(Québec) Guy Lafleur a toujours été reconnu pour ses talents de rassembleur. Mardi après-midi, exactement une semaine après de grandioses et émouvantes funérailles nationales à Montréal, il a de nouveau fait l’unanimité, cette fois à Québec, où les 111 députés présents à l’Assemblée nationale ont voté en faveur d’une motion visant à lui rendre un hommage qui s’est conclu par un solennel moment de silence.

La motion a été présentée par Enrico Ciccone, député libéral de Marquette, mais aussi un ex-joueur de la Ligue nationale de hockey, notamment avec le Canadien de Montréal.

Aussi, bien après la retraite de la légendaire vedette du Tricolore, M. Ciccone a participé à plusieurs matchs d’anciens hockeyeurs avec Lafleur.

La date choisie pour tenir cet hommage, le 10 mai, ne peut faire autrement que de rappeler le numéro que Lafleur a porté pendant ses 17 saisons dans la Ligue nationale de hockey avec le Canadien, mais aussi les Rangers de New York et les Nordiques de Québec entre 1971 et 1991.

Aussi, cet hommage coïncide jour pour jour avec le plus fameux but de la carrière de Lafleur, réussi lors du septième match de la série demi-finale contre les Bruins de Boston, le 10 mai 1979.

Par cet hommage, M. Ciccone voulait également rappeler que Guy Lafleur était devenu une idole grâce, aussi, à son implication dans la communauté québécoise.

Photo Robert Skinner, LA PRESSE

Enrico Ciccone (à gauche) et Guy Lafleur (à droite), lors d’un match des anciens du Canadien, le 14 mars 2010.

« C’est un moment solennel que vit l’Assemblée nationale aujourd’hui parce que nous célébrons l’œuvre et la vie d’un des Québécois les plus aimés et les plus admirés de notre histoire », a d’abord déclaré M. Ciccone en présence de l’un des deux fils de Lafleur, Martin, et de son épouse Angelica, qui prenaient place dans l’un des balcons du Salon bleu.

« Il y a trois catégories de grand joueur : il y a d’abord ceux qui influencent positivement les résultats d’une équipe, puis il y a ceux qui marquent l’histoire de leur sport. Enfin, dans une catégorie bien à part et presque inaccessible, il y a ceux qui s’imprègnent dans la culture populaire, dans l’imaginaire collectif et dans le cœur de leur peuple. Guy Lafleur faisait partie de ces êtres d’exception », a-t-il poursuivi.

Dans son allocution, M. Ciccone a rappelé que Lafleur avait fait sa marque au Québec à sa manière, comme l’avaient fait avant lui les deux autres grandes légendes francophones de l’histoire du Canadien.

« Maurice Richard, c’était le Québec qui se soulevait. Jean Béliveau, c’était le Québec qui avait confiance et qu’on respectait. Guy Lafleur, c’était le Québec qu’on admirait et qui gagnait. »

Des représentants de trois autres partis représentés à l’Assemblée nationale ont aussi eu la chance d’exprimer leur respect et leur admiration pour celui que l’on surnommait le Démon blond. À commencer par le premier ministre du Québec et chef de la Coalition avenir Québec, François Legault.

« On l’a vu depuis deux semaines, le cœur des Québécois a été brisé par ce décès. Guy Lafleur, c’était plus qu’un joueur de hockey, c’était une idole, un héros. C’était aussi un artiste. C’était beau de le voir jouer au hockey », a rappelé M. Legault, avant de louer les qualités humaines et de rassembleur de Lafleur.

« Le Québec a été uni comme jamais, peu importe le parti politique, la langue, l’origine. Tout le monde voulait dire merci à Guy Lafleur. Et Guy Lafleur a été acclamé autant à Québec qu’à Montréal et il a réussi, malgré tous ses succès, à rester un homme simple et à avoir une espèce d’histoire d’amour avec les Québécois pendant 50 ans », a aussi souligné M. Legault, tout en qualifiant Lafleur d’immortel, « dans la même catégorie que Maurice Richard, que Jean Béliveau ».

Gabriel Nadeau-Dubois, chef parlementaire de Québec solidaire, a rappelé à quel point il avait été un grand joueur.

« Il y a une statue de Guy Lafleur, ici à Québec, et le titre de cette statue est très évocateur. C’est écrit juste en dessous “Trop fort pour la ligue”. C’était ça, Guy Lafleur. C’était le meilleur joueur de son sport, le meilleur joueur de son équipe. C’était un gagnant à tous les niveaux », a mentionné M. Nadeau-Dubois avant d’ajouter que Lafleur avait été une idole qui avait marqué l’histoire par le lien qu’il avait développé avec le peuple québécois.

Méganne Perry Mélançon, députée péquiste de Gaspé, a noté que Lafleur est l’une de ces personnalités qui ont réussi à transporter les esprits et les émotions comme peu d’autres.

« Il était de celles et de ceux qui nous font oublier le reste. Qui nous gardent captifs du moment, sur le bout de nos sièges, qui rassemblent et soulèvent les foules d’une manière positive, exaltante. »