Depuis le début de la saison 2014, il existe un écart flagrant de succès entre les deux divisions de la Ligue canadienne de football. L'Ouest domine outrageusement alors que les cinq équipes qui la composent totalisent 16 victoires contre seulement quatre pour les quatre formations de l'Est. Un différentiel énorme alors qu'aucun avantage n'est attribué à une division plutôt qu'à une autre.

Un plafond salarial identique est imposé à toutes les équipes. Chacune d'elles pige dans le même bassin de joueurs pour recruter et repêcher. Elles ont toutes les mêmes chances d'embaucher qui elles désirent comme entraîneurs et elles disputent sensiblement le même nombre de matchs contre chaque équipe de la ligue.

Alors pourquoi une si grande disparité? Aucun facteur géographique n'explique ce phénomène, mais une observation plus attentive des équipes de l'Est nous permet de constater pourquoi elles connaissent un début de saison pénible.

À Ottawa (1-3), la logique s'impose alors que le Rouge et Noir dispute sa première saison dans la LCF. Comme dans n'importe quelle équipe d'expansion, il existe une courbe d'apprentissage et une période de développement inévitables. Avec passablement de talent pour une équipe de première année, le Rouge et Noir a été dans le coup à presque chacune de ses sorties, mais le manque de finition et de chimie est apparent.

Chez les Argonauts de Toronto (1-4), la perte des coordonnateurs Chris Jones et Mike O'Shea a fait mal. Mais ce sont les nombreuses blessures en attaque qui expliquent vraiment leurs déboires. L'absence des trois meilleurs receveurs de l'équipe (Chad Owens, Andre Durie et Jason Barnes) affecte grandement l'unité offensive, qui ne compte qu'un seul touché au cours des trois dernières rencontres. Également, il faut souligner l'indiscipline des Argonauts et leur propension à commettre des revirements, deux catégories dans lesquelles les hommes de Scott Milanovich sont bons premiers dans la ligue.

À Hamilton (1-3), la guigne de 2013 semble se poursuivre en 2014. Les Tiger-Cats ont utilisé un nombre record de joueurs (88) la saison dernière et comptent actuellement 20 joueurs sur la liste des blessés. Avec autant de changements, la chimie tarde à s'installer et peu importe qui est en poste, le quart-arrière doit esquiver la pression adverse à chaque séquence offensive. Grâce à sa performance de la semaine dernière, Dan LeFevour semble être l'homme de la situation comme pivot numéro un. Malgré tout, le jeu de chaises musicales au poste de quart depuis le début de la saison n'est nettement pas ce qu'on souhaite pour mettre au point du synchronisme en attaque.

À Montréal (1-3), les changements au groupe d'entraîneurs ont provoqué beaucoup d'instabilité en début de campagne. Le coordonnateur offensif Rick Worman a été congédié au camp d'entraînement, et Ryan Dinwiddie éprouve des difficultés à faire produire l'unité offensive. Le temps de possession est légèrement inférieur à 22 minutes par rencontre et l'attaque n'a inscrit que cinq touchés depuis le début du calendrier. Troy Smith n'aide pas la cause alors que sa maîtrise du cahier de jeux est déficiente, son exécution n'est pas encore à point et son adaptation à la LCF tarde. Il n'est pas impossible qu'il se redresse, mais il devra faire vite puisque l'état-major des Alouettes a déjà annoncé des changements potentiels.

Il faudra trouver des solutions pour épauler Dinwiddie. Peut-être lui faudrait-il un conseiller externe pour le guider dans ses débuts comme entraîneur? Il doit apprendre à mieux communiquer ses connaissances nombreuses et à éviter de se mettre les joueurs à dos par ses déclarations mal avisées dans les médias.

Quant à Troy Smith, il doit y mettre du temps, beaucoup de temps. Il doit s'assurer qu'il comprend chaque subtilité du cahier de jeux et les lectures qu'il doit réaliser sur chaque séquence du plan de match. Et comme l'ensemble des partisans des Alouettes, j'aimerais bien le voir utiliser ses jambes plus souvent afin de garder les défenses adverses sur un pied d'alerte.

Dans tous les sports

C'est un début d'année difficile pour les équipes de la division Est. Mais la saison est longue dans la LCF et rien n'est impossible. Je ne crois pas que nous assisterons à un revirement des forces, mais je suis convaincu que les formations de l'Est retrouveront leur aplomb au cours des prochaines semaines afin de nous offrir une seconde moitié de saison fort excitante.

Il est très intéressant de noter que ce n'est pas seulement dans la LCF qu'on remarque une domination des équipes de l'Ouest. À l'heure actuelle, les différentes ligues professionnelles nord-américaines semblent dominées par des formations situées à la gauche du continent ou évoluant pour les divisions de l'Ouest.

Dans le baseball majeur, les deux seules équipes avec plus de 60 victoires sont les A's d'Oakland et les Angels de Los Angeles. Les Spurs de San Antonio, représentant de la conférence de l'Ouest, ont remporté le plus récent championnat de la NBA.

Au hockey, la majorité des experts s'entendent pour dire que la vraie finale a eu lieu entre les Kings de Los Angeles et les Blackhawks de Chicago en finale de l'Association de l'Ouest. Dans la NFL, les Seahawks de Seattle se sont imposés comme champions du plus récent trophée Vince-Lombardi et leur plus grande opposition est venue des 49ers de San Francisco. Même la MLS n'y échappe pas alors que les Sounders de Seattle sont la meilleure équipe du circuit.

Est-ce qu'il y a quelque chose de spécial dans l'eau de l'Ouest? Est-ce le «West Coast vibe»? Ou est-ce simplement le hasard qui fait ainsi les choses? Difficile de trouver une réponse, mais la brise du Pacifique semble profiter aux équipes professionnelles de l'Ouest par les temps qui courent!