Cette année, Carey Price devra regarder les séries à la télé, bien assis sur son divan, et cela ne fait pas vraiment son affaire.

À seulement 24 ans, Price est un habitué des séries. Depuis qu'il porte le maillot bleu, blanc et rouge, Price a toujours pris part à la grande danse du printemps, même si c'est un certain Jaroslav Halak qui avait été la grande vedette du printemps 2010 à Montréal.

Pour Price, la dernière saison sans séries remonte à loin. À 2002-2003 plus précisément, lorsqu'il était un membre de la formation de Tri-City, dans la Ligue junior de l'Ouest. Et encore, Price n'avait participé qu'à un seul match au niveau junior cette saison-là.

En tout, que ce soit chez les pros, dans la Ligue américaine ou au hockey junior, Price a goûté à la fièvre des séries à chacune de ses 10 dernières saisons.

Et c'est pourquoi cette fin de saison est particulièrement pénible pour lui.

«Ce n'est pas plaisant, a-t-il admis hier matin à Brossard, au terme d'un entraînement intense. On joue en sachant très bien qu'on n'y arrivera pas. C'est difficile pour moi parce que je n'ai jamais raté les séries auparavant dans cette ligue. Ce qu'il nous reste, c'est la fierté. Il faut jouer pour la fierté.»

On pourrait croire que le club, qui va mettre le cap sur Buffalo aujourd'hui, en prévision d'une visite chez les Sabres demain soir, n'a plus une once de fierté, encore enfoncé au 15e et dernier rang de l'Association de l'Est. Mais Price insiste pour dire que le scénario d'un printemps sans séries lui déplaît beaucoup.

Et c'est sans doute à contrecoeur qu'il va faire un peu de place à Peter Budaj d'ici le 7 avril. Avec neuf matchs à disputer d'ici la fin, la direction du Canadien envisage de le ménager.

«Nous en avons parlé avec les entraîneurs, a-t-il expliqué. Je ne sais pas exactement le nombre de matchs que je vais jouer d'ici la conclusion du calendrier régulier... l'entraîneur vous le dira sûrement.»

Aux Mondiaux?

On présume aussi que la direction montréalaise voudrait bien le voir porter le maillot canadien au cours des prochains Championnats du monde de hockey, qui auront lieu en Finlande et en Suède à partir du 4 mai, mais Price insiste sur le fait qu'il n'a toujours eu aucune discussion à ce sujet.

Le gardien est sans contrat en vue de la prochaine saison, rappelons-le (il pourrait devenir joueur autonome avec compensation), et cela le préoccupe un peu.

«Les Championnats du monde, c'est quand même un tournoi qui dure environ un mois, a-t-il fait valoir. Je n'ai pas de contrat, je ne dois pas l'oublier avant d'aller là-bas.»

«Là où les perdants vont jouer»

Avec une saison qui prendra fin beaucoup trop vite, on pourrait croire que plusieurs joueurs du CH ont déjà hâte de pouvoir continuer leur saison en Europe. Mais à voir le visage de Price hier matin quand on lui a posé la question, il semble assez clair que ces Championnats du monde ne vont jamais remplacer la frénésie des séries aux yeux des joueurs.

L'attaquant Lars Eller, qui devrait porter les couleurs du Danemark en mai, a très bien résumé ce que pensent plusieurs joueurs aux quatre coins de la LNH: «Les Championnats du monde, c'est là où les perdants vont jouer», a-t-il lancé, en faisant référence à tous ces joueurs d'équipes exclues des séries qui y sont invités chaque année.

En attendant d'aller patiner en Europe en mai, Eller, comme plusieurs autres membres du CH, souhaite finir la saison en force, tout en pensant déjà à octobre prochain.

«Ce sera une question de fierté d'ici notre dernier match, a ajouté l'attaquant danois. Mais ce n'est pas tout. Il y a aussi des gars qui jouent dans l'espoir d'avoir un meilleur contrat, des gars qui veulent avoir une place l'an prochain. On doit s'assurer de laisser une bonne impression aux dirigeants de l'équipe, sans quoi quelqu'un d'autre pourrait être appelé à nous remplacer la saison prochaine.»