Guy Lafleur n’a jamais craint d’attirer l’attention, alors que sa candeur et sa franchise l’ont guidé pendant toute sa vie. Ses prédictions se sont souvent avérées, parfois pas, mais ses déclarations n’étaient jamais banales. Retour sur 15 citations colorées.

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Pierre Larouche

Février 1981. Au cœur d’une saison en dents de scie, Lafleur fait une sortie contre les « cliques » qui divisent l’équipe, et prend la défense de son coéquipier Pierre Larouche, trop peu utilisé selon lui :

« Il y a trop de joueurs et il y en a surtout un trop grand nombre qui se prennent pour des coachs. Chacun devrait se contenter de jouer et non pas d’essayer de diriger l’équipe. […] Je suis heureux, mais je le serais plus encore s’il y avait moins de poignards au sein de cette équipe. […] C’est bien certain que les seuls gars heureux présentement sont tous des joueurs défensifs. Ils jouent 40 minutes par partie et ne peuvent demander rien de plus. Mais ce n’est pas avec ça qu’on va aller loin. Il faut absolument faire jouer un Larouche. »

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Guy Lafleur se déplaçant à l’aide de béquilles, en mars 1982

Amateur de chasse, Guy Lafleur est critiqué en novembre 1982 pour être allé chasser le chevreuil et la perdrix alors qu’une blessure le tenait loin de la patinoire :

« Si on avait vraiment voulu que je reste immobilisé, on m’aurait posé un plâtre, non ? »

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Jacques Lemaire, en 1984

Octobre 1984. Le torchon brûle entre Lafleur et son nouvel entraîneur Jacques Lemaire, et ce, même si la saison n’est vieille que de cinq matchs. Insatisfait de son temps de jeu, le numéro 10 se vide le cœur :

« Si je ne fais pas partie de son système, que Lemaire me le dise. À ce moment, je saurai quoi faire. J’irai voir [le DG] Serge Savard et je lui demanderai de m’envoyer dans une équipe où je pourrai finir ma carrière en beauté. De cette façon, je ne serai plus une plaie pour cette équipe. Ce serait peut-être mieux ainsi. […] Est-ce qu’on m’utilise seulement pour faire plaisir au monde ? Par parure ? Comme objet de publicité ? Si c’est la situation, je veux jouer ailleurs, parce que je ne mérite pas ce qui m’arrive. »

En mars 1985, un article de l’agence United Press International évoque le retour au jeu de l’ex-gloire du Canadien. Lafleur n’apprécie pas :

« Guy Lafleur, le hockeyeur, est retiré. [Il] n’a pas le goût de revenir sur sa décision. Qu’on me laisse en paix une fois pour toutes. Est-ce bien compris ? […] Qu’on place une grosse couverture sur Guy Lafleur, le joueur de hockey. Il ne reviendra jamais dans la Ligue nationale. Je suis trop bien dans ma nouvelle vie. »

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Guy Lafleur à l’entraînement, en 1988

Août 1988. Lafleur prépare son retour dans la LNH :

« Si j’entreprends ce retour, c’est parce que je ne veux pas arriver à 40 ou 50 ans et me dire que j’aurais dû essayer de revenir au jeu. »

En février 1990, les Nordiques de Québec sont derniers au classement général de la LNH :

« Ça frise le ridicule. La direction et les entraîneurs sont placés dans une position particulièrement difficile. Il doit se passer quelque chose. […] Pour ce qui est des joueurs, j’espère qu’ils auront assez de cœur au ventre pour essayer de redresser la situation. »

En octobre 1990, à la veille de sa dernière saison, Lafleur se voit offrir le titre de cocapitaine des Nordiques. La proposition ne l’intéresse pas trop :

« Le jour où vous entendrez que je suis capitaine, ça voudra dire que j’ai acheté un bateau ! »

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Guy Lafleur, dans l’uniforme des Nordiques de Québec, le 30 mars 1991, à l’occasion de sa dernière présence au Forum de Montréal

Le 30 mars 1991, il reçoit une ovation ininterrompue de six minutes avant son ultime match au Forum de Montréal :

« C’est long, six minutes, seul au milieu de la patinoire. Je ne savais plus où aller. Si j’avais pu me sauver par un trou dans la glace, je l’aurais fait ! »

En janvier 1994, Lafleur critique la gestion des Nordiques, nommément celle de leur président Marcel Aubut :

« Ils ne signent pas les gars du Québec. Je n’en reviens pas de voir la façon dont ils traitent un gars comme Claude Lapointe, qui à mon sens est celui qui se désâme le plus pour cette équipe. Quand les gars de l’extérieur du Québec voient comment les Nordiques traitent les gars de chez nous, ça devient pas mal inquiétant pour eux. […] À Québec, ce sont toujours les petits Québécois qui doivent ronger leur frein. Ils leur font des promesses, pour ensuite donner aux autres. »

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Guy Carbonneau, lors d’un entraînement en 1994

Mai 1994. Guy Lafleur manifeste sa solidarité avec Guy Carbonneau, plongé dans la controverse après avoir fait un doigt d’honneur à un photographe du Journal de Montréal sur un terrain de golf :

« Guy Carbonneau a encore deux bonnes années à donner. Mais son cas, ça va ressembler au mien et d’autres qui ont suivi. C’est un Canadien français qui se fait fourrer par d’autres Canadiens français. »

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Michel Therrien et l’ancien président du Canadien Pierre Boivin (à gauche), en novembre 2000

En novembre 2000, le Canadien nomme Michel Therrien au poste d’entraîneur-chef en remplacement d’Alain Vigneault. Guy Lafleur aime le côté dur de Therrien, mais le met en garde :

« On ne peut pas comparer l’époque de Scotty Bowman avec celle de Michel Therrien. Bowman écœurait les joueurs de toutes les façons possibles. Aujourd’hui, tu ne peux pas parler trop fort sinon les joueurs vont passer un coup de fil à leur agent et dire : “Moi, je ne joue plus ici.” Nous, dans le temps, il y a seulement à Montréal qu’on voulait jouer. »

Le 24 novembre 2007, le Canadien s’incline 3-0 contre les Sabres. Lafleur n’est pas impressionné par ce qu’il voit. Ironiquement, cette saison-là, le Tricolore bouclera l’une de ses meilleures campagnes en 25 ans.

« Le Canadien n’a pas de premier trio, il compte sur quatre quatrièmes trios ! »

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Scott Gomez, en 2009

En juin 2009, Bob Gainey acquiert les services du centre Scott Gomez des Rangers de New York. Quelques semaines plus tard, Lafleur avoue avoir des réserves. L’histoire lui donnera raison :

« J’ai hâte de le voir jouer. Gomez, tout le monde parle de lui. En même temps, les Rangers de New York l’ont laissé aller ; il doit bien y avoir une raison à ça… J’espère seulement qu’il pourra justifier son gros salaire. »

Au printemps 2014, le Canadien atteint la finale de l’Association de l’Est pour la deuxième fois seulement depuis 1993. En entrevue avec le quotidien La Tribune, Guy Lafleur estime que l’équipe ne devrait pas se satisfaire de cette performance :

« Des gars comme Thomas Vanek et Max Pacioretty, tu ne peux pas garder ça dans ton équipe. Qu’ils restent chez eux s’ils ne sont pas prêts à payer le prix. Ton équipe ne gagnera jamais avec des joueurs comme ça qui s’effacent lorsqu’il y a de l’adversité. »

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P.K. Subban, en 2016

Au début du mois de juin 2016, Guy Lafleur émet des propos durs à l’endroit de P.K. Subban. Il ne se doutait pas que trois semaines plus tard, le défenseur serait échangé :

« J’étais avec Yvan Cournoyer dans le couloir du Centre Bell avant un match, juste avant l’échauffement, P.K. était là, il parlait très fort, il était hyperactif. Je pense qu’il aurait besoin de Ritalin ! »