Rentré de Boston avec une avance de 2-0 dans la série, le Canadien a sa disposition tout un tas de statistiques pour le mettre en confiance.

Les résultats du Tricolore dans l'histoire lorsqu'il prend une telle avance dans une série sont de 48-4. Les Bruins, eux, n'ont jamais réussi à se relever de pareil déficit (0-26).

Et selon le site de probabilités WhoWins, les équipes de la LNH qui ont réussi à prendre les devants 2-0 en gagnant les deux premiers matchs à l'étranger ont une moyenne de succès de .761 (54-17).

Mais ces statistiques ne suffiront pas à réconforter le Canadien, qui se méfie comme de la peste d'un relâchement, lundi soir au Centre Bell.

«On ne peut pas pécher par excès de confiance, a rappelé Brian Gionta. Les Bruins vont revenir en force. C'est une bonne équipe, ils n'ont pas terminé la saison régulière là où ils l'ont terminée pour rien.»

Plusieurs joueurs n'étaient pas encore avec le Canadien la dernière fois que l'équipe a pris les devants 2-0 dans une série face aux Bruins. Ça se passait au printemps 2008. Les Bruins étaient revenus dans le coup, forçant un septième match à Montréal lors duquel Carey Price avait fait la différence.

Mais les deux dernières fois que le CH a entamé une série en remportant deux matchs sur une patinoire adverse, il a perdu les quatre rencontres suivantes. On a vu ça en 1996 face aux Rangers de New York et plus récemment face aux Hurricanes de la Caroline, en 2006.

Les Hurricanes avaient remplacé le gardien Martin Gerber par le jeune Cam Ward en arrivant à Montréal, et la série avait à ce point basculé que les Canes avaient ensuite remporté la Coupe Stanley...

Les pièges du Centre Bell

Jacques Martin soutient qu'il a déjà suffisamment de soucis pour s'attarder à des changements possibles chez les Bruins.

D'abord s'assurer que l'exécution demeure au même niveau.

«Rester concentré à domicile sera un défi car il y a plus de distractions ici qu'à l'étranger, anticipe l'entraîneur. Mais d'un autre côté, on aura nos partisans pour nous encourager ainsi qu'un environnement avec lequel on est familier.»

Le Centre Bell a beau être l'un des meilleurs atouts du Canadien, il ne doit pas influencer ses méthodes.

«Il ne faudra pas chercher à impressionner nos partisans, a souligné Gionta. À ce temps-ci de l'année, il faut juste trouver des façons de gagner, peu importe de quelle façon.

«Il faudra être responsable avec la rondelle, ne pas faire dans la dentelle et se limiter à ce qu'on sait qui fonctionne.»

Qui parlait de profondeur?

Et qu'est-ce qui fonctionne en ce moment? Les troisième et quatrième trios, assurément.

Avant le début de la série, la profondeur des Bruins était l'une des raisons incitant les observateurs à faire pencher la balance en faveur de Boston.

Or, les costauds Shawn Thornton et Gregory Campbell n'ont pas eu d'impact. Et l'on a très peu vu Chris Kelly et Rich Peverley, deux des acquisitions de Peter Chiarelli à la date-limite des transactions. (En fait, tous les nouveaux venus des Bruins, de Tomas Kaberle à Nathan Horton, ne semblent pas vouloir changer les infortunes de l'équipe en séries.)

Pendant ce temps, chez le Canadien, les jeunes attaquants campent des rôles discrets mais efficaces.

«Nous sommes de jeunes hommes confiants qui méritent de jouer à ce niveau, a expliqué Ryan White. On a tous travaillé fort à redresser notre jeu de façon à être prêt pour les séries, et l'on est tous très excités.»

«Nos vétérans ont peut-être été plus visibles sur la feuille de pointage, mais nos jeunes ont vraiment apporté une bonne contribution», a reconnu Martin.

La blessure au pied qui ennuie Andrei Kostitsyn - et qui pourrait bien lui faire rater le troisième match - a entre autres ouvert la porte à Yannick Weber.

«Andrei était incapable de performer samedi et j'ai préféré y aller avec un gars en santé, a expliqué Martin. Et Weber a marqué un gros but.»

Jeunes et vétérans

Les jeunes de l'organisation insistent pour dire qu'ils suivent le sillage des vétérans. Et Jacques Martin, lui, ne cesse de relever l'impact que peuvent avoir les cinq gagnants de la Coupe Stanley dans sa formation.

«Ça aide notre groupe à forger sa propre personnalité», a-t-il noté.

L'un de ces gagnants, le capitaine Brian Gionta, sait que ça passe par l'exécution et non le flafla.

«Le fait d'avoir tout le monde à bord, c'est la clé à ce temps-ci de l'année, a dit Gionta. Ça n'a pas besoin d'être sur le plan offensif ou d'être spectaculaire; en autant que chacun fasse son travail...