Les joueurs du Canadien condamnent unanimement et réclament tout aussi unanimement une sanction très sévère à l'endroit de Patrice Cormier, des Huskies de Rouyn-Noranda, en marge du coup de coude sauvage et gratuit qu'il a asséné à la tête du défenseur Mikaël Tam, des Remparts de Québec, dimanche.

«Ça m'a levé le coeur», a lancé le vétéran Glen Metropolit.

Et si, de prime abord, ils considèrent que le monde du hockey doit se policer de l'intérieur, quelques joueurs reconnaissent que le temps est peut-être venu d'appeler la Justice en renfort.

«C'est un coup sauvage et insensé. Un coup qui n'a pas sa place dans le hockey peu importe le niveau de jeu. Mais au-delà des suspensions et des amendes qui sont imposées à tous les niveaux, on semble incapable de les éliminer. Peut-être que l'intervention de la police et de la Justice pourrait y arriver. Ce n'est pas mon premier choix, mais on doit commencer à y songer», a lancé le défenseur Josh Gorges qui a longuement échangé avec les journalistes sur cette question après l'entraînement du Canadien.

Au-delà des risques du métier

Arborant une blessure au dessus de l'oeil droit, blessure qu'il s'est infligée lors d'un violent combat de boxe l'opposant à Sean Avery, des Rangers, dimanche, à New York, Gorges est souvent revenu sur les «risques du métier.»

«Quand tu joues au hockey, tu sais qu'il y a des chances que tu sois blessé. Une rondelle, un coup d'épaule, un bâton égaré, tout peut arriver. Mais un geste comme ce coup de coude ne doit pas être toléré car ça dépasse les risques du métier. C'est facile d'en parler, comme ça, entre nous, mais je ne voudrais pas être celui qui aura à prendre la décision finale. Car elle sera lourde de conséquences pour tout le monde», a ajouté Gorges.

À la place des parents

Gros, grand et fort, Ryan O'Byrne a malgré tout ouvert la porte à l'intervention de la justice.

«Ce n'est pas un débat facile. Il y a une vaste zone grise. Mais on ne peut pas rester insensible à un geste comme celui-là et aux images qui ont suivi. Comme joueur de hockey, je ne peux accepter ça. Mais si en plus, je me place dans les souliers des parents de ce garçon-là, c'est évident que je voudrais obtenir plus que de simples sanctions disciplinaires réservées au monde du hockey. Et comme ce genre de coups semblent se répéter au lieu de diminuer, le temps est peut-être venu de faire appel à la Justice, même s'il ne s'agit pas de mon premier choix», a ajouté O'Byrne.

Protégé par les Devils

Suspendu indéfiniment par la LHJMQ en attendant la suite des procédures, Patrice Cormier pourrait avoir disputé son dernier match en carrière dans les rangs juniors.

Mais une fois son équipe éliminée, il pourrait rejoindre le club-école des Devils du New Jersey dont il a été le troisième choix au repêchage (54e sélection) en 2008.

Il pourrait ensuite amorcer la saison prochaine avec le grand club, au New Jersey, ou poursuivre son apprentissage dans la Ligue américaine.

Grand patron des Devils, Lou Lamoriello s'est d'ailleurs déjà porté à la défense de son jeune joueur en indiquant aux collègues affectés à la couverture des activités des Devils que son jeune joueur ne méritait pas une suspension sévère et que l'intervention de la Justice n'était pas justifiée.

Une réaction qui n'a pas surpris Brian Gionta qui a grandi au sein de l'organisation des Devils.

«Je n'ai parlé à personne chez les Devils, mais par expérience, je peux vous assurer que Lou s'est empressé de contacter son joueur et qu'il s'impliquera personnellement dans sa défense. C'est le type d'homme qu'il est et c'est de cette façon qu'il mène les affaires et qui fait de cette organisation une grande famille.»