Sidney Crosby règne de nouveau sur la LNH, comme le confirment ses deux buts et sept points en trois rencontres. Pour son premier match loin de Pittsburgh depuis son retour, «Sid The Kid» débarque à Montréal. Sous les regards admiratifs de 5 des plus grands joueurs de l'histoire du Tricolore, revoici Crosby au Centre Bell, où il a déclaré forfait le 6 janvier dernier, 5 jours après avoir été victime de la commotion cérébrale qui l'a plongé dans le noir pendant 10 mois.

Patrick Roy

Sidney Crosby est arrivé dans la LNH deux ans après la retraite de Patrick Roy. Chanceux, Saint Patrick? «C'est lui qui est chanceux, car il n'aurait pas marqué contre moi», lance Roy en riant. Le plus grand gardien de son époque, Roy affiche une admiration évidente à l'endroit de la jeune vedette. «Je ne regarde plus le hockey comme un gardien, mais comme un coach. Son premier but lundi dernier est d'ailleurs du bonbon pour un coach qui veut montrer à ses jeunes comment jouer au hockey. C'est du fond de sa zone, où il était venu aider ses défenseurs, qu'il a amorcé l'attaque. Il a utilisé sa vitesse pour se démarquer en zone neutre et offrir une cible pour obtenir une passe. Ensuite, il n'a pas essayé une passe au travers de quatre ou six patins. Non. Il a bien lu le jeu, s'est servi de sa force pour contourner le défenseur tout en protégeant bien la rondelle pour ensuite utiliser un tir que nos jeunes n'utilisent malheureusement plus: un revers. Cette séquence dure à peine 10 secondes. Mais ces 10 secondes offrent une très grande leçon de hockey.»

Jean Béliveau

Avec Gordie Howe, Jean Béliveau était le meilleur joueur de son époque. À ses yeux, Sidney Crosby est le seul à pouvoir revendiquer ce titre aujourd'hui. «Sidney a un talent exceptionnel, tout le monde le sait. Mais l'énergie qu'il déploie sur la patinoire le hisse dans une catégorie à part. Des tas de joueurs de grand talent ont évolué dans la LNH. Ils auraient été bien meilleurs s'ils s'étaient moins fiés à leur talent et l'avaient rehaussé en travaillant aussi fort que Sidney Crosby le fait à chacune de ses présences. Je suis très heureux pour lui qu'il soit de retour et j'espère qu'il évitera les blessures. Mais je suis plus heureux encore pour le hockey. Tant qu'il y aura un Sidney Crosby et d'autres qui le suivront, notre beau sport sera en sécurité.»

Guy Lafleur

Passion et détermination sont les deux premiers mots lancés par Guy Lafleur lorsqu'on lui demande ce qui l'impressionne le plus dans le jeu de Sidney Crosby. L'intelligence suit tout de suite après. «Comme Marcel Dionne, comme Henri (Richard) qui pesait 160 livres tout «trempe», comme Wayne Gretzky, Crosby est un petit joueur dans un monde où ses adversaires sont de plus en plus gros. Il n'a pas peur d'aller dans le trafic et sort très souvent avec la rondelle, mais comme Marcel et les autres, il se sert de son intelligence pour se démarquer des plus gros. Je suis aussi impressionné par la qualité de son tir. Et je parle surtout de sa précision. Avec les bâtons d'aujourd'hui, les gars tirent à 30 ou 40 milles à l'heure de plus qu'on le faisait. Mais 90% des tirs de la ligne bleue ratent le filet. Ce n'est pas comme ça qu'on marque des buts. Je m'assurais toujours de mettre la rondelle au filet d'abord et avant tout. Sidney Crosby a compris ça depuis longtemps.»

Serge Savard

«Il est impossible de dire si Jean Béliveau était meilleur que Gordie Howe ou si Wayne Gretzky était meilleur qu'eux. Ils étaient et seront toujours de très grands joueurs de hockey. Sidney Crosby est à leur niveau. Pour moi, il n'y a pas de meilleur joueur de hockey au monde en ce moment. C'est un non-sens que la Ligue nationale ait attendu qu'il soit victime d'une commotion aussi sérieuse avant de se réveiller. Il est temps qu'on élimine les coups à la tête et les bagarres inutiles.» Membre imposant du Big Three (avec Guy Lapointe et Larry Robinson), Serge Savard convient qu'il aurait eu de la difficulté à freiner Crosby. «Je n'ai jamais eu de problème à contenir les ailiers, même s'ils étaient gros et rapides. Les joueurs de centre me donnaient du trouble. Gilbert Perreault et Jean Ratelle, par exemple, savaient nous déstabiliser en modifiant leur vitesse ou en nous sortant de notre zone défensive pour rejoindre un ailier qui s'y glissait à notre place. C'est l'une des forces de Crosby. Il ne fait jamais le même jeu et il a toutes les qualités pour battre un défenseur: la vision, la vitesse, l'intensité et des mains exceptionnelles.»

Yvan Cournoyer

L'un des plus rapides patineurs de son époque, Yvan Cournoyer avait des allures de train sur la patinoire. Non seulement il était rapide, mais ses jambes puissantes l'ancraient dans la patinoire. «Il faut vraiment aimer le hockey pour s'astreindre aux sacrifices nécessaires pour être parmi les meilleurs. C'est clair que Sidney Crosby aime le hockey. Il se défonce tout le temps. Pas juste lors des matchs, mais surtout lors des entraînements. De la façon dont il est revenu lors de son premier match, il était clair qu'il s'était ennuyé du hockey et qu'il avait pris les moyens pour s'assurer de réussir son retour. Pour jouer comme il le fait, le talent naturel ne suffit pas. Il faut qu'il soit passionné, qu'il aime son sport pour maximiser chaque aspect de son jeu et tout le talent naturel dont il a hérité. C'est ce qui fait que Crosby est dans une classe à part dans la LNH aujourd'hui.»