L'heure est aux célébrations pour bon nombre d'amateurs de hockey après l'annonce d'une entente de principe entre les joueurs et la LNH. Mais tous les partisans de hockey ne jubilent pas. Amers ou en colère, plusieurs appellent au boycottage de cette saison tronquée et - avis aux intéressés - de nombreux abonnements se retrouvent déjà sur le marché.

Lorsqu'il a cliqué sur le bouton «J'aime» de la page Facebook du mouvement Just Drop It, Dave Lessard s'est engagé à boycotter, dès la fin du lock-out, autant de parties que le nombre de matchs annulés par la LNH depuis le 21 décembre dernier. Ce sont donc 10 matchs disputés par leur équipe préférée que lui et près de 21 000 personnes devront s'abstenir de regarder.

«Ce ne sera pas difficile», assure le résidant de Berthierville. Comme les autres adhérents du mouvement, il veut signifier à la LNH qu'elle manque de respect envers les partisans. «Gary Bettman gère ça comme une business, il oublie les fans», déplore Dave Lessard.

Just Drop It a été fondé par trois amoureux du hockey établis en Californie, dont deux sont originaires de Montréal. «On ne veut pas boycotter le hockey pour toujours, affirme Christian Lalonde, un ancien joueur de hockey professionnel. Dans le fond, on est vraiment des fans et on veut que le hockey soit fort. Mais on veut que la Ligue nationale respecte les partisans.» Conscient que plusieurs amateurs risquent de ne pas honorer leur promesse, M. Lalonde fait valoir que le geste se veut surtout symbolique.

Articles promotionnels

Détenteur d'un abonnement de saison, Pierre-Luc Stében n'a pas adhéré à Just Drop It. Il entrevoit néanmoins la fin du conflit avec beaucoup d'amertume. «Être riche, je mettrais la hache dans mes billets pour cette saison, dit celui qui compte en vendre plusieurs. Par contre, je vais assurément arrêter toutes mes dépenses reliées au hockey. Plus d'articles promotionnels, plus de bière et de nourriture au Centre Bell, du moins pour cette pseudo-saison de 50 matchs.» Le partisan croit que le Canadien devrait se montrer imaginatif et offrir un cadeau aux abonnés. «Dans certaines villes, les joueurs vont livrer les billets en personne aux détenteurs de billets de saison, constate-t-il. Ça pourrait être une idée. Ou bien offrir un chandail officiel de l'équipe signé par notre joueur préféré.»

Mathieu Benoît entend lui aussi vendre la majorité de ses abonnements. «Je ne suis pas trop, trop intéressé à voir une demi-saison. Une saison, pour moi, c'est 82 parties.» Mais pour lui, le boycottage n'est pas une option. «Si je boycotte, je perds mes billets pour les années suivantes», explique-t-il. Hier, le site internet Kijiji affichait une vingtaine d'annonces concernant la vente de billets pour le Canadien.

Tous ne bouderont pas

Quant à la direction de l'équipe, elle a bon espoir de voir les amateurs au rendez-vous. Depuis le début du conflit, seulement huit paires d'abonnements ont été retournées, soit 16 abonnés sur les 15 000 que compte le Canadien, a indiqué le directeur des communications de l'organisation, Donald Beauchamp.

En effet, tous ne bouderont pas les Glorieux. «Je suis très excitée de retourner au Centre Bell, a affirmé Karine Cousineau. Les relations de travail font partie de ma carrière et je ne suis pas amère face aux joueurs ni aux organisations qui semblent avoir de la difficulté à se défaire de Gary Bettman.»