Fort d'une soirée magique de deux buts et quatre points mardi à Boston et d'une récolte de trois buts et six points après ses deux premiers matchs de séries éliminatoires dans la LNH, Tyler Seguin sera de retour au sein de l'alignement des Bruins jeudi soir à Tampa. On le retrouvera sur le flanc droit d'un trio piloté par Chris Kelly et complété par Michael Ryder.

«On assiste au commencement d'une belle carrière qui prendra de l'ampleur», a lancé l'entraîneur-chef Claude Julien avec un sourire en coin.

Julien a lancé cette remarque lors d'un point de presse qui a suivi l'arrivée de son équipe à Tampa à la veille du troisième match de la série quatre de sept que les Bruins ont nivelé 1-1 avec leur victoire de 6-5 mardi. Une victoire signée Tyler Seguin qui a rejoint les noms aussi prestigieux que ceux des Mario Lemieux et Wayne Gretzky avec sa récolte de quatre points au cours d'une seule et même période en séries.

La jeune sensation des Bruins est aussi devenue la première recrue en 22 ans à récolter quatre points au cours d'un match de série. Trevor Linden, en 1989, avec les Canucks de Vancouver, était le dernier à avoir signé l'exploit.

Comment s'être passé de lui ?

Le sourire affiché par Julien s'est donc quelque peu effacé lorsqu'on a demandé à l'entraîneur-chef des Bruins comment il avait pu se passer des services de son jeune prodige de 19 ans lors des sept matchs de la série contre Montréal et des quatre face aux Flyers en deuxième ronde. De fait, n'eût été de la commotion cérébrale qui a confiné Patrice Bergeron à l'inactivité, Seguin attendrait sans doute encore son premier match de séries avec Boston.

«Nous avons décidé de prendre notre temps avec Tyler dès le début de la saison régulière et nous avons maintenu notre position au début de séries. Tyler a connu des hauts et des bas en saisons. C'est normal. Il a beaucoup appris. Il était craintif en début de saison. Il hâtait ses gestes lorsqu'il sentait les adversaires s'approcher. En fin de saison, il a baissé de régime. Il n'affichait qu'un but à ses 23 derniers matchs», a plaidé Julien.

Attente bénéfique

Conscient que les performances étincelantes de Seguin lors des deux premiers matchs sont loin de militer en faveur de la «patience» affichée par la direction des Bruins, Claude Julien réplique que la période d'attente est peut-être justement ce qui a sonné l'éveil du jeune homme.

«Nous avons décidé de garder Tyler avec nous l'automne dernier parce qu'il avait le talent pour jouer dans la LNH. Mais aussi parce que nous étions convaincus qu'il apprendrait davantage avec nous que dans les rangs juniors où il n'avait rien à prouver après une saison de 106 points. Son attitude a toujours été positive en saison. Il travaillait fort sur les points qu'il avait à améliorer. Et quand il a été laissé de côté en séries, il a continué à travailler. Il voulait être prêt lorsque l'occasion se présenterait. Je pense même qu'il a développé un peu de rage parce qu'il ne jouait pas. On en bénéficie tous depuis deux matchs», a ajouté Julien.

L'entraîneur-chef des Bruins assure que c'est pour cette raison qu'il a toujours convié Seguin aux échauffements même s'il savait qu'il aurait à retirer son équipement au lieu de suivre ses coéquipiers pour les débuts des rencontres.

«Je voulais qu'il réalise à quel point les gars qui sont passés par là changent une fois les séries commencées. Qu'il voit à quel point les gars se concentrent davantage, à quel point ils se donnent à la cause de l'équipe. Quand on a annoncé à Tyler qu'il jouerait le premier match de la série contre Tampa, on a senti qu'il était content. Mais on a surtout senti qu'il était prêt. Qu'il avait enfin la chance de prouver sa valeur. Et cette chance, il en profite.»

Au centre de l'attention médiatique depuis deux matchs, Seguin est-il prêt à affronter cette soudaine popularité sans s'enfler la tête et/ou perdre sa concentration?

L'entraîneur-chef des Bruins n'affiche pas la moindre inquiétude. «Tyler a énormément de talent, mais c'est aussi un jeune homme qui affiche une grande maturité. Il l'a prouvé tout au long de l'année. Je ne me sens pas l'obligation d'aller lui parler ou de le mettre en garde. Il comprend ce qu'on attend de lui et il a accepté dès le début le plan que nous avions dressé pour lui. Il croit en nous, autant que nous croyons en lui et s'il est certainement heureux des succès obtenus, je sais qu'il ne lèvera pas le pied en croyant que ce sera dorénavant facile.»