Parfois, de parfaits inconnus se servent de la grande scène des séries pour se faire un nom sur la planète LNH. C'est un peu ce que Damien Brunner est en train de faire.

Il y a un an à peine, cet attaquant de 27 ans patinait dans sa Suisse natale, bien loin des gros projecteurs de la Ligue nationale de hockey. Mais dans le milieu, en coulisse, on commençait à parler de lui; tout d'un coup, plusieurs équipes ont décidé de le courtiser activement.

Brunner n'a rien oublié de tout ça. Sauf peut-être le nombre de clubs qui se sont lancés à sa poursuite.

«J'ai parlé à plusieurs équipes, je ne sais plus trop le nombre exact, raconte-t-il. Après trois semaines de discussions, je me souviens que cinq équipes étaient dans la course, puis seulement deux. À la fin, j'ai dû choisir entre les Red Wings de Detroit et le Lightning de Tampa Bay.»

Brunner a fini par dire oui aux Wings, qui lui ont offert un contrat d'une seule saison en juillet dernier. Mais pourquoi Detroit et pas les palmiers de Tampa?

«C'était vraiment 50-50, et ce fut une décision difficile à prendre... Et ce fut aussi très difficile de dire non à Steve Yzerman! Mais j'avais la chance de jouer pour une équipe au passé glorieux comme les Wings, la chance aussi de jouer avec des gars comme Henrik Zetterberg et Pavel Datsyuk. Ce fut un honneur de me retrouver ici, et les Wings m'ont tout de suite donné l'occasion de me mettre en valeur.»

En jasant un brin avec Damien Brunner dans le vestiaire de son club au Joe Louis Arena, à Detroit, on finit par apprendre qu'il a un très bon ami chez le Canadien de Montréal: le défenseur Raphael Diaz, avec qui il a joué pendant quelques années au sein du club de Zoug, dans la Ligue suisse. Les deux amis ont aussi patiné ensemble pour ce même club en début de saison, pendant le lock-out de la LNH.

Brunner avoue que Diaz l'a aidé dans sa quête d'un boulot dans la LNH... mais qu'il n'a pas tenté de le convaincre de venir à Montréal. Au fait, le principal intéressé affirme que le club montréalais n'a jamais été dans cette course, contrairement aux rumeurs qui ont circulé l'an dernier à ce sujet.

«Le Canadien ne faisait pas partie des clubs qui s'intéressaient à moi, tient-il à préciser. Mais Raphael est mon ami depuis longtemps, et il m'a aidé en répondant à toutes mes questions sur les équipes du circuit. On a parlé souvent de tout ça, mais au bout du compte, je devais prendre ma propre décision, et j'ai choisi Detroit.»

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À sa première saison par ici, Brunner a conclu le calendrier régulier au cinquième rang des marqueurs chez les Wings, avec 26 points en 44 rencontres. Ce soir, quand son club accueillera les Blackhawks de Chicago pour le quatrième match de cette série, Brunner tentera de poursuivre sur son étonnante lancée, lui qui a déjà 8 points en 10 matchs depuis le début des séries.

On pourrait s'étonner en voyant ces chiffres, surtout pour un type qui est arrivé dans la LNH sur le tard, après plus de six saisons dans la ligue de son pays. Mais Brunner ne semble pas trop surpris. Et il prédit un débarquement massif de joueurs suisses dans la Ligue nationale au cours des prochaines saisons.

«Les joueurs suisses ont des buts différents maintenant, surtout les jeunes. Ils veulent venir jouer dans la Ligue nationale. Le calibre en Suisse est vraiment bon, et je n'ai pas du tout été surpris de voir l'équipe nationale se retrouver en grande finale aux Championnats du monde.

«Je me souviens, quand Mark Streit est venu jouer avec le Canadien, je consultais les sommaires des matchs dans les journaux pour voir ce qu'il avait fait la veille, les points, son nombre de minutes sur la glace. Il a été une sorte d'inspiration pour nous; avant lui, les seuls joueurs suisses qu'on voyait dans la LNH, c'était des gardiens.»

Plus maintenant. Et voilà que c'est peut-être le début d'un temps nouveau pour le hockey suisse. Avec Damien Brunner qui entend bien sonner cette charge.