Après des années de stabilité, autant chez le personnel d'entraîneurs que dans la philosophie de l'organisation, le directeur général David Poile a opéré un virage à 180 degrés l'été dernier. Non seulement Barry Trotz a-t-il été congédié après 15 ans de service, mais encore Poile a choisi de donner une orientation plus offensive à son club réputé défensif.

Depuis leur fondation, les Predators ont atteint les séries éliminatoires à sept reprises, mais ils n'ont jamais franchi la deuxième ronde. Ils ont en outre été exclus des séries lors des deux dernières saisons.

«Nous avons connu du succès jusqu'à un certain point avec nos formations réputées pour leur ardeur au travail, mais les années m'ont amené à réaliser qu'il faut plus d'attaque pour espérer gagner en séries, a confié Poile cette semaine à La Presse, lors d'une entrevue téléphonique. Nous n'étions pas assez menaçants pour l'adversaire. Nos gardiens et notre défense ont toujours constitué nos forces, mais il faut marquer davantage.»

Après six matchs cette saison, les Predators sont toujours invaincus. Ils ont marqué en moyenne 2,5 buts par match, ce qui les place au 18e rang de la LNH à ce chapitre. C'est un début. «Avec tous ces changements, cinq matchs demeure nt un échantillon plutôt mince, mais on espère que ça va continuer», mentionne Poile.

Au cours de l'été, Poile a d'abord obtenu le marqueur James Neal, des Penguins de Pittsburgh, en retour de Patric Hornqvist. Il a acquis Mike Ribeiro, Derek Roy et Olli Jokinen sur le marché des joueurs autonomes. Le jeune Filip Forsberg s'est vu offrir un rôle plus important au sein du premier trio. Peter Laviolette, un entraîneur résolument axé sur l'attaque, a été embauché pour succéder à Trotz.

La plupart des meilleurs jeunes joueurs des Predators demeurent cependant des défenseurs, comme Roman Josi, Seth Jones et Ryan Ellis. D'où les embauches de Ribeiro, Neal et compagnie pour colmater les brèches en attendant la relève.

«Nous avons donné à nos recruteurs de nouvelles orientations, confie Poile. Auparavant, nous avions peut-être tendance à opter pour des choix plus sûrs au repêchage, mais désormais, nous tenterons d'obtenir des joueurs plus offensifs. D'ici là, malgré un style de jeu plus offensif, nous ne transformerons pas des marqueurs de 10 buts en compteurs de 20 buts. Mais nous serons différents.»

Nouvelle philosophie

Le miraculeux échange de Filip Forsberg aidera les Predators à se donner une orientation plus offensive. À la date limite des transactions, en mars 2013, Poile avait réussi à refiler le vétéran récalcitrant Martin Erat aux Capitals de Washington en retour de Forsberg, qui était pourtant leur premier choix en 2012 et leur meilleur espoir offensif. Erat a fait chou blanc à Washington avant de partir pour l'Arizona, le DG des Capitals George McPhee a été congédié l'été dernier et Forsberg connaît un départ intéressant avec cinq points en six matchs, un sommet chez les Predators, à égalité avec Ribeiro.

«C'est l'exemple parfait, reconnaît Poile. Il n'était pas prêt l'an dernier, mais il affiche beaucoup plus de maturité cette saison.»

Pour donner à Forsberg et à son premier trio un centre de qualité, Poile a pris le risque de faire appel à Mike Ribeiro, qui n'était plus dans les bonnes grâces des Coyotes de l'Arizona l'an dernier en raison de problèmes personnels. «Sa famille et lui travaillent très fort à mettre ces problèmes derrière eux, dit Poile. Il voulait un changement et il se sent bien ici. C'est le type de joueur offensif sur lequel nous n'avons jamais pu compter ici à Nashville. Il peut aussi être efficace défensivement, mais nous l'avons d'abord embauché pour amasser des points.»

Reste que les Predators ne connaîtront pas de succès sans un gardien Pekka Rinne en grande forme. Il montre jusqu'ici une fiche de 4-0-1, avec une moyenne de 1,55 et un taux d'arrêts de ,940 depuis le début de la saison, après avoir raté la majorité des matchs l'an dernier en raison d'une blessure. «Il demeure notre plus importante acquisition de la morte-saison, ironise Poile en référence au fait que l'équipe ne pouvait compter sur lui l'an dernier. Le fait de l'avoir perdu pour 51 matchs l'an dernier nous a rendu la tâche très difficile.»

Les Predators optent donc pour un virage offensif, et leur ancien entraîneur Barry Trotz se retrouve désormais avec un club résolument offensif à Washington avec Alex Ovechkin et compagnie. «Il demeure un excellent entraîneur, les Capitals connaissent d'ailleurs un excellent début de saison. Mais vient un temps où il faut se séparer», résume David Poile.

Nouvelle terreur de la LNH ou feu de paille, ces Predators? À suivre!

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