« Aurait aimé » et « regretter » sont des notions différentes. François Beauchemin est capable de faire la nuance. Comme dans « j'aurais aimé jouer plus longtemps avec le Canadien de Montréal, mais je n'ai aucun regret ».

Cette phrase, le défenseur sorelois l'a prononcée presque mot pour mot vendredi midi, à 24 heures du passage des Ducks d'Anaheim dans le château fort du Tricolore.

La visite de Beauchemin au Centre Bell, samedi après-midi, sera la dernière de sa carrière. Elle viendra presque 15 ans jour pour jour après le seul match qu'il y a joué dans l'uniforme du Canadien, le 27 février 2003 contre le Wild du Minnesota.

Un match d'autant plus spécial qu'il s'agissait du tout premier de sa carrière dans la LNH, presque cinq ans après que le Tricolore l'eut sélectionné en troisième ronde.

« C'est sûr que j'aurais aimé jouer plus longtemps ici, mais je me suis retrouvé à Anaheim et j'ai gagné la coupe Stanley. Ce n'est pas un regret, mais j'aurais aimé pouvoir vivre l'atmosphère ici, à temps plein », a admis Beauchemin, après la séance d'entraînement des Ducks au Complexe sportif Bell de Brossard.

De son propre aveu, Beauchemin a toujours ressenti un petit quelque chose lorsqu'il a fait escale au Centre Bell. Samedi, ce sera le dixième match de sa carrière dans un uniforme autre que celui du Canadien.

« Montréal, c'est toujours une place spéciale pour jouer. Demain, sachant que c'est la dernière et que toute la famille et les amis seront là, c'est sûr que ça va être un peu plus spécial. Mais pour nous, ce sont les deux points qui sont importants et il faut se concentrer là-dessus », a rappelé Beauchemin, qui disputera le 880e match de sa carrière.

Liens avec Carlyle

Après un été marqué par de l'incertitude, alors que l'Avalanche du Colorado a choisi de racheter son contrat, Beauchemin a été soulagé de l'intérêt que les Ducks lui ont manifesté.

« Ça ne pouvait pas mieux tomber. Je suis content d'avoir eu cette chance-là. J'étais prêt à me retirer, et c'est sûr que ç'aurait été plate de terminer comme ça. J'étais content de recevoir le coup de fil. Rendu à la fin du mois d'août, je ne l'attendais plus », a reconnu le défenseur de 37 ans.

Ce retour dans les terres de Disney lui a permis de renouer avec l'entraîneur-chef Randy Carlyle, envers qui il affiche un grand respect.

Carlyle, qui dirigeait les Ducks lorsque Beauchemin a fait graver son nom sur la coupe Stanley au printemps 2007, a d'ailleurs de bons mots pour lui.

« Je connais "Beauch" depuis longtemps. Je me rappelle l'avoir vu à l'oeuvre quand il évoluait à Québec, dans la Ligue américaine. Il y a un passé entre nous deux. Nous avons effectué une transaction avec les Blue Jackets de Columbus pour obtenir ses services, et nous étions d'avis qu'il pouvait jouer dans la Ligue nationale, à condition d'apporter quelques changements à sa façon de jouer, ce qu'il a fait, a-t-il déclaré.

«Encore aujourd'hui, il est un joueur compétitif et très honnête. C'est sa façon d'approcher les matchs. Ce n'est pas un joueur qui a besoin d'être traité aux petits oignons. Il est le genre de joueur à qui les entraîneurs font toujours une place. Lorsque ce genre de joueurs entrent dans le vestiaire, le leadership devient l'une de leurs responsabilités et ils montrent la voie. Ils ne parlent pas beaucoup, mais lorsqu'ils le font, ç'a de l'importance», a ajouté Carlyle.

Le Québécois croit que la complicité qui l'a toujours lié à Carlyle vient du fait que ce dernier, lui-même un ancien défenseur, voyait un peu de lui-même en Beauchemin.

«Je pense qu'il savait ce qu'il devait faire avec moi pour que je devienne un meilleur joueur, et c'est ce qui est arrivé. Il y a des entraîneurs qui laissent une marque dans ta carrière et qui t'aident à devenir un meilleur joueur et c'est ce que Randy a fait avec moi.»

Dans ce qui se veut son dernier tour de piste dans la LNH, Beauchemin campe un rôle moins important que par le passé, ce qui était prévu. Cette dernière saison n'a rien d'un boulet, et même s'il a été laissé de côté lors de certains matchs, il ne rouspète pas une seule seconde.

«C'est la première année de ma carrière où je suis utilisé à titre de cinquième ou sixième défenseur. J'étais habitué de jouer pendant 20 ou 25 minutes par match et là, j'en joue entre 15 et 18, selon les parties. C'est un ajustement à faire, mais c'est un ajustement qui est plus facile. Quand tu es rendu à 37 ans, c'est plus facile de jouer 15 ou 18 minutes par match.»