Le Canadien a remporté six matchs sur huit sans avoir atteint son rythme de croisière. Ça peut paraître rabat-joie de souligner certaines lacunes - un avantage numérique peu opportuniste, un premier trio qui se cherche, une défense irrégulière...

D'un autre côté, on peut voir le verre à moitié plein et se demander jusqu'où ira le Tricolore quand sa machine sera bien huilée!

Guy Carbonneau, lui, est heureux d'avoir mis en banque des points qui, plus tard, seront bien utiles.

Mais il n'est pas d'accord avec ceux qui doutent de ces victoires en demi-teintes.

«Il y a des gens qui n'ont pas aimé notre façon de gagner, mais l'important ce sont les deux points, a souligné l'entraîneur. C'est sûr qu'on aimerait gagner de façon décisive, mais la réalité de la LNH sous le plafond salarial, c'est que la compétition est extrêmement serrée. Un soir donné, tu peux te faire battre par la pire équipe. On l'a vu lors du match entre Detroit et Toronto.»

Quelques ajustements

Les joueurs aussi sont heureux de «prendre les deux points». Mais ils aimeraient trouver toute la cohésion dont cette équipe est capable.

«On sait qu'il nous reste un niveau de jeu supérieur à atteindre, a convenu Josh Gorges. On a des ajustements à apporter, pas autant au plan de la stratégie que de l'approche mentale. Car on sent, cette saison, à quel point les équipes sont préparées et prêtes à nous affronter.»

Roman Hamrlik, lui, a admis que la défense était inconstante depuis le début de la saison: hermétique un soir, permissive le lendemain.

«Je sais qu'on a une attaque rapide, mais on peut faire mieux en zone neutre et dans notre territoire, estime Hamrlik. On pourrait se parler davantage, être un peu plus disciplinés et s'améliorer dans les situations à un contre un.»

Et puis, il y a cette attaque à cinq qui, selon Carbonneau, vit avec la pression de rester la meilleure de la ligue.

Mais à la différence de l'an dernier, le Tricolore n'a plus la même arme à la pointe.

«Andrei Markov a été correct jusqu'ici (au tir de la pointe), estime Carbo. Ça a été une période d'ajustement pour lui et on l'a d'ailleurs retourné à sa position d'origine. Il nous manque un gars comme Sheldon Souray ou Mark Streit pour tirer de la pointe. Mais on pense encore qu'Andrei est capable de remplir ce rôle-là.»

Encore une fois, si l'on décide de voir les choses positivement, on peut se réjouir que le CH ne s'en remette plus seulement à son attaque massive pour remporter des matchs!

Tanguay se distingue

Le Canadien gagne sans que ses armes soient toutes bien affûtées. Mais il y en a un qui est parti en lion, et c'est Alex Tanguay.

«On dit qu'il a tendance à ne pas connaître de bons débuts de saison, mais avec six buts à sa fiche, disons que c'est de bon augure, a souligné Carbo. C'est peut-être plus un fabricant de jeux qu'un marqueur, mais le fait de jouer avec un passeur comme Saku Koivu l'incite à tirer plus souvent.»

«Ses performances s'expliquent par ses habiletés individuelles, mais aussi un niveau de chimie qu'il a vite atteint avec notre équipe, a noté Koivu. L'an dernier, il jouait pour une équipe (Calgary) dont le style de jeu ne convient pas à tout le monde.»

En dépit de la pression des partisans et des médias, Tanguay ne s'est pas donné l'obligation de réussir sa première impression.

«Je sais trop bien que les choses vont vite et qu'il suffit de trois ou quatre mauvais matchs pour faire changer les perceptions», a répondu Tanguay avec un sourire. Mais partout où je vais, les gens me parlent de hockey dans la rue. C'est incroyable.»

Tanguay répète qu'il peut être meilleur qu'il ne l'est actuellement.

«Je suis capable de mieux patiner, a-t-il déclaré. Au plan de l'exécution, je force encore certaines choses.»

À l'image du Canadien, qu'est-ce que ce sera lorsqu'il sera au sommet de sa forme?