En amassant deux mentions d'aide dans la victoire de 2-1 du Canadien, samedi au New Jersey, Tomas Kaberle a trouvé la meilleure façon de calmer les vives critiques qui ont suivi son acquisition, vendredi.

«Je ne savais pas à quel point il pouvait être patient comme quart-arrière de l'avantage numérique», a constaté Max Pacioretty. «Ses passes sont précises et il améliore notre mouvement de rondelle», a ajouté Carey Price.

Ignorant ses moments difficiles à Boston et en Caroline, Pierre Gauthier a misé sur le parcours de 11 saisons de Kaberle avec les Maple Leafs de Toronto et sur ses performances en finale de la Coupe Stanley, le printemps dernier.

Il doit en outre espérer que le passé le plus récent soit garant de l'avenir, car Kaberle traverse une séquence de six points en trois matchs.

Cette récente embellie dans le jeu de Kaberle n'a pas suffi pour que Jim Rutherford, le directeur général des Hurricanes de la Caroline, renonce à se défaire d'un contrat de trois ans et 12,75 millions qu'il regrettait déjà.

«Je regarde les choses à long terme et, pour ce que nous voulons accomplir dans les deux ou trois prochaines années, nous devions nous libérer de ce contrat afin de gagner la flexibilité nécessaire», a constaté Rutherford.

La clé de cette transaction est précisément là. Les Hurricanes ont vu une occasion inespérée de se délester d'un contrat qui minait leur planification à long terme, tandis que le Canadien a jugé qu'obtenir Kaberle en retour d'un joueur inférieur (Jaroslav Spacek) était une solution viable à ses problèmes actuels.

Selon qu'on privilégie la relance immédiate de l'équipe, quitte à pelleter en avant, ou qu'on valorise la marge de manoeuvre nécessaire aux embauches de Carey Price, P.K. Subban et Josh Gorges au terme de la saison, les opinions vont varier.

«On peut toujours déplacer de l'argent», a prétendu Gauthier, ne laissant aucun doute sur le camp qu'il avait choisi.

Le CH sondé il y a un mois

Les Hurricanes avaient eu des pourparlers avec deux autres équipes avant que le Canadien n'entre dans la danse. Elles ont reculé devant leur incapacité à intégrer Kaberle sous le plafond salarial.

Selon ce qu'a appris La Presse, le Canadien a été sondé il y a plus d'un mois dans le dossier Kaberle, mais à l'époque, Pierre Gauthier ne s'était pas montré particulièrement intéressé.

Gauthier est toutefois revenu à la charge au milieu de la semaine. Moins de 24 heures de négociations ont suffi. «J'étais content que le Canadien soit intéressé à mes services, a confié le défenseur de 33 ans. C'est toujours bien de se sentir désiré. Je sais qu'il y aura beaucoup de pression sur moi, mais j'aime le défi. Cette pression-là ne sera pas différente de celle que j'ai vécue durant mes années à Toronto.»

Retour en force en finale

De la pression, Kaberle en a aussi vécu à Boston.

Les Bruins l'ont acquis l'an dernier afin de relancer leur attaque à cinq, mais celle-ci s'est écroulée davantage après son arrivée, ne fonctionnant qu'à un rythme de 10,6% en saison régulière et 11,4% en séries. «Je m'attendais à mieux de sa part», avait d'ailleurs confié le DG Peter Chiarelli durant la série Canadien-Bruins.

À l'époque, des critiques s'élevaient déjà à propos de la forme physique de Kaberle. Mais en finale, contre les Canucks de Vancouver, Chiarelli a finalement vu le défenseur pour lequel il avait cédé l'espoir Joe Colborne ainsi qu'un choix de premier tour. A posteriori, le DG des Bruins croit que son équipe n'aurait pas remporté la Coupe n'eût été le travail de Kaberle.

C'est pourquoi il n'a pas immédiatement renoncé au défenseur tchèque. Des discussions ont eu lieu avec l'agent Rick Curran, mais Chiarelli n'était pas prêt à lui offrir un contrat de trois ans.

Les Canes se sont impatientés

Sur la base de sa solide performance en finale, les Hurricanes ont non seulement consenti trois ans à Kaberle, mais un salaire annuel (4,25 millions) qui, aux yeux de plusieurs, ne reflète plus sa réelle valeur.

En voyant dans quelle forme il s'est présenté au camp d'entraînement, ils l'ont aussitôt regretté.

«L'été a été très court pour moi à cause de la Coupe Stanley, a plaidé le vétéran défenseur. J'étais plus lourd en début de saison, mais j'ai perdu un peu de poids et je me sens beaucoup mieux depuis un mois.»

Si son ardeur au travail et son professionnalisme n'ont pas été mis en doute à partir du camp d'entraînement, ses performances, elles, ont fini par agacer les Hurricanes. Tant et si bien que l'entraîneur-chef Paul Maurice l'a retranché lors de ce qui allait être son dernier match à la barre de l'équipe.

«[Kaberle] est mieux de se replacer sinon il ne jouera pas longtemps avec les Hurricanes», avait menacé Rutherford sur les ondes de XM Radio, pas plus tard que la semaine dernière.

À profusion sur l'attaque à cinq

Le Canadien reprend donc le pari des Bruins en demandant à Kaberle de relancer une attaque à cinq moribonde. Samedi, au New Jersey, il était sur la glace pendant 6:23 des 7:45 de supériorité numérique.

«Son efficacité en avantage numérique, sa vision du jeu et son anticipation sont des choses dont nous avions besoin», a souligné Jacques Martin, qui a toutefois confié à Kaberle la plus petite charge de travail à forces égales parmi tous ses défenseurs.

«Il va ôter de la pression à P.K. Subban parce qu'on a maintenant une deuxième présence à la ligne bleue dont l'adversaire va devoir tenir compte.»