Il se joue toute une partie de bras de fer en Arizona.

Dans le coin A, le propriétaire des Coyotes de Phoenix, Jerry Moyes, veut obtenir la meilleure offre possible pour son club criblé de dettes.

Dans le coin B, le commissaire de la LNH, Gary Bettman, tient Ă  trouver un acheteur qui gardera les Coyotes Ă  Phoenix.

Dans le coin C, le riche homme d'affaires canadien Jim Balsillie veut acheter l'équipe et la déménager dans le sud de l'Ontario.

Bettman croyait avoir réglé le dossier en sa faveur mardi. Selon le chroniqueur Bob McKenzie, le commissaire était à Phoenix pour finaliser la vente du club à Jerry Reinsdorf, propriétaire des White Sox de Chicago. Reinsdorf a des attaches à Phoenix puisque le stade printanier de son équipe de baseball se trouve dans la région.

Ce que le commissaire de la LNH ne savait probablement pas, c'est que Jim Balsillie, qui a déjà tenté d'acquérir les Penguins de Pittsburgh, puis les Predators de Nashville, pour ensuite déménager l'une de ces équipes à Hamilton, négociait en coulisse avec Moyes.

Balsillie a informé Moyes qu'il était prêt à payer 212,5 millions US pour les Coyotes à condition de pouvoir déménager l'équipe. Une somme que Jerry Reinsdorf, de toute évidence, n'est pas prêt à débourser.

Que faire, alors, quand on se retrouve coincé par les dirigeants de la LNH alors qu'on veut toucher le maximum d'argent dans la vente de son équipe? On déclare faillite, de façon à laisser le sort de la transaction entre les mains du syndic, qui est dans l'obligation de vendre au plus offrant, en l'occurrence Balsillie.

Un avocat montréalais spécialiste de la question a cependant confirmé hier à La Presse que Jim Balsillie ne pourra jamais déménager une équipe sans l'accord tacite de la LNH, même s'il obtient l'équipe des mains du syndic.

«Il devra avoir l'autorisation de la Ligue nationale en vertu du contrat de franchise, que je n'ai pas vu, mais que je soupçonne. Je ne dis pas qu'ils ne pourront pas s'entendre à un moment donné, mais la LNH doit donner son aval. Pas un homme d'affaires ne va acheter un club, même en faillite, sans une entente claire qui stipule qu'il pourra déménager. Ton franchiseur a le droit de mettre la main dans tes poches.»

Gary Bettman vient d'ailleurs de faire des commentaires en ce sens. «Je ne sais pas s'il pourrait obtenir l'approbation (des propriétaires), a-t-il déclaré hier lors d'une rencontre entre les commissaires des quatre sports professionnels majeurs aux États-Unis. Mais comme je l'ai déjà dit, je n'ai pas droit de vote là-dessus. Si ça aboutit à l'ordre du jour lors d'une réunion du bureau des gouverneurs, ceux-ci rendront leur décision.

«Cela n'a rien à voir avec notre désir ou non d'avoir une concession dans le sud de l'Ontario, a ajouté Bettman. Cela n'a rien à voir avec la question que M. Balsillie ferait un bon propriétaire qui obtiendrait l'approbation des autres propriétaires. Cela a à voir avec les règles de la ligue et la capacité d'appliquer nos règles. Que Jerry Moyes ait eu ou non l'autorité de demander la protection de la loi sur les faillites, c'est là quelque chose que nous allons examiner. Cela a plutôt à voir avec la tactique employée et le geste de défi à l'endroit des règles de la ligue que d'une question de statut financier du club. Nous croyons qu'avec un nouveau propriétaire et les accommodements que la ville de Glendale est prête à faire, nous pourrons réussir.»

Bettman semble tenir mordicus au maintien des Coyotes à Phoenix malgré leur situation financière précaire. «Nous tentons généralement d'éviter le déménagement des concessions jusqu'à ce que ça soit absolument nécessaire, a-t-il dit. Nous croyons que lorsqu'une concession connaît des difficultés, il faut essayer de corriger les problèmes. C'est ce que nous avons fait à Pittsburgh, à Ottawa et à Buffalo avant notre arrêt de travail.»

Balsillie a cependant un appui de taille, celui du patron de l'Association des joueurs de la LNH, Paul Kelly. «Si les Coyotes trouvent un propriétaire et de nouveaux investissements pour rendre cette organisation viable, ils auront notre appui, a-t-il déclaré hier aux journalistes depuis la Suisse, où il assiste au Championnat du monde. Si ça ne se produit pas, et je l'ai mentionné à maintes reprises, la Ligue nationale doit songer sérieusement à implanter un club soit à Toronto ou dans la région de Hamilton-Kitchener. Il y a un intérêt incroyable dans cette région. Il pourrait très bien y avoir deux clubs.»

Kelly n'est guère surpris du manque d'enthousiasme de Gary Bettman à l'égard de Jim Balsillie.

«Il en est à sa troisième tentative d'achat afin de déménager un club. Je n'ai pas suivi ses démarches passées, mais je sais que la Ligue nationale n'aime pas se faire bousculer et qu'elle a des recours pour refuser un nouveau propriétaire. Mais nous tenons à ce qu'il y a de mieux pour notre sport et nos joueurs. Si ça signifie l'arrivée d'un nouveau propriétaire et un déménagement dans le sud de l'Ontario, nous en serons ravis. Vous souhaitez toujours avoir un propriétaire passionné par le hockey.

«Si, en plus, il est très en moyens, c'est un autre atout. De toute évidence, Jim possède tous ces attributs.»

Ă€ suivre.

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