Guillaume Latendresse ne reniera jamais le Canadien. Après tout il doit au Tricolore la chance d'avoir pu faire le saut dans la Ligue nationale de hockey et d'être devenu un millionnaire du hockey.

Mais Latendresse remercie le ciel et Bob Gainey de l'avoir délivré du joug qui l'étouffait en l'échangeant au Wild du Minnesota le 23 novembre dernier.

«J'ai adoré le fait de porter l'uniforme du Canadien de Montréal. C'est normal, je suis un gars de la place. Le Canadien c'est important. C'est gros. Mais je ne m'amusais plus. J'arrivais ici la tête entre les jambes. Je suis content d'être où je suis rendu. J'ai la tête à la bonne place, je peux me consacrer au hockey sans me tracasser avec tout ce qui se passe autour. Vraiment, la coupure est faite», a lancé Guillaume Latendresse, croisé pour la première fois de sa carrière dans le vestiaire des visiteurs au Centre Bell.

Éthique de travail

Limité à deux buts et trois points en 23 rencontres avec le Canadien, Latendresse a déjà trois buts et quatre points après 10 matchs seulement au Minnesota.

Mais plus encore que les points, c'est l'attitude qu'il présente qui satisfait son nouvel entraineur-chef Todd Richards.

«Guillaume a marqué de gros buts pour nous. Ce que j'aime surtout c'est sa façon de se servir de son corps pour remporter des batailles autour du filet et le long des bandes. Il s'impose et cela lui a même permis d'obtenir du temps d'utilisation en avantage numérique», a expliqué Richard.

Et la vitesse, ou son manque de vitesse puisque c'est ce que plusieurs lui reprochaient à Montréal?

«Je suis bien conscient qu'il n'est pas le plus rapide, mais il compense très bien en jouant de façon intelligente et en évitant les situations où sa vitesse pourrait le rendre vulnérable. Son éthique de travail le sauve énormément», a ajouté l'entraîneur-chef du Wild.

Une remarque qui fait sourire le principal intéressé.

«Le système de jeu me sert mieux au Minnesota. On joue du hockey de corridor, les ailiers foncent au filet. Ici, on me demandait de revenir en zone défensive pour sortir la rondelle. Je n'ai pas la vitesse pour faire ça. Je le sais. Et cela me plaçait dans des situations où je commettais des revirements ou que je ne participais pas aux sorties de zone. Quand je dis que je suis soulagé, que je me sens mieux, c'est ce que je veux dire. J'évolue dans un système qui est meilleur pour moi», assurait Latendresse.

Blanc bonnet, bonnet blanc

Todd Richards refuse de prendre le crédit pour expliquer l'éveil de Latendresse avec le Wild.

«Ça vient de lui, de son éthique de travail», assure Richard qui reprochait justement ce manque d'éthique de la part de Benoit Pouliot que se retrouve avec le Canadien.

«Benoit est un garçon charmant. Un gars qui a beaucoup de talent. Mais il doit se poser des questions sur ce qu'il est prêt à faire pour devenir le joueur qu'il devrait devenir. Il doit regarder et apprendre des vétérans et s'astreindre aux mêmes sacrifices qu'eux. Mais je lui souhaite la meilleure des chances», a poursuivi Richard.

Placé devant la situation cocasse reliée au fait que le Canadien reprochait la même chose de Guillaume Latendresse, Todd Richards assure ne pas être surpris.

«Quand tu conclus une transaction, c'est parce que tu n'es pas satisfait du rendement d'un joueur ou parce que tu veux secouer l'équipe. Le Guillaume Latendresse qui jouait à Montréal ne me préoccupe pas. C'est celui qui joue pour moi qui me préoccupe. Et il me donne pleine satisfaction. En plus, notre équipe a bien réagi, car nous avons gagné huit de nos 10 matchs depuis cet échange. On a donc réussi ce qu'on voulait réussir.»

S'il était muté de l'aile gauche à l'aile droite selon les joueurs de centre avec lesquels il était jumelé, Guillaume Latendresse se concentrera sur son jeu à l'aile gauche avec le Wild en raison de la présence de plusieurs ailiers droits naturels.

À sa première visite à Montréal dans l'uniforme ennemi, Latendresse évoluait à la gauche de Kyle Brodziak qui pilotait un troisième trio complété par Martin Havlat.