Si Mario Lemieux et ses associés n'avaient pas obtenu le feu vert pour construire leur nouvel amphithéâtre il y a trois ans, ce n'est pas à Pittsburgh que le Canadien ferait escale ce soir pour y disputer son deuxième match de la saison.

Et ce n'est sans doute pas à Pittsburgh que Sidney Crosby aurait paradé à titre de plus jeune capitaine de l'histoire de la LNH à soulever la Coupe Stanley en 2009.

«Malgré Sidney Crosby, malgré la présence de Mario Lemieux comme propriétaire, il était simplement impossible de continuer sans amphithéâtre. Les Penguins auraient quitté Pittsburgh», assure David Morehouse, président et chef de la direction des Penguins.

On se souviendra que Jim Balsillie a effectué sa première offensive visant à déménager un club de la LNH dans le sud de l'Ontario à Pittsburgh en se montrant intéressé à faire l'acquisition des Penguins, qui en arrachaient financièrement. «Nous avons perdu en finale de la Coupe Stanley il y a trois ans. Nous ayons gagné une troisième Coupe il y a deux ans et nous avons atteint la deuxième ronde des séries encore l'an dernier. Malgré ces bonne, très bonne et excellente saisons, nous n'avons pas été en mesure d'équilibrer notre budget en raison des hausses de salaires accordées par la LNH. Nous avons accepté de perdre de l'argent uniquement parce que nous étions en mesure de voir l'amphithéâtre prendre forme. Maintenant, nous aurons la chance de peut-être en faire.»

Érigé à un tir frappé de l'igloo qui servait de domicile aux Penguins depuis leur entrée dans la LNH en 1968, le «Centre Bell» des Penguins s'appelle le CONSOL Energy Center. Construit au coût de 321 millions, il compte 18 087 sièges, 66 loges corporatives, des sièges de prestige et deux restaurants avec vue sur la patinoire.

«Nous avons complété le travail avant la date prévue et à moindre coût que le budget initial», lance fièrement M.Morehouse.

Un budget bouclé grâce à l'injection de deniers publics obtenus en dépit d'une opposition populaire.

«Il y avait des opposants dans le dossier du stade des Steelers qui sont, pour Pittsburgh, aussi importants - sinon plus - que le Canadien pour Montréal. Imaginez pour les Penguins. Il fallait convaincre les ordres de gouvernement et les citoyens de l'importance d'une franchise de sport professionnel. Une équipe rapporte directement avec des taxes, des impôts et des retombées liées à sa présence. Elle rapporte aussi indirectement en propageant l'image de la ville, en servant d'outil de rassemblement. Et ça, c'est indéniable. Pourquoi pensez-vous que des villes comme Québec et Winnipeg travaillent aussi fort pour ravoir une équipe? Pourquoi pensez-vous que le Minnesota et Atlanta voulaient ravoir leur équipe? Parce qu'en fin de compte, ça rapporte sur différents fronts. C'est pour cette raison que les fonds publics sont non seulement nécessaires, mais essentiels», martèle David Morehouse.

Ristournes sur les jeux de hasard

L'aide gouvernementale n'est pas tombée du ciel. Elle a suivi une mise aux enchères permettant d'exploiter des jeux de hasard à Pittsburgh.

Pour obtenir la mainmise sur le casino, les compagnies en lice devaient accepter de verser une redevance de 7 millions par année. Sept autres millions sont perçus annuellement par l'entremise de taxes directes sur le jeu. Une somme de 4,5 millions est déboursée par le groupe de propriétaires pour compléter l'équation et rembourser l'amphithéâtre.

Les Penguins se targuent d'avoir le meilleur amphithéâtre de sport de la LNH (et même de la NBA). Ils se targuent aussi d'avoir une salle de spectacle de premier plan.

«Nous serons occupés 150 soirs par année et le hockey n'occupera qu'environ le tiers de ces soirées. Pour rentabiliser un tel projet, il faut des spectacles. Paul McCartney ne serait pas venu dans l'igloo. Il a inauguré officiellement notre amphithéâtre avec deux concerts au mois d'août. Ça aussi, c'est un facteur important quand vient le temps de peser le pour et le contre. Mais d'abord et avant tout, la glace est de bonne qualité et nous sommes en mode hockey. Nous avons disputé trois matchs préparatoires, dont l'un au cours duquel tous les enfants de Pittsburgh étaient invités gratuitement. Nous venons de commencer la saison contre nos grands rivaux de la Pennsylvanie (les Flyers) jeudi, et voici le Canadien en ville. C'est vraiment parti», a conclu le président et chef de la direction des Penguins.