Alors que le nombre de Québécois dans la LNH connaît une lente érosion, Hockey Québec a décidé de s'adjoindre un nouveau conseiller au développement des joueurs. Joël Bouchard, nommé hier, veut essayer de mieux préparer les jeunes hockeyeurs québécois au niveau junior majeur.

«Je ne changerai pas le hockey au Québec. Mais on veut regarder comment les joueurs peuvent être mieux préparés pour les niveaux extrêmement compétitifs comme le junior majeur. On veut voir quelles sont leurs forces et leurs faiblesses», a expliqué en entrevue l'entraîneur-chef de l'Armada de Blainville-Boisbriand.

Bouchard est un observateur privilégié du hockey. Après une carrière de défenseur dans la LNH, il est maintenant impliqué depuis huit ans dans la Ligue de hockey junior majeur du Québec (LHJMQ). À titre de directeur général et d'entraîneur-chef de l'Armada, il est reconnu comme un formateur capable de tirer le meilleur des joueurs qu'il encadre.

«Je suis à la convergence du hockey professionnel et du hockey mineur. On a quand même une bonne idée de comment les joueurs arrivent ici, de leurs outils, de ce qui va bien et de ce qui va moins bien», dit-il.

Ce que Bouchard a pu observer au fil des ans, c'est que certains jeunes hockeyeurs québécois parviennent au niveau junior majeur avec d'importantes lacunes. Des lacunes qui, selon lui, pourraient être corrigées beaucoup plus tôt dans le développement des joueurs.

«Je ne blâme pas les coachs. Mais je trouve que ce n'est pas normal que des jeunes arrivent junior majeur en ne sachant pas qu'ils doivent mettre leur bâton sur la glace. Pour moi, c'est inacceptable.»

Le rôle de Bouchard à la fédération reste encore à définir. Mais il aimerait sensibiliser le hockey québécois à deux aspects qu'il estime déficients: le développement des habiletés et le travail sans la rondelle.

Manque d'habiletés

«Dans le hockey mineur, un joueur qui travaille, qui patine, qui va à cent milles à l'heure, va réussir à déborder les défenseurs et à marquer contre des gardiens moins bons, fait valoir Joël Bouchard. Il aura un bon taux de succès. Mais ça se peut que ses habiletés soient déficientes. On ne parle pas de déjouer deux gars, on parle de réussir une feinte.»

«Si tu n'as pas des habiletés assez élevées, rendu junior, ça va être terminé. Ç'a beau être un joueur ultra rapide, ou ultra physique, il va passer son temps à bégayer avec la rondelle. Il ne sera pas capable de faire une sortie de zone. Il ne sera pas capable de faire une passe du revers, une réception de passe...»

Le jeu sans la rondelle

Tout comme pour le manque d'habiletés, une faiblesse sans la rondelle peut passer dans le hockey mineur, explique Bouchard. Mais cette faiblesse ressortira immanquablement un jour ou l'autre.

«Il faut savoir jouer avec la rondelle et il faut savoir jouer sans la rondelle. Si le jeune est bourré de talents, mais ne sait pas jouer sans la rondelle, c'est terminé. Parce qu'au niveau junior majeur, il ne touchera plus la rondelle. Il ne sera pas capable de ramasser la rondelle lui-même. Alors il va perdre confiance, il ne sera pas capable de s'ajuster.»

Résultat? Joël Bouchard et les autres instructeurs de la LHJMQ doivent passer beaucoup de temps à travailler sur ces aspects. «Ils l'apprennent éventuellement, à 18, 19 ans. Mais si c'était déjà fait en avance, on pourrait se concentrer sur autre chose.»

Joël Bouchard va discuter avec le nouveau président de Hockey Québec, Paul Ménard, pour définir son mandat. Conseillera-t-il les entraîneurs du niveau mineur? À voir. Il va tout d'abord donner une conférence demain à Drummondville dans le cadre d'une activité de Hockey Québec.

«Je veux que nos gars soient plus prêts pour le junior majeur. Je veux que nos gars soient plus prêts à jouer dans l'équipe nationale, lance Bouchard. Je ne veux pas qu'un de nos gars se fasse couper parce qu'il n'est pas capable de jouer sans la rondelle par exemple.»

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