Le Canadien avait promis des changements à la fin de la saison, voici le premier: Sylvain Lefebvre a été congédié.

L'entraîneur du Rocket de Laval a été démis de ses fonctions mardi après six saisons à la barre du club-école du Canadien. Un premier indice que c'est le développement des joueurs que Marc Bergevin veut revoir en priorité.

«Les défis sont énormes comme entraîneur-chef dans la Ligue américaine, et Sylvain et son groupe ont dû composer avec plusieurs situations au cours des dernières années, a dit le DG du Canadien Marc Bergevin dans un communiqué. La décision de relever Sylvain de ses fonctions a été très difficile, car j'ai beaucoup de respect pour lui, et je le considère comme un très bon entraîneur. J'ai pris soin de discuter de la situation avec Larry Carrière également, et je considère que le temps est venu pour notre club-école d'avoir une nouvelle direction au poste d'entraîneur-chef.»

Joint par La Presse, Sylvain Lefebvre a préféré ne pas commenter cette décision. Même chose du côté du DG du Rocket Larry Carrière. On nous assure toutefois qu'il demeure, pour l'instant, employé du Canadien.

De leur côté, les adjoints de Lefebvre Donald Dufresne, Nick Carrière et Marco Marciano conservent aussi leur emploi, encore une fois pour l'instant. Leur avenir sera entre les mains du prochain entraîneur-chef du Rocket.

Les joueurs consultés ont mal accueilli la nouvelle. Charlie Lindgren est catégorique: la saison de misère n'est pas la faute des entraîneurs. Il reconnaît toutefois que dans une industrie basée sur les résultats, les changements étaient inévitables.

«C'est la première fois que je vis une telle situation. Tu te sens mal pour Sylvain. Il a été incroyable pour moi. J'avais beaucoup de respect pour lui et sa famille. Si on ne performe pas, il y aura des changements. Souvent, c'est l'entraîneur qui part. C'est une triste journée, car il est vraiment quelqu'un d'extraordinaire.»

Pour le gardien, Lefebvre s'est surtout révélé un fin psychologue pour l'aider à garder le cap malgré les moments plus difficiles. «Le bond que j'ai fait les dernières saisons, je le lui dois en grande partie.»

L'attaquant Jérémy Grégoire insiste lui aussi sur l'importance de Lefebvre dans son développement. Il raconte que son ancien entraîneur lui rappelait sans cesse qu'il ne devait pas être aussi dur envers lui-même.

«On n'a pas gagné et on vit dans un monde de résultats. Comme on vit dans ce milieu, le travail en arrière-scène est oublié. Sylvain faisait de la vidéo, nous rencontrait un par un. Les nouveaux qui arrivaient ici nous disaient qu'on était choyés. Les coachs étaient toujours les premiers arrivés et derniers partis. J'ai vraiment aimé avoir Sylvain comme entraîneur.»

Bilan

C'est naturel dans une telle journée de rendre hommage à l'entraîneur congédié. Mais il ne faut pas non plus occulter son bilan qui est loin de faire l'unanimité.

Lefebvre s'est joint à l'organisation en 2012, devenant entraîneur-chef des Bulldogs de Hamilton. Il a ensuite suivi l'équipe à St. John's, puis à Laval cette année.

Sous sa gouverne, le club-école du Canadien n'a participé aux séries qu'à une seule reprise, une élimination au premier tour la saison dernière. Cette saison, la pire de toutes pour Lefebvre, le Rocket a terminé au 30e et dernier rang de la Ligue américaine.

Au bilan, dimanche, Lefebvre s'était pourtant montré très optimiste au sujet de son avenir. Il avait ainsi expliqué les problèmes de son équipe: 

«Les rappels ont fait un gros trou, trois ou quatre joueurs qui partent en novembre et qui ne reviennent jamais. Personne ne prévoyait autant de rappels. C'est intéressant pour évaluer des joueurs, mais ça crée un trou. On s'est retrouvés avec une équipe jeune. On a peut-être un peu manqué de caractère pour se sortir des creux de vague. Mais c'est difficile d'avoir une grosse saison quand tu as autant de rappels.»

Reste qu'au premier match du Canadien cette saison, seulement deux joueurs de la formation avaient passé plus d'une saison sous les ordres de Lefebvre: Charles Hudon et Jacob De La Rose.

En cours de saison, plusieurs autres joueurs développés au club-école, comme Daniel Carr, Nikita Scherbak, Charlie Lindgren, Brett Lernout ou Michael McCarron, ont fait le saut. Certains d'entre eux suscitent l'espoir, mais c'est loin d'être gagné. Noah Juulsen est un cas à part: il fait partie des plans l'an prochain, mais il n'a joué que 33 matchs dans la Ligue américaine.

Si on regarde ailleurs dans la LNH, Nathan Beaulieu, Sven Andrighetto et Greg Pateryn sont les meilleurs parmi ceux qui ont été formés par Lefebvre.

On a beau revirer ce bilan de tous les côtés à des fins d'analyse, c'est une bien modeste contribution. À savoir maintenant si le problème était bel est bien le développement et non le repêchage, c'est une tout autre question. Marc Bergevin doit aussi se la poser.