George Parros est un type éduqué. Il est diplômé en économie de l'Université Princeton, il a déjà disserté sur la grève des débardeurs dans les ports de la côte Ouest américaine, en 1934, et il garde le best-seller Freakonomics à son chevet.

Alors retourner sur les bancs d'école, ça ne l'effraie pas!

Le dur à cuire du Canadien, qui a été laissé de côté au cours des cinq derniers matchs, fait partie d'un contingent d'une dizaine de joueurs qui suivent depuis quelques semaines des cours de français offerts par l'équipe.

«C'est la première année que l'équipe fait cela et ça ne produira pas de résultats du jour au lendemain, prévient Parros. Les joueurs commencent à peine à se familiariser et ça va prendre du temps avant qu'ils puissent utiliser le français à leur aise. Mais, au moins, il y a de l'intérêt et on a été plusieurs à se présenter en classe.

«C'est quelque chose qui doit faire boule de neige. Ce n'est pas encore le cas, mais il y a certainement un potentiel.»

Il y a longtemps que Geoff Molson souhaitait intégrer ces cours de français à la culture de l'entreprise. Il ne s'agit pas d'une initiative à court terme.

L'équipe a retenu les services de l'enseignante Nada Massoud pour rencontrer sporadiquement deux groupes de quatre ou cinq joueurs en fonction de leurs disponibilités. On a su que l'entraîneur adjoint Gerard Gallant entendait lui aussi s'y mettre très bientôt.

On comprendrait que des joueurs ayant un contrat à long terme avec le Canadien soient intéressés par la démarche. Mais venant de Parros, dont le contrat prend fin au terme de la saison et dont les services pourraient ne plus être requis, cela reflète une grande ouverture d'esprit.

«Je veux faire partie de la communauté rattachée à cette équipe, répond l'Américain de 33 ans. C'est quelque chose que j'ai tenté de faire avec toutes les équipes pour lesquelles j'ai joué. Dans ce cas-ci, apprendre le français en fait partie et c'est la raison pour laquelle je m'essaie. Même si ça ne devait être que pour une saison.»

Parros a suivi trois cours jusqu'ici, mais il poursuit la démarche à l'extérieur du Complexe sportif Bell, entre autres avec sa femme.

«Je reconnais les mots liés à la nourriture, mais je ne connais pas suffisamment mes verbes pour pouvoir commander au restaurant, raconte-t-il. Mais j'ai appris à dire: "J'aime ta moustache!"»

Parros a toujours perçu le français comme une langue difficile à apprendre. Jamais il n'aurait pensé un jour en commencer l'apprentissage.

«Je parle un peu l'espagnol et je constate que ça m'aide autant que ça me confond. En français, c'est la prononciation des mots, avec toutes les lettres muettes, qui me pose problème. Ma bouche n'est pas faite pour bouger comme ça!»