafouiller plusieurs fois, prendre des décisions plus ou moins judicieuses avec la rondelle. Mais il n'a joué que 19 minutes, au lieu de ses 25 minutes habituelles. Idem pour Jordie Benn, qui a commis sa part d'erreurs. Mais il a passé 16 minutes sur la patinoire. Pas 23 minutes comme on le voyait certains soirs de novembre, quand il formait le premier duo avec Petry.

LE CAS KULAK

En fait, avec les récents retours au jeu, il reste essentiellement un joueur qui n'est pas sur la bonne chaise, et c'est celui qui patine à la gauche de Shea Weber. Hier, c'était Brett Kulak. Et il a plutôt bien réussi sa mission. « Il patine bien, il ferme le jeu assez rapidement. Ce que j'ai vu ce soir, et c'est seulement un match, mais c'était un bon match », a jugé Julien.

L'entraîneur-chef l'a toutefois dit : ce n'était qu'un match, et c'était contre une équipe aux prises avec ses propres problèmes de profondeur. Alors attendons avant d'y accorder trop d'importance. Vous vous souvenez de ce match un dimanche du Super Bowl où Mariusz Czerkawski ressemblait à Mario Lemieux contre les Blackhawks au Centre Bell ? La Presse s'en souvient. Et le Polonais est vite redevenu lui-même par la suite, lorsqu'il s'est retrouvé contre de meilleurs défenseurs que Nathan Dempsey et Steve Poapst.

Les Sharks de San Jose devraient d'ailleurs offrir un meilleur test au CH ce soir, après s'être fait varloper à Ottawa hier après-midi. On en saura alors un peu plus sur les perspectives de succès de Kulak.

Mais s'il n'y a que lui qui n'est pas assis sur la bonne chaise, c'est déjà une nette amélioration pour le Tricolore par rapport à ce que l'équipe a vécu ces dernières semaines.