C'était hier matin, dans le grand vestiaire luxueux des Penguins. En voyant les membres des médias de Montréal s'approcher de son casier, Sidney Crosby a souri, puis a poussé ce simple commentaire d'un air un peu gêné: «Honnêtement, je ne sais pas ce que je peux dire de plus...»

Que dire de plus, en effet? Après tout, l'histoire de Sidney Crosby est déjà connue. En gros: commotion cérébrale, aucun match depuis le mois de janvier, retour à l'entraînement avec contacts permis il y a une semaine... puis l'attente. Encore l'attente.

L'histoire est connue. Ce que personne ne sait, pas même le principal intéressé, c'est le reste. C'est la suite. La date de son retour au jeu. Déjà, on a commencé à imaginer des scénarios, ici à Pittsburgh. Par exemple, pourquoi pas un retour au jeu le 11 novembre, pour un match face aux Stars de Dallas, après une pause de cinq jours dans le calendrier de l'équipe? «C'est une bonne théorie», se contente de répondre Crosby en souriant.

Rien de trop neuf, donc, mais Crosby est Crosby: le joueur le plus important au hockey d'aujourd'hui. Le visage de la LNH, en quelque sorte. C'est pourquoi on cherche à lui présenter des micros. À lui poser des questions, LA question: tu reviens quand, Sid?

Chaque jour, il doit composer avec ça. Composer avec ceux qui veulent savoir s'il se sent mieux que la veille. Chaque jour, il doit jouer ce rôle qu'il aurait aimé éviter, parce que lui, c'est sur la glace qu'il veut être.

«Ce n'est pas plaisant d'être loin du jeu, reconnaît-il sans hésiter. Ce n'est pas plaisant d'avoir à attendre comme ça. L'équipe a bien joué depuis le début de la saison, et il fait bon de constater les succès du club, mais ce n'est pas plaisant d'avoir à attendre loin de la glace.»

Il y a ça, donc. Il y a aussi le quotidien différent, les entraînements différents. Oui, Sid The Kid a bien reçu le OK pour reprendre les entraînements d'équipe avec tout ce que cela suppose, y compris les mises en échec de ses coéquipiers. Mais aucun membre des Penguins ne veut lui toucher lors des entraînements. Personne ne veut être celui qui va lui faire mal et retarder de nouveau son grand retour.

Alors Crosby s'entraîne sans vraiment savoir s'il peut résister aux plaqués sévères, comme ceux que l'on voit régulièrement les soirs de match.

«C'est difficile de simuler une situation de match... J'ai besoin de savoir comment je vais réagir. Lors des entraînements, les gars me donnent un peu plus d'espace. Mais je sens que je suis prêt. Je suis beaucoup plus près d'un retour au jeu que je ne l'étais il y a un mois.»

S'il y a une bonne nouvelle derrière tout ça, c'est que la LNH a un peu changé au cours de cette absence remarquée. Il y a un nouveau shérif en ville en la personne de Brendan Shanahan, et le problème des coups à la tête est plus que jamais pris au sérieux.

Sidney Crosby, lui, croit en Shanahan.

«Il fait du très bon travail. Il a analysé tous les coups, et il est constant dans ses décisions. C'est important. Il y a encore de bonnes mises en échec légales chaque soir. Tout ça est très productif selon moi.»

Oui, Sidney Crosby demeure Sidney Crosby. Optimiste, drôle («tout le monde connaît la date de mon retour au jeu... sauf moi!»), sympa, conscient du rôle qu'il a à jouer, même en retrait.

Par-dessus tout, il y a un truc qui n'a pas changé chez lui, et qui ne changera sans doute jamais: son amour pour son sport. Son amour pour le hockey. «Ça me manque terriblement», lance-t-il au fil de la conversation.

On le croit. On le croit sur parole.