C'était presque tranquille.

Une douzaine de journalistes francophones attendaient Vincent Lecavalier à son casier. Aucune situation de tension à l'horizon, ni aucune trace du traitement de vedette rock que Montréal lui avait réservé à l'occasion du match des Étoiles, en janvier dernier.

«C'est l'année dernière, tout ça. Tout le monde est passé à autre chose», a laissé tomber le centre de 29 ans.

Mais personne n'est indifférent pour autant au sort du capitaine du Lightning de Tampa Bay. Après la saga entourant les rumeurs d'échange au Canadien, ce sont les médias nationaux qui, depuis le début de la saison, s'inquiètent de son lent départ et doutent de sa présence sur l'équipe canadienne aux Jeux olympiques des Vancouver.

«Il me reste encore deux mois pour me prouver et il n'y a que 14 matchs joués, se défend Lecavalier. On verra le 31 décembre. Je ne peux pas contrôler qui sera au sein de cette équipe.

«J'ai confiance en moi, même si les buts ne sont pas là. Les tirs et les chances de marquer au moins le sont.»

Une production frustrante

C'est certain que Lecavalier rêverait d'être de l'aventure olympique. Mais pour le moment, il a des considérations plus terre-à-terre, comme celle de mettre la rondelle dans le filet.

«J'ai presque un point par match, mais c'est décevant de n'avoir que deux buts», concède-t-il.

C'est vrai que deux buts en 14 matchs, ça aurait de quoi embêter n'importe quel joueur qui a déjà marqué 50 buts dans la Ligue nationale!

Pourtant, l'athlète de l'Île-Bizard a mis toutes les chances de son côté en tirant 56 fois au filet jusqu'ici.

«Je suis habitué d'avoir un taux d'efficacité entre 10 et 15%, mais il est de 3% en ce moment, a observé Lecavalier.

«En plus, je joue sur la pointe en avantage numérique et ce n'est pas évident de ne pas voir ses lignes de tir être bloquées. À partir de la ligne bleue, c'est très dur de marquer sur un tir du poignet.

«Alors je lance davantage de façon à ce qu'il y ait des retours.»

Même si Rick Tocchet lui a envoyé un message, samedi dernier face aux Flyers de Philadelphie, en ne l'employant que durant 16 minutes, Lecavalier assure qu'il a le soutien de son entraîneur.

«J'ai fait quelques erreurs en défense, mais la défensive c'est comme aller à l'école : tu apprends toujours du nouveau à chaque année.

«Offensivement, je me fie à mon instinct et le coach me laisse aller.»

Le hockey et la business

Pour le reste, Vincent Lecavalier a l'air d'un homme heureux et détendu. Il n'a pas de difficulté à défendre la prolongation de contrat de 11 ans qui le lie au Lightning à raison d'un salaire moyen de 7,7 millions par année.

«J'ai signé mon contrat en étant dans le présent et en fonction du marché qu'il y avait à ce moment-là», précise Lecavalier.

Cela dit, il admet volontiers que les attentes à son égard ont augmenté par le simple fait qu'il avait signé une entente aussi lucrative.

«Mais en même temps, ajoute-t-il, j'avais quand même un salaire important dans les années précédentes.

«De mon côté, je joue le même genre de hockey. Quand je saute sur la glace, je ne pense pas au côté business ou au salaire que je fais. J'adore le hockey.»

En fait, les préoccupations financières sont davantage du ressort des propriétaires du Lightning que de Vincent Lecavalier.

Oren Koules et Len Barrie n'ont toujours pas réglé leur différend et la LNH suit de près l'évolution du dossier.

Mais, pareil au cirque médiatique entourant Lecavalier et Montréal l'an passé, celui des propriétaires s'est quelque peu estompé cette saison.

«On entend moins parler de ces questions-là que l'an passé, reconnaît le Québécois. Je pense que les propriétaires ne veulent plus en faire un motif de distraction.

«Maintenant, c'est à eux de régler leurs problèmes.»

Vincent Lecavalier est lié pour 11 ans au Lightning de Tampa Bay grâce à un contrat qui contient une clause de non-échange.

Il s'est senti à l'aise de s'engager pour aussi longtemps même si le Lightning peine à attirer des spectateurs à ses matchs.

«Ça a été difficile dans les deux dernières années mais auparavant, lorsqu'on participait aux séries, le building était toujours plein, rappelle Lecavalier.

«Moi j'y crois. C'est juste que la ville de Tampa veut des gagnants.»