Lorsque le match entre les Jets et les Devils du New Jersey a pris fin, dimanche soir à Winnipeg, personne dans les deux équipes n'avait joué autant que le défenseur recrue Jacob Trouba (26:36). C'était la 3e fois en 5 matchs que l'arrière de 19 ans menait les Jets sur le plan du temps d'utilisation.

Plus particulier encore: dès son premier match dans la Ligue nationale, le 1er octobre contre Edmonton, il a été le joueur le plus utilisé des deux équipes. On peut parier que ça ne s'est pas produit souvent dans l'histoire de la ligue.

«Bof, je suis ici pour jouer, a simplement dit Trouba en haussant les épaules. Ç'a toujours été comme ça avec mes équipes précédentes, j'ai toujours joué beaucoup.»

Trouba a été sélectionné au neuvième rang du repêchage de 2012. Cette cuvée portait le sceau des défenseurs puisque, outre Nail Yakupov et Alex Galchenyuk, tous les autres espoirs réclamés parmi les 10 premiers étaient des défenseurs.

On ne voyait peut-être pas Trouba comme un arrière à caractère offensif, car son travail dans son territoire et sa robustesse avaient d'abord attiré les regards. Sauf qu'à sa première - et seule - saison à l'Université du Michigan, les vannes se sont ouvertes.

À 18 ans, Trouba a inscrit 12 buts et 29 points en 37 rencontres, ce qui a constitué la meilleure récolte pour un défenseur dans la division centrale de la NCAA (la CCHA). Mais surtout, aucun défenseur de première année, à part Jack Johnson, n'avait produit autant dans l'histoire de la NCAA.

Résultat: il s'est retrouvé dans la première équipe d'étoiles du circuit universitaire, et il a compris qu'il ne gagnerait rien à rester plus longtemps au Michigan.

«Après la fin de la saison, je me suis assis avec mes parents et mon conseiller, et on en a discuté. C'est ce que je voulais faire et je me sentais prêt.»

L'arrière de 6'2 et 187 lb a bouclé ses valises et est venu rejoindre les Jets pour la fin de la saison, le printemps dernier. Il n'a pas joué un seul match, mais a néanmoins beaucoup appris.

«Ça m'a beaucoup aidé de connaître les gars et d'observer leur routine quotidienne. Ça m'a aidé à comprendre ce que ça prend, en matière d'éthique de travail, pour jouer à ce niveau-ci. Disons que ça m'a bien servi pour l'été.»

«Il joue comme un vétéran»

Au camp d'entraînement, une blessure au défenseur Grant Clitsome a ouvert une porte, et Trouba a immédiatement saisi l'occasion.

«Il est fantastique, car même s'il y aura des petits accrocs en cours de route, il joue déjà comme un vétéran», a commenté le gardien Al Montoya après la victoire des Jets contre les Devils.

«Ce soir, il est demeuré calme durant le trois contre cinq... même si je criais après lui! Mais quand on prend un pas de recul et qu'on se dit: voilà un jeune de 19 ans qui était à l'école l'an dernier et qui habitait chez ses parents, c'est phénoménal. Surtout que j'ai joué avec des gars de 35 ans qui ne savaient pas comment se positionner...»

Jumelé à la ligne bleue à Zach Bogosian, qui exerce un certain ascendant sur lui, Trouba a immédiatement démontré qu'il avait sa place dans la Ligue nationale de hockey.

«Il joue avec beaucoup de calme, il oublie ses erreurs et affiche beaucoup de confiance, a expliqué l'entraîneur-chef des Jets, Claude Noel. On observe les détails de son jeu, que ce soit son coup de patin, son travail autour de notre filet ou la qualité de ses décisions, et l'on voit que c'est un bon joueur.»

Il faudra du temps à Trouba pour que sa robustesse s'ajuste entièrement à la vitesse du jeu de la LNH. Peut-être est-ce l'une des raisons pour lesquelles les Jets demeurent prudents en parlant de lui. Mais l'utilisation qu'ils en font démontre que le jeune Américain, malgré ses 19 ans, est appelé à devenir un défenseur dominant avant longtemps.