«On va assister à la naissance d'une rivalité», disait Michel Therrien avant le début de la série. Eh bien, ça n'aura pris qu'un match!

La mise en échec d'Eric Gryba aux dépens de Lars Eller a mis le feu aux poudres et les émotions étaient à fleur de peau, vendredi matin, alors que les joueurs du Tricolore ont eu une rencontre d'équipe à Brossard pendant que seuls les substituts sautaient sur la glace.

Les commentaires de la veille l'entraîneur-chef des Sénateurs d'Ottawa Paul MacLean - à l'effet que la passe de Raphael Diaz à Eller est ce qui a mené aux blessures du jeune Danois - a soulevé l'ire de l'entraîneur-chef Michel Therrien.

«Il n'a aucune compassion pour le jeune homme sur la patinoire et pour sa famille, a lancé Therrien. Quand il a dit que c'était un hockey hit, il a donné des exemples provenant des années 70, 80 et 90. Or, c'est en plein le genre de coups qu'on essayait d'enlever du jeu. Des règlements ont été mis en place pour protéger les joueurs qui sont en position vulnérable.

«C'est un manque de respect total et des commentaires comme ceux-là, je n'accepte pas ça.»

Rappelons que MacLean a évoqué les noms des ex-défenseurs Scott Stevens, Doug Harvey, Barclay Plager et Gord Kluzak pour illustrer le fait que la zone où se trouvait Eller l'exposait aux mises en échec violentes.

«Si je suis Eller, je suis vraiment en colère contre le numéro 61 - quel que soit son nom - pour m'avoir passé la rondelle alors que je ne regardais pas», a indiqué MacLean après la rencontre.

Selon Travis Moen, l'entraîneur des Sénateurs est dans l'erreur en suggérant que Diaz avait tenté une passe suicide.

«Ce n'était pas une passe suicide, Lars était libre et Raphael lui a fait une passe, a soutenu Moen. Le gars s'est amené vers lui et l'a frappé à la tête. Il n'y a rien que Lars ou Raphael auraient pu faire.

«Je n'ai pas apprécié ce commentaire.»

Brandon Prust a été pas mal moins diplomate en parlant de MacLean.

«Il a déjà manqué suffisamment de respect comme ça. On ne se préoccupera pas de ce que ce gros morse aux yeux exorbités a à dire.»

«Un coup cochon»

Les panélistes des réseaux de télé anglophones s'entendaient jeudi soir pour dire que le coup de Gryba, même s'il avait causé des dommages fâcheux, était légal.

Inutile de dire que Prust n'était pas d'accord.

«Il a des fractures au visage, c'est un coup cochon, a-t-il résumé.

«Quand un défenseur s'avance pour frapper, il a toujours le choix. Or, il a enligné Eller. Au lieu de le frapper du côté de l'épaule rapprochée, il l'a frappé du côté éloigné. En agissant ainsi, il allait nécessairement passer sur son visage. Il ne cherchait pas l'impact d'un contact physique complet.»

Travis Moen croit lui aussi que la tête d'Eller était ciblée au moment du contact.

«On peut décortiquer le coup en le regardant au ralenti et le percevoir de façon différente, mais ça demeurait un contact à la tête, a mentionné Travis Moen. Il en revient à la ligue de décider comment elle va gérer ça.»

Chose certaine, tout cela ne ramènera pas le jeune Danois dans la formation à court terme. Eller a reçu son congé d'hôpital et il est au repos complet à la maison. On ignore pour l'instant la durée de son absence, mais le Canadien devra trouver le moyen de gagner sans son meilleur joueur de centre depuis un mois.

Quant à Gryba, il sera en uniforme ce soir s'il n'est pas suspendu à la suite du rendez-vous téléphonique qu'il avait à midi avec le Département de la sécurité des joueurs.

«Je fais confiance à la ligue - enfin, confiance, le mot est fort - pour le suspendre, a commenté Prust. En fait, non, j'espère qu'elle ne le suspendra pas.»

Du même souffle, le robuste ailier a mentionné l'importance de se concentrer sur la série et sur le fait de gagner des matchs.

«On va essayer de garder nos émotions sous contrôle afin de ne pas placer l'équipe en déficit», a souligné Prust.

C'était peut-être une bonne chose qu'il ventile en matinée, dans ce cas-là...

Photo André Pichette, La Presse

Brandon Prust et Travis Moen croient qu'Eric Gryba a ciblé la tête de Lars Eller en appliquant sa mise en échec.