Jonathan Huberdeau a la cote.

Son but gagnant en prolongation lundi, dans une autre victoire de 3-2 des Sea Dogs de Saint John à la Coupe Memorial, fait jaser.

Cet espoir québécois en vue du prochain repêchage de la LNH peut-il impressionner les dépisteurs au point de devenir le tout premier choix, celui des Oilers d'Edmonton?

Le distingué chroniqueur Damian Cox, du quotidien Toronto Star, a évoqué cette possibilité hier.

«Le choix était simple l'an dernier, écrit Cox. C'était Taylor (Hall) contre Tyler (Seguin). Cette année, avec le premier choix qui appartient encore aux Oilers, la plupart des spécialistes estiment qu'il s'agit d'une lutte à trois entre le centre Ryan Nugent-Hopkins, des Rebels de Red Deer, l'attaquant Gabriel Landeskog, des Rangers de Kitchener, et le défenseur suédois Adam Larsson.

«Ajoutez-en un quatrième, poursuit l'auteur. Jonathan Huberdeau vient d'entrer dans la course, ne serait-ce que parce qu'il joue encore tandis que les autres sont en vacances. Compte tenu du fait que certains dépisteurs le comparent à Ryan Smyth (l'ancien capitaine des Oilers), Edmonton aura peut-être de la difficulté à lui résister...»

Damian Cox dit vrai. Huberdeau fait saliver les dépisteurs. Par contre, ses performances cette semaine ne devraient pas lui permettre de grimper davantage dans l'évaluation des équipes de la LNH, si l'on se fie à leur méthode de travail.

Le premier dépisteur interviewé hier ne se trouve même pas à Mississauga. «Nous n'avons pas besoin d'assister à la Coupe Memorial, nos devoirs sont terminés. On a vu les Sea Dogs tellement souvent pendant l'hiver. On n'apprendrait rien de vraiment neuf. On regarde tout ça à la télé par curiosité et Huberdeau est déjà très haut dans l'évaluation de pas mal tout le monde, Coupe Memorial ou pas. Il n'y a pas de secret là.»

Le jeune homme originaire de Saint-Jérôme peut-il grimper jusqu'au premier rang, comme le laisse entendre Damian Cox?

«Il n'y a rien d'impossible, répond le recruteur, qu'on ne peut identifier car il est tenu par le secret professionnel, mais Nugent-Hopkins est extraordinaire, tout comme le défenseur Larsson. Mais je serais étonné qu'il soit repêché après le sixième ou septième rang et il pourrait bien être repêché au troisième rang. C'est tout un joueur. Il n'a pas montré beaucoup de faiblesses. Il n'a jamais arrêté de s'améliorer. C'est un joueur tellement intelligent. Il est responsable. Il a une confiance et une patience remarquables avec la rondelle. Il réussit tout ce qu'il exécute.»

Une patience et une intelligence qui peuvent rappeler Claude Giroux? Ou Simon Gagné?

«Je ne veux rien enlever à Giroux et Gagné, mais Huberdeau est à un autre niveau; celui de Pavel Datsyuk ou Henrik Zetterberg, des gars intelligents comme ça.»

Un second recruteur abonde un peu dans le même sens. Huberdeau est très bien coté, mais ses performances depuis une semaine n'y changent rien.

«Comme dépisteur, j'ai toujours dit que la Coupe Memorial était un événement social. On n'ose pas trop modifier nos listes pendant ce tournoi parce qu'il y a d'autres joueurs admissibles qui ne sont pas là pour défendre leur cause. Et on ne veut pas couler un des joueurs sur place à cause d'un mauvais tournoi tandis que ses principaux concurrents n'ont pas à faire face à la musique. On se sert de tout ce qu'on a vu dans la dernière année, et même dans les deux dernières années.»

Huberdeau a amassé 105 points, dont 43 buts, en 67 matchs en saison régulière de la LHJMQ, et 30 points, dont 16 buts, en seulement 19 matchs éliminatoires.

Son principal rival au Québec, Sean Couturier, a obtenu 96 points en 58 matchs, et 11 points en 10 matchs éliminatoires.

«Huberdeau est en avant de Couturier, indique le premier dépisteur, mais il ne faut pas enlever à Couturier le mérite qui lui revient. Huberdeau joue au sein d'un club parfaitement rodé. La rondelle circule rapidement. Couturier était seul à Drummondville. Il y a des soirs où ses coéquipiers étaient incapables de saisir ses passes. Ça va être tout un joueur aussi, un passeur extraordinaire. Sauf qu'il n'a pas été aussi constant qu'Huberdeau.»