(Dearborn, Michigan) Le conseil d’administration de la PGA, réuni mardi pour la première fois depuis l’accord de fusion négocié avec le fonds souverain d’Arabie saoudite, a signifié son intention de donner suite à l’entente de principe malgré le tollé qui s’élève dans les clubs de tous les États-Unis et même au Capitole.

Mais il a aussi clairement indiqué qu’on est encore loin d’un contrat.

Comme prévu, le conseil n’a pas voté le texte – une ébauche non contraignante – qui prévoit le regroupement des circuits de la PGA, d’Europe et de LIV Golf (soutenu par l’Arabie saoudite). La nouvelle société serait dirigée au jour le jour par la PGA – pour le moment –, bien que financée par d’abondants capitaux saoudiens. Le conseil se prononcera sur le pacte seulement quand les conditions finales seront négociées, mais les dirigeants de la PGA espéraient au moins que la réunion stabiliserait un peu les activités du circuit, qui s’engage dans une période trouble marquée par des divisions internes et un examen minutieux à l’échelle mondiale.

Ces turbulences pourraient durer des mois, estiment les administrateurs et les dirigeants de la PGA.

La PGA a diffusé un communiqué rédigé en termes prudents et qui n’engage à rien.

Le conseil d’administration a entamé une nouvelle ronde de négociations pour déterminer si le circuit peut parvenir à un accord définitif qui soit dans l’intérêt de nos joueurs, de nos amateurs, de nos commanditaires, de nos partenaires et de notre sport.

Communiqué de la PGA diffusé mardi

La PGA tente de ne pas s’aliéner davantage les joueurs, dont certains sont furieux d’avoir appris l’existence du pacte dans les journaux : « Nous tenons aux garanties de l’accord-cadre qui assurent que la PGA dirigera cette éventuelle entité commerciale et en conservera le contrôle », a indiqué la PGA.

La réunion du conseil d’administration a eu lieu trois semaines après l’annonce surprise de l’accord et un jour après que le circuit ait remis au Sénat une copie de l’entente de principe de cinq pages. Cet accord-cadre, signé le 30 mai au petit matin dans un hôtel de San Francisco, est survenu au terme de sept semaines de négociations secrètes. Mais il est remarquable par le peu d’engagements contraignants qu’il contient et par les nombreux éléments importants qu’il reste à régler.

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Rory McIlroy, qui siège au conseil d’administration de la PGA, a exprimé un certain appui au projet de fusion avec LIV. Mais concrétiser cette entente de principe controversée ne sera pas un coup facile et rien n’est garanti.

Aucune évaluation financière des actifs

Ainsi, la PGA et le fonds saoudien qui contrôle LIV doivent verser leurs activités dans la nouvelle société. Sauf que les négociateurs ont signé tellement vite qu’aucune évaluation des actifs de chacun ne figure dans l’accord. On ne sait pas si cette évaluation a même été faite. L’accord présente une ébauche d’organigramme de la nouvelle entreprise, mais ne chiffre pas la somme que doit y injecter le fonds saoudien.

Parmi les rares clauses contraignantes, notons un accord de non-dénigrement engageant la PGA et les Saoudiens (mais pas les joueurs) et une trêve empêchant chaque circuit de débaucher les golfeurs de l’autre. Aucune pénalité de rupture n’est prévue : si l’accord n’est pas ratifié d’ici un an, les deux circuits reprennent leurs activités comme avant.

Même si un contrat définitif est signé, la fusion pourrait avorter. La section antitrust du département de la Justice étudie l’accord et pourrait tenter de le bloquer. L’accord sera aussi scruté le 11 juillet au Capitole, où une sous-commission sénatoriale a convoqué des audiences.

Membres du conseil mis devant le fait accompli

Cela étant, la réunion de mardi était cruciale pour la PGA et son conseil d’administration composé de 11 membres, dont 5 joueurs et des personnalités des affaires, du droit et de la finance.

Seuls deux membres du conseil d’administration, Edward D. Herlihy et James J. Dunne, ont participé aux négociations qui ont mené à l’accord, et il semble que de nombreux membres en ignoraient l’existence.

La réunion de mardi, dans un hôtel de Dearborn, près de Detroit, a commencé en début d’après-midi et s’est prolongée en soirée. Une personne au fait de la réunion, qui a parlé sous le couvert de l’anonymat, a déclaré que l’accord avec les Saoudiens n’était pas le seul sujet à l’ordre du jour. Du temps a été consacré à des questions techniques du sport, comme les éliminations après 36 trous et l’admissibilité aux tournois.

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Le projet de fusion entre la PGA et LIV, qui inclut aussi les activités du Circuit européen, pourrait tomber à l’eau. Ci-dessus, le golfeur Jean Van de Velde pataugeant dans la rivière Barry Burn à la recherche de sa balle, lors de l’Omnium britannique en 1999.

Mais l’essentiel de la réunion a été consacré à l’entente de principe, les banquiers du circuit expliquant comment ils entendent attribuer une valeur aux divers actifs de la PGA. Le commissaire Jay Monahan n’a pas assisté à la réunion. Le 13 juin, la PGA avait annoncé qu’il se mettait en congé pour se remettre d’une « situation médicale » non précisée.

Aucun membre du conseil n’a fait de déclaration après la réunion, laissant toute la place au communiqué. Un seul joueur siégeant au conseil, Rory McIlroy, avait auparavant exprimé un certain appui à l’accord. D’autres joueurs avaient indiqué vouloir en savoir plus sur l’accord et sur ce qu’il signifierait pour le circuit.

La fin d’une guerre d’usure ?

Mais le conseil d’administration avait été informé ces derniers mois que la PGA n’avait pas les moyens de poursuivre son duel avec LIV. Ce circuit financé à coups de milliards par le fonds saoudien a attiré certaines des plus grandes vedettes du golf avec des contrats garantis et des bourses faramineuses. En revanche, le fonds souverain saoudien était aussi sous pression : il a essuyé des revers devant les tribunaux contre la PGA et LIV a du mal à attirer le public américain, pour des raisons qui s’ajoutent aux origines de son bailleur de fonds.

Toutefois, si l’accord échoue, les deux parties ont déjà gagné quelque chose : la fin d’un litige en Californie, puisque la PGA et LIV ont accepté de se désister d’un procès au civil qui les opposait. Les poursuites ont été réglées sans possibilité de les relancer même si le projet de fusion se désintègre.

C’est toujours ça de pris : car aussi prudente qu’ait été la déclaration de la PGA mardi soir, l’abandon des poursuites a été annoncé dans la toute première phrase.

Cet article a d’abord été publié dans le New York Times.

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