Avec un brin d'imagination, on pourrait presque croire que Plaxico Burress est encore là. On entre dans le vestiaire des Giants, on tourne à droite, et puis au fond, tout juste à la gauche du casier d'Eli Manning, le casier de Burress est là, tout plein de souliers, chandails et casquettes, comme n'importe quel autre casier.

Mais il y a de ces signes qui ne mentent pas. En regardant de plus près, on voit que le tabouret de Burress a été rangé au fond du casier, signe que l'objet n'a pas servi depuis longtemps. On voit aussi que le courrier de monsieur s'accumule. Enfin, on a beau chercher, regarder autour, on ne voit aucune trace de monsieur. Zéro.

«Il fait encore partie de cette équipe, répond timidement l'ailier rapproché Kevin Boss. Je sais que certains gars lui parlent encore. Moi? Non, je ne lui ai pas parlé récemment...»

Les Giants de New York se préparent à disputer leur premier match des séries 2009. Dimanche, ils vont accueillir les Eagles de Philadelphie au Giants Stadium en finale de division. Le gagnant va se retrouver à une victoire du Super Bowl.

Dans un monde idéal, les Giants passeraient la semaine à discuter du défi qui les attend, de la défense de leur titre, de la possibilité d'un deuxième Super Bowl en 12 mois.

Mais ceci n'est pas un monde idéal. Ceci est New York, avec tous les dérapages médiatiques que cela suppose. Hier, dans le vestiaire de l'équipe, les médias mentionnaient souvent le même nom: Plaxico Burress.

Certains n'en peuvent juste plus. Je pense au vétéran receveur Amani Toomer, qui a failli envoyer promener un membre des médias hier, avant de répondre par un laconique «pas de commentaires» suivant une énième question concernant Burress. Plus sympa, son collègue Domenik Hixon s'est contenté de répondre avec des phrases de trois mots, souvent en affichant un petit sourire baveux, comme pour nous inviter à changer de sujet au plus vite.

«Avec ou sans Plaxico, il va falloir aller jouer au football, a lancé Hixon. Ça n'a pas changé... il va falloir aller faire notre travail.»

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Domenik Hixon peut bien prétendre que rien n'a changé. C'est son droit. Mais les Giants sans Burress, ce n'est pas la même chose. C'est une cible de 6'5 dont Eli Manning pourrait s'ennuyer, surtout en approchant de la zone des buts. Burress, c'était 70 attrapés, 1025 verges de gains et 12 touchés lors de la saison magique des Giants il y a un an. Burress, c'était le touché de la victoire face aux Patriots de la Nouvelle-Angleterre lors du Super Bowl.

Mais le mec est aussi un paquet d'embêtements. C'est d'ailleurs pour ça qu'il n'est pas ici. Le receveur de 31 ans, rappelons-le, a été suspendu par l'équipe au terme d'une folle soirée de novembre, la fois où il s'est tiré une balle dans la jambe droite. Il n'a pas joué depuis, et tout indique qu'il ne jouera plus jamais pour les Giants. En fait, il sera chanceux s'il joue à nouveau dans cette ligue, mais ça, c'est une autre histoire.

Si les joueurs en bleu ont besoin d'un peu de motivation, ils vont en trouver en fixant le casier de Burress. Sans leur meilleur receveur, les Giants, soudainement, ne sont plus les favoris des experts. Certains croient même que les Eagles vont débarquer ici et causer la surprise, dimanche après-midi...

«Mais notre attaque, c'est beaucoup plus qu'une seule personne, a tenu à rappeler le demi Derrick Ward. Pour qu'une attaque fonctionne, ça prend 11 gars.»

Ça, c'est le concept martelé par l'entraîneur de cette équipe, l'irascible Tom Coughlin. Pour le vieux coach, personne n'est plus important que son équipe.

Et ça inclut Plaxico Burress...

«C'est notre coach qui insiste là-dessus, et il faut le souligner, a ajouté Kevin Boss. Il nous rappelle toujours que c'est l'équipe qui doit passer en premier. Plaxico, c'est sûr qu'il va nous manquer. Mais on sait aussi que d'autres receveurs vont se manifester, qu'ils vont réussir les jeux que Plaxico avait l'habitude de réussir. Je continue à me préparer de la même façon même s'il n'est pas ici. On sait aussi que tous les gars de cette équipe vont devoir en faire un peu plus.»

En somme, pour les Giants, c'est le bon vieux tous pour un et un pour tous. Nous contre le reste du monde. Et pourquoi pas? L'approche a fort bien servi cette équipe il y a un an. Rien qu'à voir les regards intenses dans ce vestiaire, j'ai l'impression que ça pourrait fonctionner une autre fois.