Un Nord-Américain qui quitte la Ligue nationale de plein gré pour aller jouer en Suisse? Oui, ça existe.

Glen Metropolit n'a joué qu'une saison et des poussières avec le Canadien, le temps d'assister à l'autodestruction de l'équipe du Centenaire et de participer à la relève de la garde en 2010.

Son passage n'a peut-être pas marqué les partisans, mais c'était un type apprécié dans l'entourage de l'équipe. Issu d'un milieu difficile, il avait trimé dur pour faire carrière. Et même une fois «rendu», il ne l'a jamais vraiment été: en 18 saisons professionnelles, Metropolit a joué pour 16 équipes de six ligues différentes.

Lorsque s'est terminée la saison 2009-2010, lorsque Jaroslav Halak a été à court de miracles, Metropolit savait que son passage dans la LNH était terminé. Même s'il venait de connaître sa meilleure saison en carrière et qu'il avait dominé le Tricolore pour le nombre de buts en avantage numérique.

«J'arrivais à 35 ans et je ne voulais pas continuer l'engrenage des contrats d'un an et vivre chaque année l'angoisse de la date limite des transactions», a-t-il expliqué à La Presse.

Pour le bien de sa famille, il est parti jouer en Suisse.

Le casque de barbecue

Chez le Canadien comme lors de ses autres arrêts dans la LNH, Metropolit était surtout centre du quatrième trio. Pourtant, il n'est ni un joueur robuste, ni un as de la défense. C'est surtout un manieur de rondelle excessivement doué.

«En termes de hockey, j'ai plus de plaisir en Suisse que j'en avais dans la LNH, admet-il. Je peux pratiquer mon style. C'est vrai que les patinoires sont plus grandes, mais c'est moins exigeant physiquement parce qu'il y a moins de contact. Le jeu est axé sur le contrôle de la rondelle et c'est plus offensif.

«Dans la LNH, j'avais dû m'ajuster et devenir un joueur d'énergie, travailler en fond de territoire et jouer en fonction de mes ailiers. Mais c'est ce que ça prenait pour que je puisse rester dans cette ligue.»

Celui qui dans la LNH était forcé d'enfiler l'habit de plombier porte maintenant un chapeau de magicien en Suisse.

«Un casque de barbecue», corrige le vétéran.

Pardon, c'est vrai. Après 11 matchs, Metropolit est en tête des marqueurs du HC Lugano. Et comme c'est le cas dans toutes les équipes de la Ligue suisse, le premier marqueur porte un chandail différent ainsi qu'un casque sur lequel est peinte une grosse flamme.

C'est d'un chic.

Marché ouvert 24h

Metropolit recherchait la stabilité en Suisse. Pourtant, après moins de deux ans avec l'équipe de Zug, il a cru bon changer de camp.

Ici, pas de 1er juillet, pas d'ouverture du marché des joueurs autonomes. Le marché est toujours ouvert. Un joueur qui détient un contrat avec une formation peut décider, du jour au lendemain, de s'entendre avec un rival.

«Que voulez-vous, c'est comme ça que ça fonctionne ici, admet Metropolit en riant. J'ai signé avec Lugano à la fin janvier, mais j'ai tout de même terminé la saison avec Zug. Ça n'a rien changé à ma compétitivité, je voulais quand même gagner tous les soirs.»

Metropolit avait perçu avec raison que l'avenir serait plus brillant à Lugano qu'à Zug. Sans compter que le soleil y brille plus aussi!

«Les restaurants ici sont excellents, les Suisses italiens sont très sociables et l'on peut se rendre à Milan de temps à autre pour assister à un match de soccer... Je suis gâté de jouer dans un paradis de joueur de hockey!»

Pour couronner le tout, avec un salaire exempt d'impôt, avec l'appartement et la Skoda fournie, Metropolit croit rapporter davantage d'argent à la maison qu'il ne le faisait à l'époque où il grattait pour du temps d'utilisation dans la LNH.

Dans de telles conditions, Metropolit entend jouer le plus longtemps possible. Pourquoi ne pas imiter un autre ancien du Canadien, Paul DiPietro, qui était son coéquipier à Zug?

Ce dernier a pris sa retraite à la fin de la dernière saison à l'âge de 41 ans.