Le temps est venu pour le Canadien de créer un peu de concurrence au sein de l'équipe.

Le Canadien n'avait aucun attaquant en surplus depuis la perte d'Alex Galchenyuk et le jeu de chaises musicales à la ligne bleue ne donne pas de résultats probants. Voilà qu'entrent le centre Joonas Nattinen et le défenseur Nathan Beaulieu, rappelés hier matin des Bulldogs de Hamilton. Les deux nouveaux venus seront en uniforme ce soir devant les Maple Leafs de Toronto et auront la chance de brouiller les cartes.

«On n'obtient pas mille occasions, et celle-là est grosse, anticipe Beaulieu. J'ai l'impression que ce rappel-là est différent des précédents. Si je veux rester, je dois faire mes preuves, et le temps est venu de le faire.»

L'arrière de 21 ans a connu des hauts et des bas en début de saison, mais il était sur une lancée dernièrement, avec cinq points à ses cinq derniers matchs.

«Je suis devenu un joueur plus mature, nous a-t-il expliqué. Mon style était un peu éparpillé et totalement axé sur l'offensive. Or, je ne suis plus dans le junior, je ne peux plus jouer comme ça. J'ai grandement corrigé mon jeu au cours de la dernière année et demie et je sens que je suis prêt.»

Il n'y a aucun doute que le Canadien est disposé à lui ouvrir la porte. La saison difficile de Raphael Diaz pourrait lui permettre de remplir le rôle dévolu à l'origine au défenseur suisse. Diaz a raté l'entraînement d'hier à cause d'un vilain rhume (tout comme Lars Eller), et l'on ne sait pas vraiment si c'est lui qui écopera avec l'arrivée de Beaulieu.

Chose certaine, avec Douglas Murray, Alexei Emelin et Francis Bouillon qui ne cassent rien non plus, une injection de talent ne saurait nuire.

«Beaulieu patine bien et possède un bon jeu de transition, a rappelé Michel Therrien. Or, c'est l'un des éléments sur lesquels on travaille énormément ces temps-ci. On pense qu'il peut nous aider sur cet aspect-là.»

Le fait que Beaulieu soit gaucher pourrait le favoriser en avantage numérique, si jamais Therrien continue d'employer le droitier P.K. Subban pour l'entièreté des deux minutes d'attaque à cinq.

Nattinen: bâti pour un quatrième trio

La plupart des fois où l'on a croisé Joonas Nattinen, le grand Finlandais avait le regard sombre. Il longeait les murs du Complexe sportif de Brossard, incapable de prendre part à un camp de perfectionnement ou à un camp des recrues en raison d'une blessure. Son développement en a souffert.

Quel contraste avec son sourire radieux, hier à Toronto!

«Ç'a été une longue route pour moi, convient le centre de 23 ans, qui avait été le choix de troisième ronde du Canadien en 2009. Ces épreuves m'ont fait grandir sur le plan sportif et sur le plan personnel.»

C'est l'entraîneur-chef des Bulldogs Sylvain Lefebvre qui, tôt hier matin, lui a appris la nouvelle.

«Par trois fois, le téléphone a sonné et j'ai essayé de raccrocher, s'est-il esclaffé. Mais ça a été un réveil assez plaisant!»

Il s'agit pour Nattinen d'un premier rappel dans la LNH. Ses chances de coller avec le grand club sont bien moindres que celles de Beaulieu, mais on constate qu'aucun centre naturel n'a vraiment été en mesure de combler l'absence de Ryan White sur le quatrième trio.

L'attaquant de 6 pieds 2 et 187 livres n'a récolté que 5 buts et 11 points en 37 matchs avec les Bulldogs cette saison, mais il s'est distingué par sa constance et la qualité de son jeu défensif.

«À Hamilton, l'entraîneur me disait que mon rôle dans la LNH serait celui de centre de troisième ou quatrième trio, et c'est la raison pour laquelle il m'employait de cette façon-là là-bas.»

Therrien aussi a vanté ses qualités défensives.

«Et on veut tenter de se grossir un peu plus» a-t-il pris soin d'ajouter.

L'essai d'Eller à l'aile se poursuivra

La victoire laborieuse de jeudi à Ottawa ne saurait cacher le fait que le Canadien éprouve des difficultés. Un électrochoc était nécessaire pour améliorer la relance de l'attaque et aussi l'exécution défensive de plusieurs joueurs.

Therrien aura avec Nattinen une arme de plus à son arsenal, lui qui semble déterminé à donner une chance à Lars Eller à l'aile gauche de Tomás Plekanec.

«On a essayé plusieurs combinaisons avec Plekanec et Gionta, et c'est quelque chose qui me trottait dans la tête depuis un certain temps», a confié l'entraîneur, qui répétera l'expérience face aux Leafs si jamais Eller est rétabli. «Lars peut compléter ces deux-là par son bon physique et son travail le long des rampes. On sait tous qu'à domicile, surtout, ce sont des joueurs qu'on emploie contre le meilleur trio adverse. Or, Eller est employé en désavantage numérique, il a une bonne compréhension du jeu défensif et il peut aussi créer des choses en attaque.

«Il s'agit maintenant de trouver de la chimie au sein des deux derniers trios...»

L'exubérance de Subban, vol. 12

Le gardien des Sénateurs d'Ottawa Craig Anderson n'a pas aimé la célébration de P.K. Subban après son but en prolongation, jeudi soir.

«Ce n'était pas nécessaire, a dit Anderson aux médias d'Ottawa. Mais on connaît sa personnalité... Ça devrait nous mettre en colère et nous inciter à ce que ça ne se reproduise plus.»

Une fois de plus, l'attitude de Subban dérange le monde propret et conservateur de la LNH. Mais le principal intéressé n'en a cure.

«Je vois plein de joueurs célébrer, des gars comme Patrick Kane, et personne ne dit rien, a rappelé Subban. Alors si l'on me voit célébrer et qu'on veut en parler, parfait. Ça me rentre par une oreille et ça sort par l'autre!»

Carey Price, pour qui Subban était particulièrement heureux d'aller chercher la victoire, y est allé de son grain de sel.

«Le hockey est un sport émotif, a dit le gardien de 26 ans. On doit garder une certaine humilité à l'esprit, mais il faut aussi avoir du plaisir, c'est ça la base du jeu.»

Mais pourquoi la LNH, au contraire de la NFL par exemple, se méfie autant de l'exubérance?

«Je pense qu'il y a la crainte de se faire tabasser plus tard. Il n'y a pas d'autres sports qui soient comme ça...»