Il y a un an, Jonathan Drouin pensait vivre un été unique, celui de ses débuts dans la Ligue nationale de hockey et de ses adieux au hockey mineur. Il venait d'être repêché au troisième rang par le Lightning de Tampa Bay, et les médias parlaient de lui comme d'un candidat au titre de recrue de l'année dans la LNH.

Forcément, il a commencé à y croire. «Les médias québécois le voyaient déjà jouer avec Stamkos et St-Louis et parlaient de lui comme d'un candidat au Calder. Alors c'est certain que de ne pas rester dans la LNH a été une déception», explique son entraîneur avec les Mooseheads de Halifax, Dominique Ducharme.

Le titre de recrue de l'année est finalement allé à Nathan MacKinnon, un ancien coéquipier de Drouin. L'attaquant québécois, lui, a passé la saison à Halifax. Il a d'abord été déçu. Puis il s'est repris en main. Il a connu une belle année. «Il a vraiment bien utilisé sa saison», estime son entraîneur.

Durant les séries, même si son équipe a été éliminée en demi-finale, le joueur a réussi à rester tout en haut du tableau des marqueurs dans la LHJMQ. Ses 41 points en 16 matchs de séries lui ont permis d'éclipser de peu Anthony Mantha et ses 38 points en 24 matchs.

Drouin a aussi évolué au centre, après plusieurs saisons à l'aile. Il a brillé au cercle des mises au jeu avec environ 65% d'efficacité. Il a aussi peaufiné son jeu défensif.

Il revient tout juste du camp de développement du Lightning de Tampa Bay. «Je veux faire l'équipe encore plus que l'année dernière, explique Drouin au bout du fil. En même temps, je suis très conscient que j'ai des choses à prouver et mon but, c'est de le faire cette année.»

Un projet à long terme

Même s'il se dit que rien n'est acquis, à peu près personne ne doute que Drouin aura sa chance à l'automne. Le Lightning a un urgent besoin d'attaquants. L'équipe a perdu Martin St-Louis en cours de saison. Le directeur général Steve Yzerman a aussi passé un coup de balai à l'avant en se débarrassant, au printemps, de Nate Thompson, Teddy Purcell et B.J. Crombeen.

La porte est ouverte pour Jonathan Drouin. Il pourrait même avoir sa chance avec le premier trio et personne ne serait surpris sous le soleil de la Floride.

«Je n'ai eu aucune discussion au camp de développement. Tout ça va se faire au camp à la rentrée», note Drouin. D'ici là, il s'entraîne au gymnase six jours par semaine. «Le but n'est pas de prendre trop de poids. Je ne veux pas peser 200 livres et frapper tout ce qui bouge, dit-il. Ce n'est pas mon style. Je veux pouvoir batailler le long de la rampe et gagner mes batailles. Mais j'ai un style basé sur la vitesse, et ça ne va pas changer.»

L'entraîneur Jon Cooper a été clair sur ses intentions. Récemment, à un journal local, il a déclaré que le renvoi de Drouin dans les mineures n'avait pas pour but «d'envoyer un message» la saison dernière. C'était plutôt une manière de lui laisser le temps de mûrir. «Nous n'investissons pas dans Jonathan Drouin pour un an, a dit l'entraîneur-chef du Lightning. Nous investissons dans Jonathan Drouin pour 10 ans ou plus. Pourquoi voudrions-nous nous presser?»

C'est là la sagesse d'un entraîneur. Pour un jeune de 19 ans, par contre, il est plus difficile de voir les choses ainsi. Drouin a dû s'y faire, et la leçon l'a aidé à grandir, selon lui.

Au printemps, après l'élimination des Mooseheads contre les Foreurs de Val-d'Or, Drouin a fait ses adieux à Halifax, à sa famille d'accueil et à l'équipe. Il laisse beaucoup derrière lui. Son plus beau souvenir en carrière reste la Coupe Memorial remportée au printemps 2013. «Je n'ai jamais rien remporté d'aussi gros avant», dit-il.

Ça aura pris un an de plus, mais voilà qu'il est là, l'été des adieux que Jonathan Drouin attendait tant. L'heure est venue de tirer un trait sur le hockey mineur.

Dominique Ducharme sait qu'il aura un grand vide à combler à l'attaque. Mais il préfère penser à ce qui attend son jeune joueur. «On espère ne plus le revoir! lance l'entraîneur. C'est ce que je lui souhaite.»