La visite de Bob Gainey à la faculté de droit de l'Université McGill, cette semaine, nous a permis d'en apprendre plus sur la philosophie du DG, qui est généralement assez discret sur ces questions.

Alors qu'il décrivait les avantages et les inconvénients de la plus récente convention collective, on s'est aperçu que Gainey voyait beaucoup son rôle comme celui d'un père de famille.

«Si je maîtrise la convention collective, non seulement je vais l'utiliser à mon avantage, mais je vais aussi être en mesure de mieux comprendre les droits et les attentes d'un joueur», a soutenu Gainey, qui accompagnait à McGill l'agent de joueurs Don Meehan.

«Mon principe, c'est que je gère la carrière des joueurs. Bon, si un agent m'appelle pour me parler de l'emploi de son client sur l'attaque à cinq, je lui dirai que c'est une décision de l'entraîneur.

«Mais si un joueur est insatisfait de son temps de jeu, s'il sent sa carrière aller dans la mauvaise direction, s'il est malheureux ou qu'il se sent menacé, c'est à moi d'intervenir.»

Selon Gainey, on ne peut pas constamment demander à un joueur d'avoir une performance proportionnelle à son salaire.

«Un joueur fonctionne quand le reste de son équipe fonctionne. Il ne peut tout faire seul.

«Et ce qu'on oublie, c'est que les athlètes vivent des situations dans d'autres sphères de leur vie qui peuvent les faire dévier de leur trajectoire.

«C'est ma responsabilité de gérer les joueurs de façon à ce qu'ils puissent oublier leurs problèmes.»

Aux yeux de Gainey, les intérêts d'un DG rejoignent jusqu'à un certain point ceux d'un agent comme Don Meehan.

«Notre travail, tous les deux, se résume à cette citation que j'ai retenue: "Il faut inciter les joueurs à faire ce qu'ils ne veulent pas faire pour qu'ils puissent accomplir ce qu'ils veulent accomplir".»

Vive la parité!

Avec 10 joueurs qui auront droit à l'autonomie complète l'été prochain, Gainey est bien placé pour constater à quel point la convention collective favorise la libre circulation des joueurs.

Heureusement, le plafond salarial a limité les abus et créé une parité sans précédent.

«Pour les partisans, l'équilibre compétitif est l'aspect le plus positif de ce nouveau contrat de travail, soutient Gainey. Autrefois, parmi les équipes canadiennes, seuls les Leafs pouvaient être compétitifs, car ils dépensaient près de 70 millions. Edmonton ou même Montréal n'étaient plus dans le coup.»

L'expansion: propager la bonne nouvelle

Bravo pour la parité, mais lorsqu'on tient compte des problèmes de plusieurs marchés, la ligue ne profiterait-elle pas de la dissolution de quelques équipes?

«Quatre équipes de moins, par exemple, c'est 100 joueurs qui n'ont pas de travail, répond Gainey. Ça, c'est un problème.»

Gainey rappelle que la LNH cherche à développer une culture du hockey. Chez les spectateurs, mais aussi chez les futurs hockeyeurs.

«Après les expansions des années 90, la ligue a travaillé fort pour garder son empreinte et sa visibilité dans le sud des États-Unis, dit Gainey.

«J'ai vécu une expérience concluante au Texas, un marché dit non traditionnel. Au début, c'était une petite communauté de hockey, surtout faite d'expatriés.

«Aujourd'hui, le Texas compte sur un excellent programme de développement et le hockey est entré dans la culture sportive.

«Et quand je parcours la formation de l'Université Cornell ou d'une équipe de la Ligue de l'Ouest, je vois plus de joueurs originaires du Texas. Quand on parle d'expansion et de dissolution, il faut donc penser au fait qu'on permet à un plus grand nombre de gens de goûter au hockey et de s'y impliquer.»