Il y a en plein centre de Kansas City un nouvel aréna tout reluisant: le Sprint Center. Construit en 2007 au coût de 276 millions de dollars américains - 226 millions provenant du secteur public, 50 millions du secteur privé -, le Sprint Center n'a toujours pas d'équipe professionnelle en ses murs.

Mais selon Troy Schulte, le directeur général par intérim de la Ville de Kansas City, le Sprint Center se porte très bien merci. «Au départ, quand on a voulu construire notre nouvel aréna, on a misé sur trois points, explique-t-il. Il fallait remplacer le vieux Kemper Arena parce que les grosses tournées de musique pop ne s'y arrêtaient pas, il fallait construire quelque chose de neuf près de notre centre des congrès, et il fallait avoir un aréna qui allait être prêt à l'éventualité d'accueillir une équipe de la LNH ou de la NBA.»

Sur ce dernier point, c'est toujours le néant. Même si la ville de Kansas City a été au centre de nombreuses rumeurs concernant la LNH, le bruit des lames sur la glace ne se fait toujours pas entendre au Sprint Center. Les Scouts de Kansas City, qui ont joué dans la LNH de 1974 à 1976, ne sont plus qu'un vague souvenir.

Au cours des dernières années, la rumeur a envoyé les Penguins de Pittsburgh à Kansas City, les Islanders de New York aussi. «On a étudié le dossier des Penguins, même si on savait qu'ils n'allaient probablement pas déménager chez nous, reconnaît Kevin Gray, le président du Kansas City Sports Commission&Foundation. La LNH ne nous a jamais fait de promesses dans cette histoire. Ce n'est pas comme si la Ligue nous avait dit: «bâtissez un nouvel aréna, et nous allons venir.» Ce n'est pas comme ça que ça fonctionne.»

Même si les vestiaires du Sprint Center demeurent vides trois ans plus tard, le tout nouvel aréna de Kansas City est un succès retentissant, selon Troy Schulte. Après tout, les grands noms de la musique pop s'y produisent et des tournois de basketball collégial y sont régulièrement présentés.

«Son taux d'occupation le place au troisième rang parmi les arénas les plus occupés au pays, ajoute M.Schulte. L'aréna est rentable, même s'il n'y a pas d'équipe professionnelle. En plus, le Sprint Center nous a permis de revitaliser notre centre-ville. Il y a 10 ans, on aurait pu tirer un boulet de canon après 17h au centre-ville et on n'aurait atteint personne.»

Kansas City, une ville de quelque deux millions d'habitants, en avait assez de regarder passer la parade, selon Kevin Gray. «C'était rendu au point où certains artistes pop préféraient jouer dans des villes plus petites que la nôtre parce que notre aréna était désuet. La vérité, c'est qu'on avait besoin d'un nouvel aréna pour rester compétitif dans le marché actuel.»

Avec Sprint qui a acheté les droits sur le nom de l'édifice - 2,5 millions par année -, avec les concerts qui y sont présentés, le Sprint Center survit très bien sans la LNH. En fait, selon les intervenants interrogés par La Presse pour cet article, le Sprint Center peut très bien survivre sans une équipe de hockey ou une équipe de basketball professionnel.

D'ailleurs, les politiciens locaux ont bien pris soin de ne pas promettre une équipe de la LNH ou de la NBA aux gens de Kansas City avant d'amorcer les travaux pour le Sprint Center. On a avant tout vendu l'idée d'un nouvel aréna pour attirer des concerts et des expositions. «Un club de hockey ou de basketball, ça n'a jamais été la clé dans cette affaire, soutient Troy Schulte. Pour nous, une équipe professionnelle, ce serait un plus, ce serait la cerise sur le gâteau.»

Kansas City possède un avantage sur ses rivales: avec son Sprint Center tout neuf de plus de 18 000 sièges, la ville sera prête si jamais la LNH lui lance un appel un de ces jours.

«Notre aréna est prêt à accueillir une équipe tout de suite, conclut M.Schulte. D'ailleurs, chaque fois qu'un club de hockey est dans le pétrin, que ce soit Nashville, Phoenix ou la Floride, le nom de Kansas City refait surface. Si ça arrive un jour, on sait qu'on va être prêts, parce que nous avons un aréna tout neuf.»

Les finances du hockey La récession est terminée, mais peut-être pas sur la glace, prévient le commissaire de la LNH, Gary Bettman. Un dossier à lire dans La Presse Affaires.