L'échange qui a fait passer Scott Gomez au Canadien a provoqué la fureur des partisans, mardi.

Mais lorsqu'on a vu les frères Sedin s'entendre avec les Canucks de Vancouver avant l'ouverture du marché des joueurs autonomes, hier matin, on a compris que Bob Gainey voulait absolument s'assurer les services d'un premier centre avant d'entreprendre son magasinage du 1er juillet.

«N'eût été de la transaction de Scott Gomez, on n'aurait pu amener Brian Gionta avec nous», a illustré Gainey, qui a maintes fois répété que le centre originaire de l'Alaska a été crucial dans la présentation de son équipe aux joueurs autonomes.

Et on l'a bien vu en écoutant les propos de Mike Cammalleri.

«En préparation à l'autonomie, j'avais fait mes devoirs et j'ai bien sûr noté que le Canadien avait fait l'acquisition de Scott, a raconté Cammalleri.

«Être en mesure de m'amener ici et de pouvoir développer une certaine chimie avec lui, cela m'apparaît excitant.»

Selon Gainey, l'arrivée de Gomez a également joué dans la décision d'offrir ou non un contrat à Alex Tanguay.

«Pour moi, c'était une question de chimie avec Gomez, a expliqué le DG. Il ne compte pas beaucoup de buts, mais il passe vraiment bien.

«J'avais donc besoin de joueurs qui lancent au filet et je trouvais que Cammalleri correspondait plus à cette description.»

«C'était le prix à payer»

Choix de premier tour des Devils du New Jersey en 1998, Gomez n'a récolté que 16 buts et 58 points la saison dernière.

«Je suis le premier déçu de ma dernière saison, a-t-il admis. J'ai été gêné par la façon dont j'ai joué. J'estime avoir encore beaucoup à prouver.

«Le jour où vous pensez ne plus rien avoir à prouver, vous devriez arrêter de jouer.»

Mais l'acquisition de Gomez a surtout provoqué l'ire des partisans en raison de son contrat, qui impute chaque année 7,4 millions à la masse salariale du Canadien.

L'ajout de Ryan McDonagh dans la balance - il a été le premier choix du Tricolore il y a deux ans - a étonné. Lorsqu'on accepte de libérer un rival d'un contrat aussi lourd, c'est l'autre équipe qui devrait mettre un espoir dans votre assiette!

«Nous n'avions pas beaucoup d'options, s'est défendu Gainey. À partir du moment où l'on s'est engagé avec les Rangers, c'était le prix qui était sur la table.

«Mais grâce à notre repêchage, nous avons deux ou trois autres espoirs en défense - Subban, Carle et Weber - qui peuvent remplacer McDonagh, même si ce dernier pourrait certainement devenir un bon joueur.»

Higgins ne reconnaîtra pas le Canadien!

Chris Higgins a donc pris le chemin de New York en compagnie de McDonagh, de Pavel Valentenko et de Doug Janik en retour de Gomez et de deux joueurs des ligues mineures.

«Je n'ai jamais vu venir le coup», a indiqué Higgins à La Presse en début de soirée, hier.

«Je suis très déçu de quitter Montréal où je viens de vivre les quatre plus belles années de ma vie. Je suis surtout très frustré de quitter nos partisans au terme de ma pire saison avec le Canadien.

«J'aurais préféré les laisser sur une note plus positive», a ajouté le jeune attaquant rejoint en pleine fête familiale à Long Island.

«Les journalistes et les partisans de Montréal sont sévères et exigeants. Mais les fans des Rangers ne font pas de cadeaux non plus. Surtout pour un gars de New York. Je suis certain qu'ils m'auront à l'oeil.»

Une fois la déception passée, Higgins s'est vite réjoui à l'idée de rentrer à la maison.

«Disons que c'est le meilleur endroit où je pouvais aboutir même si, honnêtement, je ne voulais vraiment pas quitter Montréal.»

Higgins, 26 ans, assure qu'il sera spécial de croiser le Canadien l'an prochain.

«Je ne suis pas sûr de reconnaître le club! Il y aura un nouveau coach et des tas de nouveaux joueurs. Komo (Mike Komisarek) est rendu à Toronto. Je ne lui ai pas parlé, mais on s'est échangé des textos cet après-midi.

«Et il semble bien que Saku et les deux Alex n'y seront plus. Cette équipe aura vraiment changé de visage.»

Un bon coup

Si la transaction n'a pas fait l'unanimité chez les partisans, un dépisteur professionnel à qui l'on a parlé juge que le Tricolore a fait un bon coup.

«Gomez est un excellent joueur, a dit cet éclaireur. Toutes les équipes doivent vivre avec le plafond salarial, mais le Canadien a l'espace pour l'accueillir.

«C'est un bon patineur et un bon passeur. Il joue bien dans les deux sens de la patinoire et il peut t'aider autant sur l'attaque à cinq qu'en infériorité numérique.»

Quant à Higgins, a indiqué le dépisteur, il pourrait rebondir après une saison marquée par les blessures.

«C'est l'un des bons patineurs de la ligue, mais il a été incapable de prendre son élan à cause de sa blessure.

«Les attentes envers lui étaient grandes à cause de sa saison précédente. Higgins n'est peut-être pas un joueur des deux premiers trios, mais c'est un excellent joueur de troisième ligne.»