Le chandail blanc que portait Paul Henderson le soir où il a marqué le but de la victoire contre l'Union soviétique en 1972 est à vendre. La maison Classics Auctions, située à Delson, l'a mis aux enchères au début du mois. Et le 22 juin, il ira au plus haut miseur.

La mise de départ était de 10 000 $, mais avec encore plusieurs jours à l'encan, le prix se situe maintenant à plus de 232 000 $. À l'occasion des dernières heures de l'enchère, le prix de ce chandail pourrait atteindre plus de 300 000 $.

«Le record était de 191 000 $ pour un chandail de Bobby Orr. On l'a battu une semaine avant la fin de l'encan. Ça risque de battre des records de beaucoup», croit Marc Juteau, président de Classics Auctions.

Joint au téléphone, Paul Henderson lui-même se dit surpris par la valeur du chandail. À l'époque, il a sous-estimé la valeur de son uniforme. Il a donné son chandail au responsable de l'équipement, qui l'a par la suite vendu à un collectionneur. C'est ce collectionneur qui le vend aujourd'hui.

Henderson n'a plus son uniforme, mais il insiste pour dire que les souvenirs, eux, sont toujours là. Il se souvient clairement du moment où il a marqué le but ultime.

«Étrangement, quand la rondelle a traversé la ligne du but, j'ai pensé à mon père, qui était mort quatre ans avant cette série, a-t-il raconté à La Presse. Je me suis dit tout haut que ce but lui appartenait. J'ai eu un instant de mélancolie, puis j'ai sauté dans les bras de Cournoyer, et je lui ai presque brisé le dos!» Le chandail est en bonne condition, mais les manches et la doublure intérieure ont été coupées par Henderson lui-même. Les matchs étaient exigeants, et beaucoup de joueurs ont altéré leur équipement eux-mêmes, question d'être plus confortables.

«Je n'avais jamais ressenti autant de pression avant dans ma carrière, dit-il. C'était notre mode de vie contre leur mode de vie. Nous les avons haïs passionnément! Avec du recul, on sait que c'étaient des bons gars... c'est leur système que nous aurions dû haïr. Pas eux!»

Des souvenirs pour Serge Savard

L'ex-défenseur et membre de l'équipe canadienne en 1972, Serge Savard, parle lui aussi avec émotion de la série du siècle.

«C'est une émotion qui ne peut pas s'égaler. Un athlète ne peut pas s'élever aussi haut émotionnellement que ce qui a été fait à la série du siècle», raconte M. Savard.

Dans son bureau, à Montréal, il désigne un pan de mur vide. C'est à cet endroit que trônait, jusqu'à tout récemment, son chandail de la série du siècle. Il l'a récemment prêté au musée du Canadien de Montréal.

Pour sa part, Henderson n'a aucun contrôle sur l'identité de la personne qui remportera le chandail. Il souhaite toutefois que l'acheteur acceptera de prêter son gain au Panthéon des sports canadiens. Le Panthéon mène d'ailleurs une campagne afin d'amasser suffisamment de fonds pour acheter le chandail.

«Je ne peux pas croire que ce chandail ira dans le sous-sol d'un collectionneur, lance Henderson. C'est un morceau de notre histoire.»