La ville de Columbus était déserte lundi soir. Les restaurants étaient vides et personne ne déambulait dans les rues. Seul le vent faisait danser les écriteaux.

Tout le monde était blotti à l'intérieur pour regarder le Championnat national du football universitaire américain mettant aux prises Oregon et Ohio State.

Le match était disputé à Dallas, mais l'Université Ohio State est située tout juste au nord du centre-ville de Columbus. Tout le monde ici était partie prenante de cette grande finale qui a vu les Buckeyes triompher 42-20 aux dépens des Ducks de l'Oregon.

Et comme les gens de Montréal ont déjà rappelé de triste façon à quel point la victoire leur tenait à coeur, des milliers de jeunes partisans des Bucks ont donné un parfum d'émeute aux célébrations, certains d'entre eux pénétrant dans l'Ohio Stadium avant de faire tomber un poteau de but.

La police a dû avoir recours au gaz lacrymogène et au poivre de Cayenne pour disperser les manifestants.

Les amateurs étaient d'autant plus en liesse qu'Ohio State n'était pas favori pour tout rafler cette année. Les Buckeyes s'en étaient remis au cours des dernières semaines à leur quart-arrière no 3, Cardale Jones, qui n'en était lundi soir qu'à son troisième départ avec l'équipe. Sous sa direction, ils ont battu les équipes classées no 1, no 2 et no 13 par un pointage combiné de 143-55.

Ça nourrira les discussions pendant longtemps.

«Il y a une émission de radio ici qui traite des Buckeyes 365 jours sur 365», raconte l'ancien joueur Jody Shelley, maintenant analyste à la radio et à la télé pour les Blue Jackets.

«Leur saison morte est inexistante.»

Alors, lorsqu'au lendemain d'une victoire grandiose, c'est le calme plat autour du Nationwide Arena et que l'entraînement des Blue Jackets se déroule dans le plus grand anonymat, le contraste est assez grand.

Se sortir du trou

Les Blue Jackets sont la seule équipe de sport professionnel à Columbus, mais ils se retrouvent quand même loin derrière Ohio State dans l'esprit des gens.

«L'État en entier se rallie autour des Buckeyes, rappelle le défenseur Jack Johnson. C'est une organisation centenaire, alors que nous n'existons que depuis 15 ans. Ils ont remporté huit championnats nationaux, tandis que nous n'avons pas encore gagné la Coupe Stanley.

«Traditionnellement, l'Ohio n'est pas reconnu comme un État où le hockey est populaire. Mais le hockey grandit ici et l'attention qu'on y porte aussi.»

Dans l'entourage des Blue Jackets, on croit toutefois que la semence a été plantée le printemps dernier à l'occasion de leur deuxième présence en séries éliminatoires de leur histoire.

Les foules ont augmenté de 1000 personnes en moyenne par rapport à l'an dernier.

«Nous sommes au coeur de la Buckeye Nation, mais je crois que nos fans ont démontré l'an passé qu'ils étaient derrière nous», soutient l'ancien du Canadien James Wisniewski, qui connaît bien l'entraîneur-chef des Buckeyes Urban Meyer.

«Bien sûr, les Buckeyes viennent de remporter le championnat national, c'est gros, mais maintenant, les gens vont pouvoir se rallier à nous. On a des fans incroyables.»

Mais il faudra que les hommes de Todd Richards se retroussent les manches pour mobiliser à nouveau les amateurs. Ils se sont creusé un trou en début de saison dont ils auront de la difficulté à sortir.

En dépit d'un mois de décembre au cours duquel ils ont affiché un dossier de 10-1-1, ils ne sont passés que de 11 à 9 points d'une place en séries.

«Si l'on avait simplement gagné trois matchs de plus en novembre et qu'on avait présenté une fiche de 5-9-2, ç'aurait quand même été un mois terrible, mais on ne serait qu'à trois points d'une place en séries avec des matchs en main, relève Wisniewski.

«Ça démontre à quel point les séries de défaites peuvent coûter cher.»