Son nouvel adjoint a beau être établi à Los Angeles depuis 23 ans, Geoff Molson n'a pas eu à chercher loin pour combler le poste de chef de l'exploitation qu'il a créé en janvier.

Car Kevin Gilmore, originaire d'Arvida, au Saguenay, travaillait déjà comme consultant hockey pour Pierre Gauthier depuis la fin de la dernière saison!

«Et il y a 15 ans, lorsque j'ai quitté les Mighty Ducks d'Anaheim, j'ai fait de la négociation de contrats pendant 16 mois pour Réjean Houle», a expliqué cet avocat de formation parfaitement bilingue.

Bref, il en connaît un brin sur le Canadien.

Mais ce qu'il connaît surtout de l'équipe, c'est son ami Pierre Boivin.

«Je le connais depuis une quinzaine d'années, a raconté Gilmore. Dès que le poste a été créé, je lui ai téléphoné pour lui faire part de mon intérêt.»

Boivin quittera la présidence du Tricolore à la fin juin. Les deux hommes n'auront donc pas la chance de travailler ensemble bien longtemps.

«D'ici là, je vais le suivre pas à pas, lance le nouveau numéro 2 de l'organisation. Il a des connaissances et une expérience incroyables.»

Des Mighty Ducks aux Kings

Gilmore, qui supervisera tout ce qui touche les ventes, le marketing et les communications du Canadien, a toujours aimé le hockey.

Mais c'est de façon bien impromptue que sa carrière a bifurqué vers le sport.

«Je travaillais à Los Angeles pour le cabinet d'affaires juridiques de Disney lorsqu'on m'a approché, raconte Gilmore. On m'a dit: «Tu es Canadien, toi? On a un mandat à te confier.» C'est que Michael Eisner, le patron de Disney, avait la folle idée de créer une équipe de hockey. J'ai travaillé pendant un an à monter les Mighty Ducks, à négocier un bail avec l'aréna et à embaucher du personnel.»

Gilmore a entre autres recruté Tony Tavares comme président des Ducks, celui-là même qui est plus tard devenu le dernier président des Expos.

L'administrateur québécois a ensuite oeuvré pendant sept ans chez les Kings de Los Angeles où il s'est fait la main avec des dossiers touchant le hockey.

Plus récemment, il était passé dans les bureaux d'AEG, ce géant du sport et du divertissement qui possède entre autres les Kings et les Lakers.

«Un jour, Philip Anschutz (le magnat à la tête d'AEG) m'a donné ce conseil: il faut bien connaître sa base et s'en tenir à elle. Je m'en suis toujours souvenu.

«Il faut éviter de s'éparpiller et d'essayer d'en faire trop.»

«On ne doit pas tout changer»

À plusieurs égards, Gilmore exercera des fonctions semblables à celles qu'occupait autrefois Ray Lalonde, maintenant président des Alouettes de Montréal.

Mais pourquoi le Canadien a-t-il senti le besoin de le coiffer du nouveau titre de «chef de l'exploitation» ?

«De nouveaux propriétaires préfèrent parfois des structures différentes avec lesquelles ils sont plus à l'aise», a répondu le nouveau bras droit de Geoff Molson.

«Sa vaste expérience de l'industrie du sport et de celle du spectacle, jumelée à son expertise juridique et ses qualités de gestionnaire font de lui un atout de premier plan pour notre entreprise», a expliqué M. Molson dans un communiqué.

Gilmore ne débarque pas avec l'intention de tout chambarder.

«Pour l'instant, je vois les opérations à vol d'oiseau et je dois m'insérer dans le quotidien pour vraiment voir ce qui a besoin d'être amélioré.

«Le Canadien possède l'une des marques de commerce les plus puissantes au pays et l'une de celles qui génèrent le plus de revenus dans le sport. On ne doit pas tout changer.»

Kevin Gilmore, qui rapatriera son épouse et ses trois enfants à Montréal au mois de juin, entend bien se faire un nom dans sa province natale.

D'ici là, il ne s'offusquera pas trop si les gens l'appellent par erreur Doug (comme l'ancienne vedette de la LNH) ou encore David, comme le guitariste de Pink Floyd.