Le 13 février 2013, Antoine Roussel dispute son cinquième match dans la Ligue nationale de hockey. L'enjeu est grand pour ce Français que les équipes n'ont jamais estimé digne du repêchage. Roussel n'a pas envie de retourner dans la Ligue américaine. Il est prêt à tout pour faire sa place.

C'est arrivé au cours du match contre les Flames de Calgary. À quelle période? Ça n'a aucune importance. Jarome Iginla, la légende, donne un coup de bâton à Roussel. D'autres recrues auraient laissé passer. Mais pas lui. Le combat a été furieux.

«On entend souvent des histoires de gars qui montent et redescendent. Ils jouent un ou deux matchs puis finalement ils retournent en bas et leur chance est passée. Moi, je voulais vraiment saisir ma chance, je voulais vraiment tout faire ce que je pouvais pour rester le plus longtemps possible en haut, raconte Roussel au bout du fil. Ça m'a permis de me faire une niche avec les Stars.»

Entrons dans le monde d'Antoine Roussel, celui d'un Français déménagé à 15 ans au Québec; celui d'un joueur aux habiletés moyennes, mais au coeur immense; celui d'un jeune que plusieurs n'imaginaient pas dans la LNH mais qui est en train de faire mentir ses détracteurs.

Car durant cette saison, sa deuxième dans la LNH, Roussel s'est fait un nom. Les Stars en ont fait un joueur régulier. Il a disputé 81 matchs, marqué 14 buts, inscrit 29 points et passé 209 minutes au banc des punitions.

«Je suis quand même assez satisfait de ma saison. Mon objectif numéro un en septembre, c'était de m'établir dans la Ligue nationale par n'importe quel moyen, explique-t-il. Je ne dirais pas que j'ai déjà réussi. Mais je suis en bonne voie de le réussir.»

Remarqué en séries

Les qualités du jeu de Roussel ne sont pas toujours reflétées sur les feuilles de pointage. C'est un joueur acharné qui patine comme nul autre et frappe sans lendemain. Son nom commence d'ailleurs à circuler dans la Ligue. Il est maintenant l'un des agitateurs les plus en vue du circuit. Durant les séries, il a fait sortir de ses gonds les meilleurs joueurs des Ducks d'Anahein, Ryan Getzlaf et Corey Perry.

«Ça fait partie du rôle. On voulait les limiter. Ce sont les meilleurs joueurs adverses. Ce sont des cibles, c'est sûr, note Roussel, qui s'est battu avec les deux. J'entends souvent que j'ai une réputation, qu'on n'aime pas ça jouer contre moi, que je suis fatigant, énervant. Je pense que j'ai un peu ce rôle-là effectivement.»

L'été sera important pour l'attaquant. Son contrat de deux ans (613 000 $ par année) vient à échéance avec les Stars. Il a bon espoir de rester à Dallas. Tout indique qu'il est dans les plans de l'organisation et lui-même se sent bien au Texas.

«Depuis que je suis jeune, comme tous les petits Québécois, les petits Français, on s'identifie au Canadien. Quand on visitait le Québec, on assistait aux matchs du Canadien. Moi, je rêvais de porter cet uniforme-là, ç'aurait été fou, explique Roussel. Maintenant, je suis bien à Dallas. On m'a donné ma première chance. Et le Texas, c'est vraiment génial, les gens sont chaleureux. J'adore ça.»

Les débuts professionnels de Roussel n'ont pas été faciles - il a été boudé au repêchage, a joué pour trois équipes de la Ligue américaine de hockey, est passé par la East Coast League - mais enfin le Français a sa chance.

Il y a au moins un homme de hockey qui n'est pas surpris de la progression de Roussel. Richard Martel a connu le jeune Français lors de son passage chez les Saguenéens de Chicoutimi. L'entraîneur le place sur une courte liste de joueurs capables de faire mentir leurs détracteurs grâce à une détermination hors du commun. «J'ai eu Antoine, Éric Landry, Steve Bégin. Mais ils sont rares ces gars-là. Je les compte sur les doigts d'une seule main.»