Cette première journée de chapelle ardente en l’honneur de Guy Lafleur était chargée de nostalgie. À peu près tout ce qui était raconté semblerait inimaginable de nos jours.

C’était Yvon Lambert qui racontait la légende selon laquelle Lafleur et Gilles Villeneuve avaient fait le trajet « du tunnel La Fontaine au vieux pont de Québec en 58 minutes. La pédale était au fond en tabarouette ! ».

« Guy Lafleur allait à 100 milles à l’heure partout ; 100 milles à l’heure quand il allait à Québec, 100 milles à l’heure sur la patinoire et 100 milles à l’heure sur la rue Crescent ! », d’ajouter Réjean Houle, aux côtés de Lambert.

  • Les partisans se sont déplacés par dizaines de milliers pour l’occasion.

    PHOTO PHILIPPE BOIVIN, LA PRESSE

    Les partisans se sont déplacés par dizaines de milliers pour l’occasion.

  • Les gens venus rendre hommage à Guy Lafleur étaient nombreux à arborer le numéro 10.

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    Les gens venus rendre hommage à Guy Lafleur étaient nombreux à arborer le numéro 10.

  • De nombreux bouquets de fleurs ont été déposés au pied de la statue à son effigie.

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    De nombreux bouquets de fleurs ont été déposés au pied de la statue à son effigie.

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C’était Lambert, encore, qui relayait les propos de Guy Carbonneau. « Il disait qu’il n’avait jamais vu Guy venir à l’aréna en jeans. Il était toujours occupé après chaque pratique. Nous, on allait prendre notre petite bière, notre repas, une bière à la fois ! On avait perdu un match sur 15, il fallait qu’on en parle ! »

Et que dire de cet échange entre Houle et Lambert ? Houle faisait valoir que le courant doit mieux passer entre les joueurs de l’édition actuelle du Canadien et les anciens. « Le hockey a changé. Mais nos gars doivent être présents pour expliquer à nos jeunes ce que ça veut dire, notre histoire : Howie Morenz, le Rocket Richard, Jean Béliveau. Là, on a Guy Lafleur. Yvan Cournoyer… Et même ceux qui l’ont moins gagnée. »

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Yvon Lambert et Réjean Houle

À ses côtés, Yvon Lambert rouspète. « T’en as juste une de plus que moi ! » Lambert en a gagné quatre, Houle, cinq. Des chiffres pratiquement inatteignables pour tout joueur de la présente génération, dans une LNH à 32 équipes.

La conduite dangereuse en toute impunité, les joueurs réunis autour d’une grosse 50, les collections de bagues de la Coupe Stanley… Autant de rappels que les temps ont changé.

En attendant le prochain

Le premier ministre du Québec, François Legault, versait lui aussi dans la nostalgie.

« C’est tout le Québec qui est en deuil de Guy Lafleur. Ça nous rappelle des souvenirs incroyables, a laissé tomber M. Legault. Dans ce temps-là, on gagnait la Coupe Stanley, on était fiers. Ça réunissait tout le monde, les anglophones et les francophones. On était fiers que Guy Lafleur, un p’tit gars de la place, soit le meilleur de la Ligue nationale. »

  • Jonathan Drouin et le fils de Guy Lafleur, Martin

    PHOTO VITOR MUNHOZ, NHLI VIA GETTY IMAGES

    Jonathan Drouin et le fils de Guy Lafleur, Martin

  • Nick Suzuki

    PHOTO VITOR MUNHOZ, NHLI VIA GETTY IMAGES

    Nick Suzuki

  • Shea Weber va à la rencontre de Lise Lafleur

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    Shea Weber va à la rencontre de Lise Lafleur

  • Carey Price

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    Carey Price

  • Cole Caufield et Christian Dvorak

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    Cole Caufield et Christian Dvorak

  • Chris Wideman et Alexander Romanov

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    Chris Wideman et Alexander Romanov

  • Brendan Gallagher

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    Brendan Gallagher

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C’est important, on part de loin, on a été conquis, donc on a de la misère à être des gagnants. Avec Guy Lafleur, on a été des gagnants.

François Legault, premier ministre du Québec

Gagnants ou pas, conquis ou pas, ils ont été des dizaines de milliers à défiler devant le cercueil du Démon blond. Des Québécois, certes, mais des gens d’ailleurs aussi.

Parmi les objets déposés au pied de la statue de Lafleur, à la façade est du Centre Bell, il y avait une lettre d’un Manitobain qui racontait ses souvenirs de Hockey Night in Canada. Sur une affiche géante que les amateurs pouvaient signer, un Benjamin s’est décrit comme « un Français qui a appris à aimer le hockey grâce à Guy Lafleur ».

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« C’est tout le Québec qui est en deuil de Guy Lafleur. Ça nous rappelle des souvenirs incroyables », a laissé tomber le premier ministre François Legault.

Mais Lafleur avait évidemment un attrait particulier auprès des Québécois, si on se fie à l’éloge qu’en a fait Ron Fournier. L’ancien arbitre tentait d’expliquer la grâce de Lafleur sur patins, le comparant à Pavel Bure. « Je le voyais passer, j’étais plus porté à le regarder, je n’appelais pas de punition parce qu’il y avait juste Guy qui m’intéressait ! On est décontenancé quand on voit des phénomènes comme ça », a-t-il raconté.

« Ça, c’est sur la glace, mais hors glace, c’est ça qui m’impressionne, assurément plus que n’importe quel personnage. On a été touchés par qui dans mon temps ? Félix Leclerc, René Lévesque, le Rocket, monsieur Béliveau et Ti-Guy. Pour moi, ça se résume à peu près à ça. Ce sont des gens qui ont marqué le peuple québécois, qui nous ont touchés. Ce sont des gens qu’on ne peut pas oublier. On veut parler de ces gens-là. C’est pour ça que c’est important de dire aux jeunes comment il était. »

Comment ces gens-là ont-ils été marquants ? « Par leur humilité, leur simplicité, leur présence, leur honnêteté, leur façon de se comporter », a énuméré l’animateur retraité, appuyant chaque syllabe en é. « Ils ont dominé à leur façon. Ils ont été très, très près du peuple. Je pourrais ajouter Vigneault aussi. Tu les rencontres, il y a une aura autour de ces gens. Tu les rencontres, tu shakes, tu le racontes à tout le monde.

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« Je reviens à Guy. Quand on a appris son décès, le lendemain, tout le monde s’est dit : “Hey, on n’a pas une photo avec Guy ? T’en souviens-tu ?” On ouvrait nos tiroirs, on cherchait un autographe, une photo, quelque chose qui nous rappelait Guy. C’était notre ami, ou presque. »

Si on se fie au profil des gens croisés aux abords du Centre Bell, ces souvenirs laissés par Lafleur ont transcendé les générations. Il y avait évidemment davantage de personnes âgées et de membres de la population active, mais les ados et enfants y étaient aussi.

« Aujourd’hui, c’est popa qui dit à ses mousses : “On s’en va voir Guy”, poursuit Ron Fournier. C’est le rassemblement des Québécois. Quand est-ce qu’on se rassemble, à part pour manifester parce que le syndicat nous dit de le faire ? Quand est-ce qu’on le fait ? Et quand est-ce qu’on va le refaire ? C’est qui le prochain ? Je n’en vois pas, moi. »

En bref

La classe des Maple Leafs

Impossible de passer à côté de la grande classe démontrée par Brendan Shanahan et l’organisation des Maple Leafs de Toronto. Shanahan, rappelons-le, est président des Leafs, et son équipe amorce les séries éliminatoires ce lundi. Il a néanmoins fait le détour par Montréal en compagnie de Doug Gilmour, Wendel Clark et Rick Vaive pour un dernier salut à Guy Lafleur. « Les Maple Leafs sont l’organisation rivale du Canadien depuis des années, mais nous avons un immense respect, pas seulement pour le Canadien, mais pour Guy lui-même », a lancé Shanahan en mêlée de presse.

Un programme populaire

Le premier ministre Legault a été interpellé sur le dossier de l’aréna Guy-Lafleur, à Thurso, une infrastructure désuète depuis des années. « On a un gros défi avec les arénas au Québec, a reconnu M. Legault. Isabelle Charest a mis en place un programme pour financer les infrastructures sportives. On a un programme de 200 ou 300 millions et on en a eu pour 1,5 milliard en demandes ! Il y a de l’ouvrage à faire. Évidemment, il y en a aussi à faire avec les écoles et les hôpitaux. Mais il faut s’assurer que l’aréna à Thurso, ce soit en bon état. »

Quel héritage à Montréal ?

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La mairesse de Montréal, Valérie Plante

La mairesse de Montréal, Valérie Plante, faisait également partie des dignitaires sur place. Mme Plante s’est notamment fait relancer sur la façon dont Montréal rendra hommage à Guy Lafleur. « On doit s’assurer que le legs de Guy Lafleur demeure, a-t-elle répondu. À la Ville de Montréal, on souhaite trouver un lieu qui va honorer sa mémoire, pour que dans nos rues, on se souvienne à jamais de son énorme héritage, comme joueur de hockey et pour ses valeurs. »