Il paraît qu'on peut faire dire ce qu'on veut aux statistiques. Prenez la fiche du Canadien à ses 10 derniers matchs, par exemple. Son dossier de 5-5 est trompeur: ça ne va pas si bien que ça!

Sérieusement, les chiffres n'ont beau offrir qu'une partie du portrait, il reste que la preuve commence à être étayée.

Après 18 matchs, les résultats sont inquiétants dans la plupart des catégories.

La première statistique qui saute aux yeux, c'est qu'en incluant les séries éliminatoires de l'an dernier, le Canadien n'a remporté qu'une victoire en temps réglementaire à ses 26 derniers matchs.

Il n'aurait suffi que le CH échappe deux ou trois de ces matchs en prolongation ou en tirs de barrage pour que l'équipe flirte dangereusement avec la cave de l'Association de l'Est.

Mais l'absence de victoire en temps réglementaire ne dérange pas du tout Glen Metropolit. «Ce n'est pas quelque chose dont on parle au sein de l'équipe, a assuré l'attaquant. Lorsqu'on gagne un match, on gagne, et la manière d'y arriver importe peu.»

Premiers dans les revirements

Dans la LNH, quatre des cinq joueurs qui ont commis le plus de revirements sont des joueurs du Canadien, soit Roman Hamrlik (premier avec 28), Scott Gomez (deuxième avec 23), Jaroslav Spacek (troisième avec 22) et Hal Gill (cinquième avec 21).

Ce n'est pas une surprise si le Tricolore mène la ligue avec 241 pertes de rondelles, devant les Oilers d'Edmonton (227).

«La compilation des pertes de rondelles change d'une ville à l'autre, a expliqué Spacek. Dans certains arénas, les officiels mineurs vont attribuer un revirement sur un jeu alors qu'ailleurs, ce serait passé sous le silence. Ça dépend où l'ont joue la majorité de nos matchs. Cela dit, on est là pour essayer des jeux. Si on passe notre temps à dégager, on ne sera pas plus avancés.»

Hors du premier trio, point de salut

L'entraîneur essaie toujours de trouver une combinaison heureuse sur le deuxième trio pour enfin se doter d'une autre unité productive en attaque. Hier à l'entraînement, c'est la recrue Tom Pyatt qui s'est retrouvé à la droite d'Andrei Kostitsyn et Tomas Plekanec. Serait-on à court d'options ? «Certains joueurs ne répondent pas aux attentes et c'est pour cette raison que les expériences continuent», a justifié Jacques Martin.

La production secondaire est inexistante chez le Tricolore. Outre les trois ténors - Michael Cammalleri, Scott Gomez et Brian Gionta, qui ont été à nouveau réunis hier - il n'y a que Plekanec qui contribue de façon significative.

Seize des 42 buts de l'équipe ont été l'oeuvre du premier trio : Cammalleri (7), Gionta (7) et Gomez (2). Cela correspond à 38% de la production totale de l'équipe. Les trois mêmes joueurs ont aussi obtenu 36% de tous les points individuels.

Et cela, même si aucun de ces trois joueurs ne produit au rythme d'un point par match !

Il n'y a pas un ailier - Andrei Kostitsyn, Guillaume Latendresse ou Max Pacioretty - qui est en mesure de fournir une attaque secondaire. «Je ne suis pas seulement préoccupé par le manque de production du deuxième trio, mais par notre manque de production, point à la ligne», a martelé Martin.

Et avec raison : au chapitre des buts marqués par match, le Tricolore est 27e de la LNH avec une moyenne de 2,33 buts par rencontre.

D'autres chiffres accablants

Bon nombre d'autres statistiques accablantes noircissent le portrait. Les unités spéciales (voir autre texte) éprouvent des ennuis, particulièrement l'avantage numérique, qui croupit au 25e rang du circuit (14,5%). On sait en outre que le CH n'a encore jamais gagné cette saison en ayant tiré de l'arrière après deux périodes (0-8). Cela suggère une incapacité à effectuer des remontées gagnantes.

Par ailleurs, la fiche du Tricolore en l'absence d'Andrei Markov ne s'améliore pas avec le temps. Depuis le lock-out, l'équipe a récolté 13 victoires et 31 revers lorsqu'elle a été privée de son quart-arrière.

Au moins, il y a une statistique où le Canadien coiffe la majorité des équipes à l'heure actuelle, et c'est... au nombre de parties jouées.

Ça continue ce soir à Phoenix. En espérant que Jacques Martin et le Canadien trouvent enfin des pistes de solution.