Steve Yzerman avait 21 ans lorsqu'il est devenu capitaine des Red Wings de Detroit. Mature et ouvert d'esprit, il s'est rapidement révélé un «étudiant» du jeu.

Il s'assoyait souvent avec le directeur général Jim Devellano pour parler hockey et a continué de faire de même avec Ken Holland lorsque ce dernier a remplacé Devellano en 1997.

«J'ai toujours suivi les activités de la ligue afin de comprendre comment les équipes se bâtissent et de quelle façon se font les mouvements de personnel», racontait Yzerman, mercredi, lors d'une conférence téléphonique.

Dans les cinq années qui ont suivi sa retraite, Yzerman a continué de poser des questions.

Il a affûté ses armes comme DG de l'équipe canadienne aux Championnats du monde, en 2007, puis comme directeur exécutif d'Équipe Canada aux Jeux de Vancouver, l'an dernier.

Si bien que lorsqu'il s'est fait offrir le poste de DG du Lightning de Tampa Bay, Yzerman savait ce qu'il voulait accomplir.

«Il s'agissait, pour le long terme, d'attirer les meilleurs individus possibles à toutes les positions, que ce soit comme adjoint au DG, au sein du personnel d'entraîneurs ou parmi mes dépisteurs, a expliqué Yzerman. Je voulais avoir les plus brillants, les plus enthousiastes et les plus amoureux du hockey.

«Quant aux joueurs, ça nous prenait de fiers compétiteurs. Ça prend du talent, certes, mais il faut que les joueurs aient un vrai désir de compétition et une éthique de travail qui nous permette de bâtir une culture d'organisation.»

Des problèmes? Des solutions

L'ancienne vedette des Wings, avec lesquels il a gagné trois Coupes Stanley, menait à Detroit un contingent de vedettes, mais aussi de travailleurs infatigables comme Kris Draper et Kirk Maltby.

«Avec les Wings, chaque joueur était extrêmement compétitif et les attaquants de troisième et quatrième trios étaient désireux de contribuer et de marquer eux aussi, s'est souvenu Yzerman.

«En arrivant à Tampa, j'ai constaté qu'on avait un avantage pour marquer ce changement de mentalité car ceux qui formaient déjà le noyau de l'équipe étaient dédiés à la cause et voulaient travailler.»

Mais encore fallait-il les entourer.

Avant le début de la saison, on pouvait identifier trois faiblesses chez le Lightning: une incertitude devant le filet, un manque de profondeur à l'attaque, et certaines «grosses minutes» qu'il restait à combler à la ligne bleue.

En quelques mois, Yzerman a bien pallié ces lacunes.

En défense, le vétéran Eric Brewer - acquis à la date-limite des transactions - s'avère d'autant plus utile que le Lightning se débrouille sans les services de Pavel Kubina.

À l'attaque, le rendement de Sean Bergenheim et Dominic Moore, complétés par Steven Downie, permet à l'entraîneur Guy Boucher de compter en séries éliminatoires sur un troisième trio étonnamment productif.

Roloson ne surprend guère

Devant le but, les performances de Dwayne Roloson sont un monde de différence par rapport à ce qu'offraient Dan Ellis et Mike Smith.

«Nous avons obtenu Dwayne au Jour de l'An, alors que nous avions des problèmes de constance devant le filet. Il était devenu disponible et c'était une opportunité pour nous d'aller chercher un gars éprouvé en séries.

«Son rendement n'est pas surprenant. Il n'a rien fait qu'il n'ait jamais fait avant. Je le connaissais pour avoir souvent joué contre lui, et il a fait ce que Dwayne Roloson est habitué de faire.»

À l'aube de la finale de l'Association Est, Steve Yzerman est certes encouragé par ce qu'il voit. Mais il attendra quelques années avant de déterminer s'il s'y est pris de la bonne façon pour établir une mentalité gagnante semblable à celle de Detroit.

«C'est un plaisir de regarder cette équipe qui travaille sans relâche et qui est aussi très habile, a-t-il d'ailleurs confié à propos des Wings.

«Les gens sont toujours prêts à faire un trait sur eux, à dire qu'ils sont trop vieux et que c'est la fin d'une époque. Mais ils trouvent toujours le moyen de revenir plus forts.»