Le meilleur joueur de hockey junior majeur de la galaxie blessé et absent jusqu'à six semaines pour une bagarre qu'il a engagée... Une erreur? Un geste stupide? Un acte irréfléchi qui pourrait priver Équipe Canada de son meilleur élément au Mondial junior?

Certainement pas pour plusieurs joueurs qui n'ont pas hésité à jeter les gants - au figuré - pour défendre dans les médias le joueur des Otters d'Erie.

«Il ne faisait que tenir son bout», a dit Milan Lucic, des Bruins de Boston. Nazem Kadri, des Maple Leafs de Toronto, a eu une formule semblable.

La défense est même venue des adversaires de Connor McDavid dans la Ligue junior de l'Ontario. Hier, parmi les meilleurs joueurs ontariens réunis à Peterborough pour la super série Subway, il n'a pas été possible de trouver un joueur ou un entraîneur prêt à condamner McDavid ou à remettre en question les bagarres.

C'était le premier vrai combat du surdoué dans le junior majeur. Pour ses pairs, en jetant les gants, McDavid a prouvé sa bravoure. Il a prouvé qu'il n'avait pas à se réfugier derrière ses coéquipiers.

«C'est dur de voir ça, un joueur si important pour Erie et pour le Canada qui est blessé. Mais je pense qu'il a fait la bonne chose en se tenant debout», a fait valoir à La Presse Robby Fabbri, choix de premier tour des Blues de St. Louis et membre du Storm de Guelph.

Connor McDavid trône au tableau des marqueurs de la OHL avec 51 points en seulement 18 matchs. Il pourrait être le premier choix du prochain repêchage.

Dans un match disputé mardi soir entre les Otters et les Steelheads de Mississauga, McDavid a engagé un combat dans le feu de l'action contre Bryson Cianfrone qui lui avait, estimait-il, servi un coup de bâton. Il s'est blessé à la main droite.

«Parfois, il faut livrer ses propres bagarres, a ajouté Fabbri. C'est simplement désolant qu'il se soit blessé. S'il ne s'était pas blessé, l'histoire serait complètement différente, elle serait positive. Ce serait celle d'un joueur talentueux qui se tient debout.»

Une controverse gonflée?

«Je me suis battu quelques fois. Ça fait partie du sport. Je suis un peu surpris (par l'ampleur de la controverse), a expliqué le défenseur Darnell Nurse, choix de premier tour des Oilers d'Edmonton au repêchage de 2013. Ce sont deux gars qui n'ont pas l'habitude de se battre, qui ont jeté les gants dans le feu de l'action et un bête accident s'est produit. Ça fait partie du jeu. C'est une bonne chose qu'il tienne son bout sur la glace.»

Nurse estime, comme d'autres, que les bagarres «permettent d'encadrer le jeu et de réduire les coups salauds». «C'est une partie du sport qu'on peut ne pas aimer, mais je pense qu'elle restera toujours», dit-il.

L'entraîneur de la sélection ontarienne pour la super série, Scott Walker, a lui-même livré son lot de bagarres dans la LNH. «Le combat de Connor était un incident spontané, une affaire de frustration. Ce n'était pas arrangé, note-t-il. C'était un combat dû à l'émotion, et ce sera difficile d'éliminer ce type de bagarres. Le hockey est un sport émotif.»

Mais tous ces arguments ne changeront rien au fait que McDavid, peut-être le plus brillant espoir depuis Sidney Crosby, sera privé de hockey pour les cinq ou six prochaines semaines. Et qu'il pourrait rater le Mondial junior pour un combat qui n'aura pas duré 20 secondes.

«On espère tous que Connor sera guéri pour Noël, lance Scott Walker. Mais personne ne le sait vraiment.»