Dans la refonte du système de développement du Canadien, il y a un nom qu'il serait facile d'oublier: Daniel Brière.

L'ancien du Canadien, vétéran de 18 saisons dans la LNH, a fait le virage du côté de la gestion. Son avenir s'est décidé lors d'un repas avec Paul Holmgren, l'ancien directeur général des Flyers de Philadelphie qui a fait de lui un homme riche en lui offrant un contrat de 8 ans et 52 millions en 2007.

Holmgren, promu depuis président des Flyers, a offert à Brière de le suivre au quotidien et d'apprendre un nouveau métier. Pendant deux ans, Brière a étudié les rouages d'une organisation professionnelle, sans jamais toucher à l'aspect sportif. Plutôt, il s'est intéressé à tout le reste, marketing, vente de billets, finances, réseaux sociaux.

Il s'était aussi familiarisé avec le côté commercialisation lors de sa saison avec le Canadien, auprès des responsables des communications Donald Beauchamp et Dominick Saillant.

«J'ai passé quelques après-midi dans leur bureau après des entraînements. J'ai appris beaucoup d'eux. Ça m'intéressait, Donald l'a vu rapidement. Je me souviens quand l'équipe féminine avait gagné l'or aux Jeux olympiques. Ils faisaient une préparation, comment les accueillir, ce qu'ils allaient faire. Ça m'avait ouvert les yeux. Comme joueur, tu ne réalises pas tout ce que ça prend, tous les gens qui préparent les matchs.»

Quand Comcast Spectacor, propriétaire des Flyers, a décidé d'acheter un club des ligues mineures, un nom s'est imposé pour diriger ses destinées: Daniel Brière.

C'est ainsi que le Québécois est devenu vice-président des opérations des Mariners du Maine, dans l'ECHL. Un poste qui lui permet de s'occuper du côté affaires, oui, mais aussi de l'aspect hockey. Et c'est à ce titre qu'il a convaincu le Canadien de lui faire confiance.

C'était avant l'arrivée de Joël Bouchard comme entraîneur-chef du Rocket de Laval. Il en avait déjà parlé à Marc Bergevin, Scott Mellanby et John Sedgwick, au moment où le Canadien se cherchait un allié dans l'ECHL.

«Ils avaient quelques possibilités, mais on a été honorés qu'ils nous fassent confiance avec leurs joueurs qui ne sont pas tout à fait prêts à jouer dans la Ligue américaine. J'espère avoir été capable de créer une bonne impression durant mon séjour avec le Canadien. C'était important de démontrer que j'étais un joueur d'équipe et c'est la même chose que je veux instaurer avec notre jeune équipe de l'ECHL. Pas juste les joueurs, tout le staff, entraîneurs, soigneurs, les gens de bureau. Notre but est de les préparer à passer au prochain niveau.»

Bergevin, celui-là même qui avait offert un contrat de deux ans à Brière comme joueur autonome, a accepté de lui confier une partie de ses jeunes. Il ne s'agit pas d'une affiliation officielle, mais plutôt d'un partenariat, un système de «prêts». Jusqu'à maintenant, les Mariners ont accueilli cinq joueurs du Rocket: Antoine Waked, Hayden Verbeek et Michael Pezzetta sur une base temporaire, Ryan Culkin et Morgan Adams-Moisan sur une base permanente.

D'autres, comme T.J. Melancon (Norfolk), Phélix Martineau (Fort Wayne) et Étienne Marcoux (Brampton), se sont retrouvés ailleurs car d'autres équipes de l'ECHL détenaient déjà leurs droits.

«On l'a vu à quelques reprises, des joueurs prêtés par le Rocket ont été rappelés. De ce qu'on entend, quand ils reviennent, ils ont une bonne confiance et ils sont excités de retourner dans la Ligue américaine. C'est ce que j'essaie de créer avec les joueurs pour lesquels il nous fait confiance.»



Brière et Bouchard, une relation qui dure

Au moment d'annoncer ce partenariat, Bouchard avait été élogieux à l'endroit de Brière. L'entraîneur-chef du Rocket n'est généralement pas à court de qualificatifs, mais même pour Joël Bouchard, c'était beaucoup. «Un chum», «excellent gars de hockey», «gars avec des bons principes», «intègre», «droit», «environnement en lequel on croit», et ainsi de suite.

La relation entre les deux hommes remonte à l'époque des Coyotes de Phoenix, en 2000-2001. Brière et Bouchard tentaient tant bien que mal de s'établir dans la LNH.

«On avait 22 joueurs dans l'équipe et la majeure partie des matchs, c'était moi et Joël qui étions laissés de côté, se souvient Brière. Pour moi, jeune et encore un peu immature, j'étais frustré par cette situation. Joël, déjà à cet âge-là, avait du leadership. Il avait juste trois ou quatre ans de plus que moi, mais il était capable de me parler et de m'encourager. De me dire: "Non, ce n'est pas grave, oui, c'est difficile, mais on va travailler comme des malades et ils n'auront pas le choix de nous donner la chance de jouer."

«C'était toujours son attitude, même quand il était découragé. Il m'a appris à être un vrai professionnel. Je ne suis pas surpris qu'il soit là aujourd'hui. Déjà, on voit que le Rocket s'en va dans la bonne direction avec lui en contrôle.»

Sans le savoir, Brière et Bouchard profitaient à l'époque de leurs temps libres pour établir les bases de ce qui allait devenir leur après-carrière. Ils s'amusaient à établir un rapport de dépisteurs des différents joueurs dans la ligue.

«On était d'accord sur la majorité des analyses, mais il y en avait quelques-unes où on ne se rejoignait pas. Des fois j'avais raison, des fois il avait raison. Le plus souvent, il avait raison.»

Les deux hommes ont gardé des liens au fil des années. Ils jouaient ensemble l'été au tournoi caritatif À bout de souffle à Sherbrooke. Ils ont gardé contact à travers Ian Laperrière, ancien coéquipier de Brière et ami proche de Bouchard. Ils se parlaient une fois par mois... et ils se parlent aujourd'hui plusieurs fois par semaine. Brière, allié de l'ombre.

Photo Martin Chamberland, Archives La Presse

Joël Bouchard, entraîneur-chef du Rocket de Laval