Il y a 11 ans, David Marcoux prenait le pari de se joindre aux Flames de Calgary, une organisation en perdition qui avait raté les séries sept saisons de suite.

Quelques mois plus tard, ils atteignaient la finale de la Coupe Stanley et Miikka Kiprusoff s'établissait comme un des meilleurs gardiens de la LNH, gagnant au passage le trophée Vézina en 2006.

L'été dernier, le Québécois a flairé la même occasion en Caroline. Les Hurricanes n'ont pas participé aux séries depuis leur présence en finale de l'Est en 2009. Ils comptent dans leurs rangs Cam Ward, un bon gardien, mais qui se cherche depuis quelques saisons. Les talents d'entraîneur des gardiens de Marcoux étaient donc nécessaires.

«J'en ai parlé en entrevue, a raconté Marcoux à La Presse. À Calgary en 2003, l'équipe n'avait pas participé aux séries en sept ans et n'avait pas gagné une série en 14 ans. Ici, ils ont gagné la Coupe Stanley en 2006 et Cam Ward a gagné le Conn-Smythe, mais depuis, c'est plus difficile. C'est à rebâtir. On ne se fait pas de cachettes. »

C'est donc un retour dans les grandes ligues pour Marcoux, qui était sans emploi dans la LNH depuis son départ de Calgary, en 2009. Le Québécois a depuis donné des cours privés dans la métropole albertaine, en plus d'être consultant pour Hockey Canada. Pour l'instant, sa famille demeure encore à Calgary.

Un nouveau défi

Jusqu'ici, c'est plutôt concluant pour le duo Marcoux-Ward. Si les Hurricanes gisent au 16e et dernier rang dans l'Est, on ne peut pas accuser le gardien.

Après un début de saison difficile (16 buts accordés à ses quatre premiers matchs), Ward est retombé sur ses pieds. Il présente une efficacité de ,926 depuis le 1er novembre. Le problème, c'est que les Hurricanes marquent les buts au rythme d'une équipe de soccer. En 12 matchs en décembre, ils ont inscrit deux buts ou plus seulement trois fois : des victoires de 2-1 et de 4-1 et une défaite de 3-2 en tirs de barrage.

Bref, Ward est en voie de freiner la tendance à la baisse qu'il affichait depuis qu'il a présenté une efficacité de ,923 en 2010-2011. Ce chiffre a ensuite baissé d'année en année : ,915 la saison suivante, ,908 en 2013 et ,898 l'an dernier.

«C'est intéressant comme défi, reconnaît Marcoux. C'est de connaître son historique. Ç'a été difficile pour lui depuis quelques années. C'était un des mieux payés de la LNH, avec un contrat à long terme. Il a eu des blessures, les gens l'oublient. Son fils est né sourd. Ces choses le tracassaient. Maintenant, son état d'esprit est bon.

«Et il y a l'analyse. Il ne va pas passer deux heures à répéter des gestes techniques. Il adore les discussions, la vidéo. Plutôt que de passer deux heures sur la patinoire le lendemain d'un match, on va revoir la vidéo du match et on s'améliore comme ça. Dans sa tête, c'est comme s'il avait joué le double des matchs cette saison. Il ne se fatigue pas, et l'entraînement mental, j'y crois.»

«Ça fait du bien de regarder de la vidéo, pas seulement tes défauts, mais aussi ce que tu fais de bien, pour demeurer positif. David arrive tôt à l'aréna et regarde beaucoup de vidéos», a expliqué Ward.

Avec quel gardien?

Reste à voir si Marcoux travaillera longtemps avec Ward. Les Hurricanes sont en reconstruction et le contrat de Ward, d'une valeur annuelle de 6,3 millions de dollars, vient à échéance à l'été 2016.

«Il me reste une autre saison ici, mais à 30 ans, je peux encore jouer longtemps, souligne l'Albertain. J'ai besoin de l'aide de David pour prolonger ma carrière.»

Il y a toujours la possibilité que les Hurricanes le liquident pour regarnir leur banque d'espoirs. Ou que Ward n'ait pas la patience d'endurer une reconstruction.

«Évidemment, on joue pour gagner, et ça fait cinq ans qu'on rate les séries. Ç'a été frustrant. Mais je veux faire partie de la solution, pas du problème », conclut Ward.

La relève devant le filet à moyen terme est mince. Le meilleur espoir, Alex Nedeljkovic, a été repêché au 37erang en juin dernier et a 18 ans. L'auxiliaire de Ward, Anton Khudobin, affiche des statistiques à la baisse cette saison après deux campagnes encourageantes.

Si Ward devait partir, il ne serait alors pas exagéré de parler d'un autre défi pour David Marcoux.

Dans le vestiaire

Price à son poste

Carey Price défendra le filet du Canadien face aux Hurricanes. Le gardien du CH obtiendra donc un 10e départ de suite. Il s'agit de sa plus longue séquence depuis février 2012, quand il avait aussi amorcé 10 rencontres d'affilée. Michel Therrien n'a toutefois pas voulu confirmer si Dustin Tokarski obtiendra le départ demain, face aux Panthers de la Floride, pour le deuxième match en 24 heures. «Un gars comme Tokarski va jouer au cours du voyage», s'est-il contenté de répondre. Le CH disputera aussi deux matchs en deux soirs vendredi et samedi, respectivement au New Jersey et à Pittsburgh.

Deux retours attendus

Les Hurricanes salueront deux retours au jeu à l'avant pour le duel face au Canadien. D'une part, Jordan Staal disputera son premier match de la saison. Le centre s'est fracturé la jambe droite en match préparatoire. Si on se fie aux trios observés à l'entraînement d'hier, il formera une unité avec son frère Eric et le minuscule Nathan Gerbe. D'autre part, Jiri Tlusty reviendra au jeu après avoir raté sept rencontres en raison d'une blessure au haut du corps. Avant de tomber au combat, le Tchèque comptait 10 buts en 28 matchs. Tlusty et Jordan Staal tenteront de réanimer une attaque moribonde. Auteurs de seulement 16 buts en 12 matchs en décembre, les Hurricanes (2,00) sont pratiquement aussi nuls offensivement que les pauvres Sabres de Buffalo, 30es dans la LNH avec une moyenne de 1,86 but marqué.

Si la tendance se maintient...

Jamais facile de jouer après une longue pause. Le Canadien l'a appris à ses dépens le 28 novembre dernier, quand il s'est incliné 2-1 devant les Sabres de Buffalo après un repos de quatre jours. Cette fois, le congé de Noël a donné au CH une pause de cinq jours. La tendance des dernières années joue toutefois en faveur du Tricolore. L'équipe a remporté son premier match après Noël dans six des sept dernières saisons complètes, soit depuis 2006. La seule exception: un revers de 4-1 le 26 décembre 2010 face aux Islanders de New York.

Loin de Brossard...

En raison d'un événement réservé aux détenteurs d'abonnements de saison, les Hurricanes n'ont pas pu accueillir le CH au PNC Arena pour l'entraînement, hier. Le Canadien a donc dû se rabattre sur l'aréna d'entraînement des Hurricanes, le Raleigh Ice Center. Un aréna où règne un froid polaire, où il n'y a que trois rangées d'estrades entre les deux lignes bleues, avec un plafond haut d'une dizaine de mètres, tout au plus. La mêlée de presse de Michel Therrien a eu lieu dans le hall d'entrée, tout près d'une machine à crème glacée et d'un jeu d'arcade, tandis que les joueurs se sont changés au PNC Arena et ont pris l'autobus avec leur équipement. Bref, on était loin du centre d'entraînement d'équipes comme le Canadien, les Rangers ou les Capitals... «On n'y va pas très souvent, mais un peu plus depuis quelques semaines parce que l'université North Carolina State joue ses matchs [de basketball] ici», a rappelé Cam Ward, visiblement pas très entiché de son centre d'entraînement. Heureusement pour les Hurricanes, les spectacles sont rares au PNC Arena. En janvier, il n'y en a que deux à l'horaire: un spectacle d'humour et un rodéo.