Grosse commande en vue: le Canadien affronte demain Sidney Crosby et sa bande au Centre Bell. Mais avant, il sera à Washington ce soir pour se mesurer aux Capitals. Il y aura bien sûr Alexander Ovechkin, qui est de retour en force, mais aussi un certain Mikhail Grabovski, qui connaît un nouveau départ avec les Caps.

À Montréal, on l'a connu jeune, immature, un peu absent. Mais voici qu'à 29 ans, à sa septième saison dans la Ligue nationale, Mikhail Grabovski est en train de se relancer chez les Capitals de Washington.

Grabovski, il est vrai, a vécu de bons moments entre Montréal et la capitale américaine. En tout, il a passé cinq saisons dans le maillot des Maple Leafs de Toronto, là où il a parfois fait parler son grand talent, surtout avec une production de 58 points en 2010-2011, un sommet pour lui en carrière.

Mais l'aventure torontoise s'est plutôt mal conclue pour lui, cet été, quand les Leafs ont choisi de racheter ce qui restait de son contrat, soit 4 saisons et 21,5 millions de dollars.

La décision a été dure à avaler pour le principal intéressé, qui a ensuite traité Randy Carlyle, l'entraîneur des Leafs, d'idiot lors d'une entrevue particulièrement spectaculaire sur les ondes d'une station radiophonique de Toronto.

«J'étais sur le point de me marier et je ne pensais pas à ces histoires de contrat et de rachat, a expliqué Grabovski hier, juste après l'entraînement de son club en banlieue de Washington. Mais je m'y attendais un peu. Jouer à Montréal, pour moi, c'était autre chose, je n'ai été avec le Canadien que pour une saison complète de 24 matchs. Mais Toronto, pour moi, c'est l'endroit où j'ai grandi comme joueur dans la LNH. J'avais des amis là-bas.»

Quand on lui parle de Randy Carlyle aujourd'hui, Grabovski est plus modéré («il m'a appris des choses, c'est un entraîneur exigeant qui insiste sur la discipline et le jeu défensif, ça m'a aidé»). Mais on sent aussi qu'il est encore un peu sous le choc de la décision torontoise, même quatre mois plus tard.

«C'est ça, la vie de joueur de hockey... On ne sait jamais ce qui peut arriver. Je peux maintenant dire que c'est une bonne chose. Mais ce fut terrible pour moi, quand les Leafs m'ont laissé partir.»

Les ennuis de Grabovski chez les Leafs, et ses commentaires après le rachat, n'ont certes pas aidé à sa réputation de type qui n'existe un peu que dans son propre monde, électron libre sur patins qui n'avance qu'au rythme de son propre tambour.

Mais Adam Oates, l'entraîneur des Capitals, n'hésite pas à lui lancer des fleurs.

«Il fait du très bon boulot depuis qu'il est avec nous, de répondre Oates. Il est arrivé ici et il a dû apprendre un nouveau système de jeu, ce qui n'est pas toujours facile.»

Depuis le début de la saison, l'ancien choix de cinquième tour du Canadien a déjà 18 points au compteur, et s'il garde le rythme, il pourrait connaître la meilleure saison de sa carrière, rien de moins. Pas si mal pour un gars qui a dû se contenter d'un contrat d'un an cet été avec les Capitals, au salaire de trois millions de dollars.

«Je suis à l'aise par ici, répond-il quand on lui demande d'expliquer son gros début de saison. Washington, c'est une très bonne place pour jouer au hockey.»

Ce soir, Grabovski et ses collègues des Capitals vont accueillir le Canadien. Ce Canadien qui l'a naguère repêché en 2004.

Ce mariage, on le sait, n'aura pas tenu le coup. En tout 27 matchs en deux saisons, et un passage montréalais fortement marqué par la fois où l'attaquant, pas content de son temps de jeu, avait choisi de rater un vol d'équipe...

«Je n'ai peut-être pas eu la patience d'attendre mon tour avec le Canadien, admet-il aujourd'hui. J'étais jeune. En tant que joueur, on veut jouer, prouver quelque chose. Mais ça s'est bien terminé pour moi.»

Grabovski dit qu'il a encore quelques amis dans le camp montréalais, mais on peut certes rayer de cette liste sélective le nom de Max Pacioretty. C'est ce même Pacioretty qui l'avait accusé de l'avoir mordu lors d'un match au Centre Bell en février...

«Comment va son oreille?», a demandé Grabovski hier, au moment de prendre congé. Comme quoi il y a parfois des choses qui ne changent pas tant que ça.