Collectivement, le Canadien a fait patate en 2017-2018. Il y a donc forcément plusieurs joueurs pour qui ce constat s'applique également au niveau individuel. Voici donc une évaluation des porte-couleurs de l'équipe. Aux fins de l'exercice, nous allons nous concentrer sur les joueurs qui ont disputé au moins 10 matchs dans l'uniforme bleu-blanc rouge.

Les attaquants

Brendan Gallagher: 9/10

À ses cinq premières saisons à Montréal, Gallagher établissait toujours le standard à atteindre en termes d'effort, de combativité. Cette saison, il a aussi établi le standard de performances. Statistique encourageante: sa production n'a pas explosé par un simple coup de chance. Il a simplement généré plus d'occasions (278 tirs) et en a profité. Autre note positive: il a disputé tous les matchs d'une saison pour la deuxième fois de sa carrière.

Paul Byron: 8/10

Un autre qui a montré l'exemple par son acharnement. Chaque année, la question est de savoir s'il parviendra à maintenir son taux d'efficacité toujours élevé sur ses tirs au but. Avec 17,4%, il a de nouveau réussi le coup. À forces égales, il a terminé au 2e rang de l'équipe avec 29 points. Tout ça pour 1,16 million de dollars. Entre ça et le fromage Boursin à 3,99 $, on se demande quelle est la meilleure aubaine.

Phillip Danault: 7,5/10

Il a produit au même rythme que l'an passé, même si son principal ailier a été Andrew Shaw. Il a maintenu un différentiel de 0, tout en jouant avec une brigade défensive louche et un Carey Price pas au sommet. Il a mené son équipe au cercle des mises en jeu parmi les centres permanents. Il est peut-être mal entouré par moments, mais il n'a absolument rien à se reprocher.

Alex Galchenyuk: 7/10

Le malaimé du Canadien ne l'a pas eu facile, amorçant la saison au sein du quatrième trio parce que Julien ne lui faisait pas confiance. Son DG ne lui a pas non plus facilité la vie en restant bien passif chaque fois que son nom revenait dans les rumeurs. Malgré tout ça, il conclut la saison tout près de son sommet personnel de 56 points. Tout le monde retiendra son différentiel de -31, mais en termes de buts accordés quand il est sur la patinoire, il est en milieu de peloton dans la LNH. C'est sa trop faible production offensive à 5 contre 5 qui l'a coulé.

Artturi Lehkonen: 7/10

Si on pouvait séparer ce bulletin en deux, on lui donnerait 5,5 pour la première moitié de saison et 8,5 pour la deuxième moitié. Car ce sont vraiment deux Lehkonen que l'on a vus à l'oeuvre. Le premier jouait malgré une blessure et était incapable de réussir les petits jeux qui le rendent si efficace. Le deuxième vient au 2e rang du Canadien depuis le match des Étoiles avec 10 buts. Sa troisième saison sera intéressante s'il demeure en santé.

Charles Hudon: 7/10

Une entrée en matière réussie pour l'ailier québécois dans la LNH. Hudon a essentiellement joué avec tout le monde, dans tous les rôles. Il l'a fait en livrant un effort sans reproche et a disputé les dernières semaines de la saison en dépit d'une blessure au bas du corps qui le ralentissait. Une statistique le fait mal paraître: parmi les 13 attaquants du CH les plus utilisés à 5 contre 5, c'est contre lui qu'il s'est marqué le plus haut ratio de buts (2,99 par tranche de 60 minutes).

Nicolas Deslauriers: 7/10

En octobre dernier, tous les indicateurs le poussaient vers la sortie de la LNH. Six mois plus tard, il conclut la meilleure saison de sa carrière. Ses 238 mises en échec lui ont valu le 7e rang dans la LNH (même s'il a raté le quart de la saison), mais ses 10 buts sont peut-être encore plus impressionnants. En début de saison, Claude Julien parlait de lui comme d'un joueur qui avait plus à offrir que ce que les Sabres de Buffalo lui demandaient d'accomplir. Deslauriers a fait bien paraître son entraîneur-chef.

Daniel Carr: 6,5/10

Ses perspectives dans la LNH semblaient bien sombres quand il a été retranché au camp d'entraînement. Il a eu 26 ans le 1er novembre et était incapable de se tailler un poste. À cette situation professionnelle difficile s'ajoutait un drame dans sa vie personnelle: la mort de son père. Carr a répondu en empilant les points dans la Ligue américaine. Le Canadien l'a rappelé le 30 novembre, et Carr n'a pas disputé un autre match à Laval ensuite. Comme attaquant de quatrième trio, on a vu pire.

Andrew Shaw: 6,5/10

Un joueur honnête, qui joue toujours avec intensité et qui devient efficace quand il finit par trouver son rythme de croisière. Le problème, c'est que, pour une deuxième saison de suite, ce rythme a été interrompu par des blessures. Cette saison, ce sont une commotion cérébrale et une blessure à un genou qui ont coupé son élan. Des signes inquiétants pour un joueur à qui il reste quatre ans de contrat.

Jacob de la Rose: 6/10

Un autre qui, comme Lehkonen, a connu une saison en deux temps. En première moitié de saison, un impact «minimal, au mieux», pour reprendre les mots de Claude Julien. Le départ de Tomas Plekanec lui a ouvert la porte, et ses statistiques depuis sont plus potables: 8 points en 21 matchs, un différentiel de +3, 15 minutes de temps d'utilisation par match, 47% aux mises en jeu.

Nikita Scherbak: 6/10

Quand il a refait surface en février, on croyait voir un joueur qui s'établissait en LNH de façon permanente. Mais 10 matchs plus tard, en mars, il a manqué d'essence. À sa défense, ses compagnons de trio en février étaient Alex Galchenyuk et Jonathan Drouin. En mars: Logan Shaw, Kerby Rychel et un Charles Hudon diminué par une blessure. À réévaluer au prochain camp.

Jonathan Drouin: 5,5/10

Quand Marc Bergevin a sacrifié Mikhail Sergachev, ce n'était sans doute pas pour obtenir un attaquant de 46 points. Quand Bergevin lui a offert un contrat de six ans, ce n'était pas pour un attaquant au différentiel de -28, qui multipliait les erreurs défensives sans compenser offensivement. Il a terminé la saison en force (16 points en 21 matchs, différentiel de -1). Voyons s'il retrouvera ce rythme l'an prochain, quand les matchs recommenceront à compter.

Max Pacioretty: 5,5/10

Ç'aura été une saison à oublier du début à la fin pour le capitaine du Canadien. Du début, parce qu'il n'avait qu'un petit point après huit matchs. À la fin, parce que sa campagne a pris fin le 2 mars à Brooklyn. Au sein d'une attaque déjà faible, la valeur la plus sûre du groupe n'a pas le droit à l'échec, sans quoi c'est la catastrophe.

Byron Froese: 5,5/10

Le capitaine du Rocket n'aura joué que 13 matchs à Laval. S'il méritait pleinement sa place dans la LNH en décembre, quand son trio avec Carr et Deslauriers était le meilleur du CH, ç'a été plus tranquille par après. Il a aussi été incapable de s'illustrer aux mises en jeu, là où le CH aurait eu besoin d'aide. Bref, il ne s'est pas rendu indispensable.

Logan Shaw: 5/10

Acquis au ballottage, il a été plutôt invisible. Il a distribué 65 mises en échec en 30 matchs, mais combien de fois a-t-on réellement remarqué ses coups d'épaule? Il a surtout joué au sein du quatrième trio, mais il ne s'est guère démarqué quand il a obtenu davantage de responsabilités.

Michael McCarron: 4/10

Malgré les nombreux blessés en fin de saison, malgré le fait que le Canadien disputait des matchs sans enjeu, Claude Julien limitait son temps d'utilisation sous les 10 minutes la plupart des soirs. Il est encore loin de la LNH et à 23 ans, le temps commence presser

Photo André Pichette, La Presse

Brendan Gallagher

Les défenseurs

Noah Juulsen: 8/10

Le centre qu'il a le plus affronté à 5 contre 5 chez les Penguins cette saison? Sidney Crosby. Ensuite? Evgeni Malkin. Chez les Islanders? John Tavares et Mathew Barzal. Chez le Lightning? Steven Stamkos et Brayden Point. Juulsen a été tout sauf protégé. Pourtant, il ne s'est marqué que 10 buts contre lui, en 355 minutes, un des plus bas ratios de la LNH. Assurément le plus grand bénéficiaire des expériences de fin de saison.

Shea Weber: 8/10

Sa production offensive était au rendez-vous, même si son différentiel de -8 en a déçu quelques-uns. Deux circonstances atténuantes dans son cas. D'une part, il a joué blessé à compter de la deuxième période... de la saison! D'autre part, on peut s'interroger sur ce qu'il serait advenu de Victor Mete si Weber n'avait pas été là. Aurait-on vraiment jumelé la recrue à Jordie Benn ou David Schlemko? La présence de Weber a accéléré le développement de Mete.

Victor Mete: 7,5/10

Quelqu'un avait vraiment des attentes pour un choix de 4e tour de 19 ans, encore tout chétif, au début du camp? Mete a profité de la faiblesse et de la lenteur de la défense du CH pour prouver sa valeur. Il appuie nettement plus l'attaque que ce que ses statistiques offensives indiquent. Et malgré son manque de production, le Tricolore a affiché un bilan positif quand Mete était sur la patinoire à 5 contre 5 (32 buts marqués, 26 buts accordés). Un début de carrière inespéré.

Jeff Petry: 6,5/10

La rumeur veut que sa photo apparaisse dans le Petit Larousse 2019, à côté de la locution «presser le citron». Il a rendu de fiers services en l'absence de Weber à droite, et a par moments joué le meilleur hockey de sa carrière. Ça lui a valu sa première saison de 40 points dans la LNH. Par contre, il en a arraché en début et en fin de campagne. Il devra démontrer plus de constance s'il veut s'établir comme un bon défenseur de deuxième duo.

Mike Reilly: 6/10

Il était facile de s'emballer en le regardant jouer à son arrivée à Montréal. Sans dire que le carrosse s'est transformé en citrouille, on a un peu plus vu, avec le temps, pourquoi Bruce Boudreau avait perdu patience avec lui au Minnesota. N'empêche, il sera intéressant à voir aller l'an prochain si Julien est capable de le limiter à 15 minutes, plutôt que les 20 qu'il a jouées cette saison.

Brett Lernout: 6/10

Il ne sera jamais le patineur le plus élégant ni un grand défenseur offensif. Avec Weber, Petry et Juulsen à droite, il n'y aura pas de place pour lui de son côté naturel. Mais s'il continue à jouer comme il l'a fait en fin de saison, il s'invitera dans la discussion pour le poste de septième défenseur.

Karl Alzner: 4,5/10

Le recrutement professionnel du Tricolore en a arraché cette saison et Karl Alzner en est sans doute le témoignage le plus éloquent. Visiblement, son entourage à Washington le faisait bien paraître, et c'est justement ce genre de défaut que les bons recruteurs doivent signaler avant qu'une équipe s'engage pour cinq ans avec un joueur. Si la solution consiste à faire de lui un défenseur de troisième duo, son contrat sera beaucoup trop lourd pour ce rôle. Un cul-de-sac.

Jordie Benn: 4/10

Le différentiel est souvent critiqué comme statistique. La fiche de -2 de Benn cette saison donnera des arguments de plus pour le faire. Il ne lui reste qu'un an de contrat, à 1,1 million de dollars, ce qui n'a rien de catastrophique. Mais on vous assure qu'il ne serait pas sur la liste de protection du CH s'il y avait un repêchage d'expansion cet été!

David Schlemko: 3/10

Schlemko a terminé la saison là où il l'a commencée: à l'infirmerie. Rien pour l'aider à se défaire de sa réputation de joueur fragile. Et quand il était en santé, les résultats étaient très moyens. S'il y a un candidat à un rachat de contrat chez le Canadien, c'est lui.

Photo David Boily, La Presse

Noah Juulsen

Les gardiens

Antti Niemi: 8,5/10

Un spectaculaire sauvetage de carrière. Une statistique percutante: depuis que le Canadien l'a réclamé au ballottage le 14 novembre, il vient au 6e rang de la LNH avec une efficacité de ,929. À forces égales, ce chiffre passe à ,945, ce qui lui vaut le 2e rang! Avec un désavantage numérique décent devant lui, il aurait donc été encore plus dominant. À suivre en 2018-2019, à Montréal ou ailleurs.

Charlie Lindgren: 6/10

Son aplomb a surpris en début de saison, quand Price a subi sa première blessure. Mais il a connu une baisse de régime à son deuxième séjour à Montréal, en fin de saison, une baisse de régime qui le suit maintenant à Laval. Des recruteurs sondés en février par La Presse mettaient en doute sa capacité à s'établir dans la LNH. Ce qu'on a vu ces derniers mois leur donne raison. Il a toutefois le caractère pour rebondir.

Carey Price: 5/10

Les problèmes devant lui étaient une chose, mais il n'était clairement pas le même gardien dans sa technique. L'été lui fera le plus grand bien, et il a certainement le talent pour rebondir. Le plus inquiétant dans son cas est que pour la quatrième fois dans les six dernières saisons, il a été ralenti par une blessure au bas du corps. Il accaparera le septième de la masse salariale l'an prochain: c'est beaucoup s'il ne joue qu'une cinquantaine de matchs par saison.

Photo André Pichette, La Presse

Antti Niemi