Est-ce l'un des effets pervers de la grippe A (H1N1)? Ou une des dangereuses réactions que redoutaient les grands prêtres opposés à la campagne de vaccination?

Sais pas!

Ce qui est clair, toutefois, c'est que la controverse Halak-Price frappe elle aussi sans crier gare, qu'elle est virulente et qu'elle laisse planer des dangers imminents de contagion.

Une contagion dont on ne peut prévoir l'étendue, car, ô malheur, on cherche toujours le gène qui permettra de créer le vaccin pour contrer la bêtise humaine.

Car c'est bel et bien de ce grand mal qu'on on doit commencer à parler, la controverse reliée aux «goalers» prenant des proportions démesurées.

Dernière victime en lice du virus Jaroslav Halak-Carey Price: Alan Walsh.

Walsh est l'agent du gardien slovaque du Canadien. Dans le cadre d'une sortie bien maladroite, il est vrai, mais qui se voulait une campagne de promotion de son jeune poulain, Walsh a eu le malheur de prendre la planète Twitter d'assaut après la rencontre de samedi pour souligner que Carey Price affichait maintenant un triste bilan de 10 victoires à ses 42 derniers matchs.

Il s'est fait ramasser.

Pourquoi en vouloir à Walsh?

Bon! Il s'est mis les pieds dans les plats et le nez là où il n'a pas d'affaire. Surtout que son client ne sortira pas grandi de cette sortie dont il deviendra peut-être même l'innocente victime.

Mais il a simplement repris une statistique connue de tous. À commencer par Price, qui devra apprendre à composer avec cette tache noire qu'il se fera remettre sous le nez lorsqu'il négociera son prochain contrat avec Bob Gainey ou l'un de ses émissaires.

Cela dit, au lieu de crier au scandale, au sacrilège, les partisans de Price devraient répliquer avec la même arme: car si Price n'affiche que 10 victoires à ses 42 derniers matchs, ça veut dire qu'il a remporté 40 gains à ses 62 premières parties.

Et tant qu'à y être, pourquoi ne pas ajouter que Price n'a eu besoin que de deux petites parties de plus (103 contre 101) qu'un certain Patrick Roy pour arriver à ce plateau.

Est-ce que ça veut dire que Price est aussi bon que Roy?

Non!

Comme il serait farfelu de prétendre que Price est de beaucoup supérieur à Marc-André Fleury et Roberto Luongo, car ces deux gardiens ont respectivement eu besoin de 128 et 175 parties pour atteindre les 50 victoires en carrière.

Price n'était pas le sauveur annoncé lorsqu'il a remporté 40 de ses 61 premiers matchs. Il ne s'est pas non plus transformé en Jim Carey (*), parce qu'il a perdu 32 de ses 42 dernières parties.

Cette statistique reflète simplement le fait que Price a perdu ses repères et que dès qu'il dispute un match ordinaire, l'équipe qui patine devant lui ne peut gagner.

Car dans tous les matchs qu'il a gagnés, Price a été la vedette du Canadien. Il l'a même été dans quelques-unes de ses défaites.

Ça n'a toutefois pas été le cas samedi.

Price n'a pas été carrément mauvais samedi dans la défaite de 3-1 contre Tampa. Mais il n'a pas été aussi bon que son vis-à-vis, Antero Niittymaki.

Plus simplement, il n'a pas été assez bon pour gagner.

Mais sur les blogues, sur les tribunes et déjà lors du match, sur le clavardage orchestré par Cyberpresse, on lapidait Price de critiques plus virulentes les unes que les autres.

Alan Walsh a ajouté une pierre au lot.

Une pierre de trop?

Peut-être. Sans doute.

Bien mal choisie, la sortie d'Alan Walsh soulève toutefois un brin de vérité: pour le moment, pour le moment seulement, le Canadien gagne plus souvent quand Halak est devant le but.

Au lieu de prendre le téléphone et de le rappeler à Bob Gainey pour s'assurer que son client voit plus d'action, Walsh a choisi le réseau ô combien plus public qu'est Twitter.

Avec les conséquences qu'on connaît.

On peut lui reprocher le moyen utilisé, mais certainement pas le message qu'il a donné.

À moins bien sûr que le virus associé à la controverse des gardiens prive maintenant les plus raisonnables des partisans de toutes leurs capacités d'analyse.

Et comme on attendra encore bien longtemps un vaccin pour contrer le virus des «goalers», souhaitons que Jacques Martin donnera le filet à Halak ce soir.

Ça sauvera le Canadien et ses partisans d'une épidémie de démagogie.

Mais pour combien de temps?

(*) Jim Carey a remporté le trophée Vézina en 1995-1996 fort d'une saison de 35 victoires avec les Capitals de Washington. Le gardien américain n'a remporté que 26 victoires au cours des quatre saisons suivantes avant de prendre une retraite hâtive.